C’est une première, basée sur la nouvelle loi contre le narcotrafic. Le préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux, vient de prononcer 17 arrêtés d’interdiction de paraître visant des individus liés aux trafics de drogue à Nice, Cannes et Grasse. Il promet d’appliquer prochainement plusieurs mesures choc.
Jusqu’ici, la lutte contre les dealers et leurs complices dépendait essentiellement des procédures judiciaires, souvent longues et complexes. Désormais, grâce à la loi portée en son temps par Gérald Darmanin, le préfet peut agir de manière administrative, sans attendre une condamnation. Les vendeurs, guetteurs, rabatteurs ou approvisionneurs identifiés seront interdits d’accès aux lieux où ils « opèrent » : halls d’immeubles, portions de rue, parties communes…
En cas de non-respect, la sanction est claire : jusqu’à six mois d’emprisonnement et 3750 euros d’amende. Reste à voir avec quels moyens, les syndicats policiers estimant de longue date leurs effectifs insuffisants face à la pieuvre du narcoterrorisme.
Un signal fort envoyé aux trafiquants ?
Ces 17 interdictions de paraître constituent une réponse concrète à la pression des habitants, exaspérés par la mainmise des trafiquants sur leur quotidien. À Nice, Cannes et Grasse, ces points de deal gangrènent la vie des quartiers, alimentant insécurité, violence et sentiment d’abandon. L’État reprend la main et montrerait ainsi qu’aucun territoire n’échappe à la loi. Une vérité relative dans certains secteurs, où même la police doit parfois rebrousser chemin.
Le préfet a d’ailleurs prévenu : d’autres arrêtés sont déjà en cours de préparation. La méthode est claire : frapper vite, frapper fort, et multiplier les mesures pour dissuader les trafiquants de revenir.
Mesures ciblées
Outre les interdictions de paraître, d’autres outils de police administrative vont être « déployés prochainement dans le département ».
Des expulsions locatives pour les familles hébergeant des trafiquants (que le bailleur Côte d’Azur Habitat applique déjà depuis 2021) ; des fermetures administratives de commerces « servant de couverture », ainsi que le déréférencement en ligne pour couper les canaux numériques de distribution. Même si le marché se développe surtout sur le réseau social Snapchat ou via des boucles Whatsapp et Telegram, bien souvent hors de portée.