RÉGIONAL. Aménagée dans une remorque fermée transformée en mini-boutique chaleureuse, la Librairie Bohème roule déjà ses premiers kilomètres. Porté par l’autrice indépendante Marie-Michelle Savard, le projet veut amener les livres là où se trouvent les lecteurs : marchés publics, festivals, campings, écoles rurales et parcs.
“Ce n’est pas qu’une remorque, c’est toute une communauté littéraire qu’on met en mouvement. À travers les routes et les rencontres, on veut faire découvrir les plumes d’ici et reconnecter les lecteurs au pouvoir des mots”, dit la fondatrice.
Inspirés par des concepts vus en Europe, Marie-Michelle Savard et son conjoint ont acheté une remorque fermée qu’ils ont habillée de plancher, lambris et papier peint. Les livres sont présentés dans des valises anciennes pratique pour les protéger en transport et l’équipe dresse sur place un espace détente: petit chapiteau, quatre hamacs autoportants, et même des livres à feuilleter pour donner envie de lire.
La librairie circule en consigne: pas d’achats massifs d’inventaire, les auteurs déposent leurs titres et touchent une part à la vente. Le catalogue compte déjà une cinquantaine de titres d’environ 26 auteurs: romans (plusieurs sous-genres de romance), poésie, essais légers, albums jeunesse, cahiers à colorier d’artistes locaux.
“On accueille deux personnes à la fois dans la remorque; on jase goûts de lecture et je les oriente vers le bon livre”, résume la Shawiniganaise.
(Photo courtoisie)
Des arrêts qui s’enchaînent
Parti en juin comme projet pilote, le concept a été testé début juillet dans un camping, puis lors d’une installation au Musée de la biodiversité à Bécancour. Bilan: curiosité, achats spontanés et rencontres. “Les gens entrent, discutent, repartent avec un titre. En quelques heures, on a vendu une douzaine de livres lors d’un test”, dit Mme Savard.
À sa connaissance, le format est unique au Québec. Elle cite la Caravane littéraire de Guillaume Morissette, au fonctionnement différent (commandes récupérées sur un trajet précis). Ici, pas de prévente: c’est la rencontre directe autour des livres.
Un mouvement à financer
La grosse dépense? La remorque. Pour boucler le montage, l’équipe a lancé une campagne de sociofinancement sur La Ruche, ouverte jusqu’au 16 septembre. Contreparties proposées: livres mystères d’auteurs québécois, sacs artisanaux, forfaits de commandite et autres surprises à l’image de l’esthétique bohème du projet.
“En participant, vous ne financez pas seulement une remorque vous contribuez à un mouvement culturel et à la mise en lumière de talents locaux”, plaide la fondatrice.
Et la suite ?
Après un été d’essais, l’objectif est de bâtir un calendrier à l’échelle du Québec en misant sur des partenariats d’étape et des rencontres d’auteurs hors du circuit des salons.
“Mon rêve ultime, c’est que je m’achète un Westfalia ou quelque chose du genre. On installe la remorque après le Westfalia. On se promène facilement et on s’arrête de place en place. J’aimerais que ce soit facile et fluide et qu’on aille vraiment à la rencontre d’un maximum de personnes”, conclut l’auteure.