Par

Fabien Binacchi

Publié le

2 sept. 2025 à 10h06

C’est un serpent de mer, des travaux qui étaient très attendus depuis près de 15 ans. Le chantier de « mise en sécurité des dépôts massifs de scories » dans les calanques démarre. Pendant deux ans, ces amas de résidus polluants des activités industrielles qui ont marqué ce bout de littoral de Marseille vont être traités, assure la préfecture des Bouches-du-Rhône. Une question de « santé publique » reconnaissent les autorités.

On vous explique.

Extraction de chaux et production de plomb

En 2005, l’institut de veille sanitaire avait lancé l’alerte : sur la très fréquentée plage de Saména, des études confirmaient les trop fortes concentrations en plomb et en arsenic.

Des métaux lourds vestiges de l’exploitation, pendant près de deux siècles, des diverses activités industrielles installées le long de ces calanques, du Mont Rose à Callelongue, où le tourisme et la baignade ont progressivement fait oublier ce passé aux lourdes conséquences environnementales.

L’extraction de chaux et de ciment, qui cohabitait avec la fabrication de charbon de bois, avait laissé la place à des usines chimiques pour la production de soude, de plomb et de soufre. Tout un programme sur ces espaces naturels que le Parc national des calanques, dont la création a été officialisée en 2012, a depuis sanctuarisé.

« Supprimer le risque d’exposition »

Treize ans plus tard, les amas de scories métalliques, témoins (gênants) de l’histoire, vont être enfin traités. Un chantier à 14 millions d’euros a officiellement démarré le lundi 1ᵉʳ septembre, annonce la préfecture des Bouches-du-Rhône. « Des travaux indispensables en termes de santé publique », rappellent les autorités.

« L’objectif sanitaire est prioritaire : ces travaux visent à supprimer le risque d’exposition des personnes aux polluants contenus dans les dépôts de scories présents. »

Préfecture des Bouches-du-Rhône

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Sur un total de 77 dépôts, 20, « identifiés comme prioritaires au regard de leur potentiel de contamination du milieu et des personnes », vont être traités, précisent les services de l’État. Les 7 premiers (Saména, Port de l’Escalette, Carneau du mauvais Pas et Calanque des Trous) le seront d’ici à mars 2026. Et les 13 autres entre septembre 2026 et mars 2027.

La préfecture indique que deux modes de « mise en sécurité » de ces amas ont été arrêtés :

  • L’élimination complète des scories,
  • Un confinement des résidus au moyen d’ouvrages pérennes, conçus pour résister à l’érosion par les eaux de ruissellement, la mer et le vent.

Une grande satisfaction… et des inquiétudes

Très attendus par les habitants de Calanques, ces travaux seront aussi étroitement surveillés. Le CIQ des Goudes assure « rester pleinement mobilisé et attentif au suivi du chantier et à ses risques ». Il en existerait notamment un autour du « stockage temporaire, estimé à 2-3 semaines, de scories de Saména sur le site Napoléon avant leur ré-enfouissement », pointe le comité d’intérêt de quartier sur Facebook.

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De son côté, la préfecture rassure :

« Ce chantier sera très encadré en matière sanitaire avec des dispositifs et protocoles de maîtrise des émissions et dégagement de poussières et une surveillance régulière de la qualité de l’air et du milieu marin grâce à différents capteurs répartis sur l’ensemble du secteur et au plus près des zones de travaux et des zones d’habitation. »

En attendant, elle invite les visiteurs à privilégier les transports collectifs pour se rendre dans la zone concernée par les travaux qui sera, en plus du trafic habituel, occupée par des camions de chantier. « Les lignes de bus 19 et 20 sont renforcées », assure-t-elle.

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