Après l’expulsion du bidonville de Jasse de Maurin, jeudi 28 août, le préfet et le maire ont expliqué leur action lors d’une conférence de presse organisée sur le site.

Situé sur un terrain de la Métropole, au sud de l’avenue de Maurin, un bidonville occupé depuis 2022 avait été expulsé jeudi dernier par des CRS. Cinq jours plus tard, le préfet de l’Hérault, François-Xavier Lauch, et le maire et président de la Métropole, Michaël Delafosse, étaient sur le site, en pleine opération nettoyage, pour expliquer leur action.

« Il y a quelques mois, la municipalité, l’État et la Fondation pour le logement ont signé une convention afin de travailler sur la suppression de ces bidonvilles, à un horizon de dix ans, a rappelé le préfet. Et ces engagements, on les tient ».

« Ici, il y avait 91 personnes, dont 36 enfants, qui vivaient dans des conditions d’insalubrité terribles. Nous avons pu proposer une solution de logement transitoire à toutes ces personnes (recensées il y a six mois). Nous reprenons la méthode qui a été utilisée pour les 165 personnes du bidonville de Celleneuve et du village de transition de La Rauze ».

« Un travail social réalisé sur dix ans »

Dans le détail, 10 ménages (27 personnes) seront logés dans l’ancienne auberge de jeunesse, rue des Écoles laïques. 42 personnes seront relogées par l’État et 3 par le Département. 14 ont trouvé d’autres solutions.

D’autres personnes, arrivées sur le bidonville ces six derniers mois, et qui s’y trouvaient lors de l’évacuation, n’ont pas pu en bénéficier. « Les personnes qui étaient ici ont été informées qu’une expulsion serait réalisée à la fin du mois d’août, souligne le préfet. Certaines sont arrivées en sachant sciemment cela. Le message, c’est qu’on ne vient pas à Montpellier pour s’installer dans un bidonville. »

« L’État finance le travail social qui est fait sur ces dix ans. Pour cette nouvelle démarche, on a choisi de traiter ce site en premier parce qu’il est en zone inondable. Car en plus du risque social, il y avait un risque en cas d’inondation, et donc c’était le premier qu’on voulait traiter dans le cadre de cette nouvelle démarche. »

« Les enfants qui vivaient ici ont fait leur rentrée »

« Les enfants qui étaient ici en danger ont pu faire leur rentrée scolaire grâce à notre action, rappelle Michaël Delafosse. On a assuré le droit à l’éducation que la République doit à chacun d’eux. Il y a aussi une question de sécurité. Les gens qui vivent dans ce type d’endroit sont en situation de vulnérabilité et donc à la merci de réseaux. Et en plus du risque inondation, je rappelle qu’il y avait eu un incendie à proximité du site ».

« Dans le cadre du village de transition de la Rauze, on a eu de très grandes difficultés à conclure l’opération par déficit de logements sociaux, rappelle le préfet. À tel point que j’ai réuni au cours de l’été tous les bailleurs sociaux à l’échelle métropolitaine en les obligeant à réserver un peu plus de dix logements pour les personnes qui sortent des bidonvilles ».

« En contrepartie, ces personnes s’engagent à respecter le logement, à trouver un travail et à entrer dans les conditions d’un logement social. Cela a fonctionné à la Rauze. Mais si on ne saisit pas la main tendue, il y a la dureté des dispositifs de l’État, des expulsions, de la judiciarisation des cas, si nécessaire. »

« Il reste 441 personnes dans 12 bidonvilles »

« Les habitants des bidonvilles ne sont pas toujours bien acceptés, a rappelé le maire. Au village de transition de la Rauze, il y avait des banderoles de haine attisées par la Ligue du Midi. Notre démarche, c’est d’accompagner au mieux et de ne pas être toujours au même endroit pour éviter stigmatisation ».

Et de rappeler « qu’en 2019, 340 mineurs non-accompagnés dormaient dans des hôtels, dans l’indifférence générale. Avec le président (du Département) Mesquida, que je remercie, nous avons fait un lieu éducatif. À ce moment-là aussi, on a été très contesté. Mais au final, tout se passe très bien. Si tout le monde avait une approche partenariale comme à Montpellier, beaucoup de choses iraient mieux ».

« Il reste 441 personnes dans 12 bidonvilles à Montpellier, ajoute le préfet. C’est beaucoup trop. Mais il y a deux ans, c’était 600 personnes. Nous procédons par étapes. Le prochain bidonville évacué sera choisi en fonction du risque qu’il représente. Et je veux conclure en rappelant qu’on n’acceptera plus de nouveaux bidonvilles. »