Par

Lisa Rodrigues

Publié le

2 sept. 2025 à 14h05

Le dernier point de situation de l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes fait état de 15 cas confirmés de chikungunya à Eybens, près de Grenoble, sans compter deux autres en cours d’analyse. Des cas autochtones, c’est-à-dire que les patients ont contracté la maladie sans s’être rendus dans une zone à risque les 15 jours précédents l’apparition des symptômes. 
Une situation inédite pour la mairie. « C’est la première fois que nous avons des cas autochtones de chikungunya, mais c’est aussi la première année qu’il y a autant de cas autochtones en France », souligne Nicolas Richard, maire d’Eybens. 

Démoustications : « C’est l’ARS qui pilote »

Forcément, la situation entraîne de nombreux questionnements de la part des habitants, beaucoup voulant savoir si leur quartier est concerné par les démoustications. « C’est l’ARS qui pilote les opérations et décide des périmètres », rappelle le maire.

La principale mission des élus est donc de relayer les informations transmises par l’ARS et de prévenir les habitants concernés. La prochaine opération de démoustication est ainsi prévue dans la nuit du mardi 2 septembre au mercredi 3 septembre, au niveau du parc de la mairie, du cimetière, dans certaines rues du quartier des Ruires et dans une zone entre le stade, la rocade, la rue Pierre-Mendès-France et l’avenue Jean-Jaurès.

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Le produit tue uniquement les moustiques tigres adultes. Les larves et œufs sont donc épargnés, ce qui explique pourquoi plusieurs opérations sont organisées sur un même secteur, comme cela a été le cas à Claix en juillet.

Risque très limité d’une propagation à toute la ville

Il n’empêche, l’inquiétude reste présente chez une partie des habitants d’Eybens, certains réclamant une démoustication sur l’ensemble de la commune. Une solution qui n’est pas à l’ordre du jour.

L’ARS dit qu’on ne peut pas, car ça ne tue pas les larves. S’il est utilisé trop fréquemment aux mêmes endroits, il va y avoir une résistance du moustique au produit, qui ne devient plus efficace. Et cela reste un produit toxique pour l’environnement.

Nicolas Richard
Maire d’Eybens

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En plus de ces mesures, la mairie réitère ses appels à la prévention contre le moustique tigre. « On fait depuis 10 ans la communication à ce sujet : il faut être vigilant aux points d’eau stagnante ! C’est là que se reproduit le moustique et en ville, il y en a beaucoup », martèle le maire.

Et de rappeler que le moustique tigre ne se déplace que dans un rayon de 150 mètres environ autour de sa zone de vie. « C’est un peu notre chance : le chikungunya ne peut pas se propager d’un bout à l’autre de la commune instantanément ! »

« Ce n’est pas non plus le paludisme »

Dans le pire des cas, les moustiques tigres adultes vont disparaître avec l’arrivée de l’hiver. « Mais j’espère qu’on aura réglé le problème avant », souffle Nicolas Richard. Pour autant, il ne cède pas à la panique.

Je fais confiance à l’ARS. C’est inquiétant, le chikungunya reste une maladie tropicale qu’il faut surveiller, mais ce n’est pas non plus le paludisme : c’est rarement grave !

Nicolas Richard
Maire d’Eybens

Le maire regarde aussi avec attention les différentes expérimentations menées un peu partout en France, comme récemment à Montpellier avec des lâchers de moustiques tigres mâles stériles (seules les femelles piquent). Les premiers résultats sont plutôt encourageants.

« J’ai pris contact avec l’EID (Entente interdépartementale de démoustication) et le Département à ce sujet, poursuit Nicolas Richard. C’est une expérimentation prometteuse qui nécessiterait de se coordonner avec d’autres collectivités. Si cela se fait, Eybens ferait bien évidemment partie de l’opération. »

Vers d’autres foyers en Isère les étés suivants ?

L’origine du foyer d’Eybens n’est pas encore connue, mais le phénomène pourrait se reproduire les étés suivants sur la commune ou ailleurs en Isère : selon les données du ministère de la Santé, plus de 40% des communes iséroises sont aujourd’hui colonisées par le moustique tigre. Seuls quelques départements du Nord et en Bretagne sont aujourd’hui épargnés par l’insecte.

Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, depuis le 1er mai 2025, 156 cas de chikungunya importés ont été enregistrés, dont 36 dans le département de l’Isère, d’après l’ARS.

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