Publié le
2 sept. 2025 à 15h11
« La politique n’a pas sa place au stade de Villaudric ». C’est le nom d’une pétition lancée pour s’opposer à un meeting du Rassemblement national, prévu ce dimanche 7 septembre 2025 dans le complexe sportif de cette commune de 1 600 âmes, située au nord de Toulouse. Et qui interpelle ouvertement le maire (sans étiquette) de la commune. L’eurodéputé (RN) Julien Leonardelli y voit des « tentatives d’entraver la liberté d’expression ». Ce qu’il se passe.
La rentrée politique de l’eurodéputé Julien Leonardelli
Lancée samedi sur change.org, cette pétition — qui comptabilisait 166 signatures ce mardi, à la mi-journée — est à l’initiative du Club Inter Jeunes Villaudricain (CIJV), le club de football local, qui déplore avoir « été informé que le stade du village était réservé pour le dimanche 7 septembre 2025 », avant d’apprendre « de manière fortuite qu’il s’agissait en réalité d’un meeting politique organisé par Julien Leonardelli », l’eurodéputé RN, très implanté dans le Nord Toulousain, puisqu’il fut conseiller municipal à Bouloc, mais aussi candidat aux Législatives dans la 5ᵉ circonscription. L’intéressé prévoit en effet d’organiser sa rentrée politique sur place, ce dimanche à 18 heures.
Un prêt « à des fins politiques » qui ne passe pas
« Le CIJV tient à se désolidariser du choix de la mairie de Villaudric, sous la responsabilité de son maire Philippe Provendier, de prêter le stade municipal et ses locaux à des fins politiques », écrit encore le club.
Notre club est composé de bénévoles, de jeunes, de parents et de passionnés qui, tout au long de l’année, s’engagent pour que le football soit un lieu de respect, de convivialité et d’inclusion, ouvert à toutes et à tous, quelles que soient leurs origines ou leurs convictions.
Le Club Inter Jeunes Villaudricain
« Nous refusons que les infrastructures que nous utilisons quotidiennement pour pratiquer le sport soient associées à un parti politique, quel qu’il soit », ajoute la pétition, qui estime que « le sport doit rester un espace de neutralité, de partage, de respect et de fraternité ».
« Je n’avais pas le droit de refuser », réagit le maire
« Je n’avais pas le droit de refuser », rétorque Philippe Provendier, interrogé par Actu Toulouse. « J’ai reçu M. Leonardelli, qui habite le village et qui est eurodéputé. Il m’a demandé de tenir une réunion avec une cinquantaine de personnes sur un espace de détente qui jouxte le stade. J’ai consulté la législation en la matière, ainsi que mon conseil juridique, qui m’a indiqué que je devais l’accepter ».
Si j’avais refusé, c’était un motif de référé et M. Leonardelli pouvait contester la décision. Et en référé, j’aurais été obligé de lui octroyer l’espace public. D’autres maires ont été condamnés pour les mêmes raisons.
Philippe Provendier
Maire (sans étiquette) de Villaudric
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« Aucune convergence politique », dit Philippe Provendier
« Nous n’avons aucune convergence politique » avec le délégué départemental du RN, poursuit le maire de Villaudric. « Quand j’ai reçu M. Leonardelli, je lui ai dit que je ne partageais pas ses idées, ni les orientations de son parti ».
Mais cela fait partie du droit, et je devais mettre à disposition l’espace public pour cet élu de la République, au même titre que pour tous les autres partis, collectifs ou particuliers qui me le demandent régulièrement.
Philippe Provendier
Et l’élu de rappeler : « Je ne suis pas propriétaire de l’espace public, je n’en suis que le gardien ».
Des « tentatives d’entraver la liberté d’expression », pour Julien Leonardelli
De son côté, Julien Leonardelli déplore des « tentatives d’entraver la liberté d’expression ».
Certains voudraient nous faire croire que la politique n’aurait pas sa place sur l’espace public, ce qui est une vision profondément réductrice et tout à fait contraire à tous nos principes républicains.
Julien Leonardelli
Député européen (RN)
« La liberté d’expression et la liberté de réunion sont des droits fondamentaux dans notre pays », claironne le parlementaire : « Vouloir restreindre ces droits par sectarisme ou par idéologie reviendrait à instaurer une démocratie à deux vitesses, où seuls certains auraient le droit de se rassembler légalement et en sécurité ».
« Ils veulent transformer le stade en champ de bataille » dit l’eurodéputé
« Je pense au contraire que la politique a toute sa place dans l’espace public », insiste Julien Leonardelli, qui claironne : « En réalité, ce sont les signataires de cette pétition qui veulent transformer le Stade municipal de Villaudric en un véritable champ de bataille idéologique ».
« Je remercie le maire de Villaudric pour sa fermeté face aux pressions exercées sur sa personne », avance-t-il. « Sa décision honore sa fonction d’élu et devrait inspirer bien d’autres maires en France ».
Je tiens à saluer l’attitude responsable et courageuse du maire de Villaudric, Monsieur Philippe Provendier, qui malgré nos divergences politiques, a choisi de laisser vivre la démocratie dans sa commune.
Julien Leonardelli
« Merci, ça me fait de la pub », ironise l’eurodéputé
Concrètement, l’eurodéputé RN et les autres participants à cette réunion ne vont « pas s’installer sur la pelouse du stade » de football, mais sur « un espace enherbé juste à côté, qui est ouvert à tout le monde, avec des tables et des bancs », détaille l’élu.
« Je partais sur un événement assez minimaliste, mais grâce à cela, j’aurais sans doute beaucoup plus de monde, au moins une centaine de personnes », ironise Julien Leonardelli.
L’avantage, c’est que ça me fait de la pub. Merci à ceux qui alimentent cette polémique !
Julien Leonardelli
« Certains sont prêts à tout pour faire feu de tout bois », embraye Julien Leonardelli, « ça sent les élections municipales ».
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