Croyez-vous à l’incroyable ? Eux, oui, surtout depuis ce mardi 2 septembre 2025, sombre journée qui a vu passer, à 8 h 30, la colère de Dame nature au-dessus de leur tête. Les habitants du lieu-dit Kerchevet, petit village situé dans la commune de Guéhénno, entre Locminé et Josselin (56), ont en effet vécu ce qu’ils pensaient alors inimaginable sur leurs terres : le passage d’une tornade. « Comme celles que l’on voit dans les films américains ! », tonne Jean, un habitant des environs, qui a les yeux encore troublés par ce phénomène météorologique aussi rare qu’imprévisible et qui emporta tout, ou presque, sur son passage.
« Entièrement détruit »
Sous le ciel délavé mais à nouveau calme de Kerchevet, l’heure était d’ailleurs aux sombres constatations, en fin de matinée, devant ce paysage de désolation où se mêlent des débris ad libitum.
Une fenêtre de toit tombée à terre. (Le Télégramme/Pierre Bernard)
Ici, un poteau électrique en ciment couché à terre, plié en deux comme un vulgaire crayon à papier. Là, des centaines de morceaux de plaques ondulées en fibres ciment, soulevés par les vents comme la maison en paille des trois petits cochons après le souffle du méchant loup. Juste à côté, une fenêtre, renversée à terre. Et puis il y a aussi ces haies arbustives maculées de jaune : des lambeaux de laine de verre que l’on trouve habituellement dans les combles des maisons ! Un peu plus loin, un champ de maïs entièrement couché. « Entièrement détruit, donc », souffle Charles. « Il ne sera même pas bon à donner pour les animaux, il est plein de trucs divers et variés dedans… ».
« Mon fils était en pleurs »
Lui, n’a pas vu la tornade. Cariste à quelques kilomètres de là, Charles était au boulot, à 8 h 30. Mais son fils, lui, était à la maison. Et dormait. Avant d’être réveillé d’un coup d’un seul sous le fracas d’un vent redoutable. « Il m’a appelé et était en pleurs. Il me disait : « oh putain, il y a tout qui est parti, le toit, la fenêtre… Mon lit est passé de l’autre côté de la chambre ! » On a d’ailleurs retrouvé un chevron passé à travers le lit », raconte le père de famille à la mine contrariée où l’on remarque qu’une larme peine à tomber.
Le petit village de Kerchevet, situé dans la commune de Guéhénno, a subi de gros dégâts mardi matin, après le passage d’une tornade. (Le Télégramme / Pierre Bernard)
« Oui, c’est émouvant tout ça… Moi, quand je suis ensuite arrivé, j’ai vu, tout ce bazar, ça fait drôle. C’est vraiment la cata ». Légèrement blessé au dos, son fils, qui dormait dans la chambre éventrée, est parti à l’hôpital. Comme beaucoup d’autres, le papa espère maintenant que « l’état de catastrophe naturelle sera déclaré ». Car il ne faut pas être grand clerc ni expert en assurance pour savoir que les factures seront colossales, après ce jour sombre comme l’automne dans lequel on s’enfonce inexorablement. Une journée qui a vu une tornade tout chambouler en « cinq minutes à peine », chiffre Jean, encore stupéfait de tout ce boucan. Maintenant, à Kerchevet comme dans les autres villages touchés, il n’y a plus que le silence à écouter.