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À Toulouse, un tract accusant LFI de vouloir désarmer la police municipale ravive le clivage partisan. S’agissant de sécurité, qu’est ce qui différencie le candidat François Piquemal (LFI) du sortant Jean-Luc Moudenc (DVD) ?

La distribution du dernier tract municipal dans les boîtes aux lettres de Toulouse a suscité des réactions indignées. Et pourtant, ce document à l’entête explicite, « Protégeons notre police municipale », relance à Toulouse un débat central sur l’armement et le rôle de la police municipale. Le tract, présenté sous forme de montage photo, associe Mathilde Panot, François Piquemal et Jean-Luc Mélenchon, sous-titré d’un bandeau de BFMTV : « LFI veut désarmer la police municipale ». Il fait également mention d’une pétition à signer pour « protéger notre police municipale, pour leur armement 24h/24, la vidéoprotection et des pouvoirs renforcés ».

Une résistance « dogmatique » de LFI

« Sur les positions en matière de sécurité, il y a clairement une ligne de partage entre nous et François Piquemal (LFI) », souligne Pierre Esplugas Labatut, porte-parole de Jean-Luc Moudenc. « Chaque fois que nous formons le vœu de voir renforcés les pouvoirs de la police municipale en conseil municipal, la France Insoumise s’y oppose, nous dénonçons donc ce choix irresponsable », poursuit l’élu, en rappelant les déclarations de Mathilde Panot, présidente du groupe LFI-NFP à l’Assemblée, qui prônait le désarmement des polices municipales.

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LFI défend une police municipale centrée sur la prévention et la médiation, en opposition à une majorité municipale qui plaide pour un renforcement répressif. « On voit qu’ils ont une résistance dogmatique et idéologique, aussi bien sur la vidéosurveillance que sur l’armement », insiste Pierre Esplugas Labatut, avant d’ajouter : « nous avons, à date, eu 3 000 retours pour cette pétition, les Toulousains nous disent donc qu’il y a un vrai enjeu. »

Un formulaire de pétition en forme de tract de J-L. Moudenc.

Un formulaire de pétition en forme de tract de J-L. Moudenc.
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Un tract jugé « caricatural » et contesté

Pour Agathe Roby, conseillère municipale (LFI) à Toulouse, le tract en question est « caricatural » et « il était glissé dans un dépliant institutionnel, ce qui pose la question d’une utilisation des fonds publics pour la distribution », critique-t-elle. L’élue de la gauche radicale, qui propose « un policier municipal pour 1 000 habitants », assure que le programme de François Piquemal ne menace pas la « PM ». Mais sur l’armement, le discours diffère : « les policiers municipaux sont là pour pacifier l’espace urbain, pour de la médiation, ont-ils besoin de LBD et de taser ? Non, c’est dangereux pour la population. Il faudra les enlever », tranche-t-elle. Le pistolet aussi ? « Il faudra voir ». Quant aux caméras, « elles coûtent très cher et s’il n’y a pas de policiers sur le terrain, ça ne sert à rien » lâche l’insoumise.

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Un propos qui fait bondir Emilion Esnault, maire adjoint à la sécurité : « C’est irresponsable de vouloir supprimer l’armement et méprisant de dire qu’un policier municipal armé est dangereux. Pierre Cohen disait en son temps que la police municipale devait se retirer dès qu’un couteau est sorti ; si on en revenait à cette doctrine, avec la délinquance d’aujourd’hui, la situation serait catastrophique. »

Un policier municipal a moins de pouvoirs judiciaires qu’un garde champêtre

Entre 2014 et 2018, les effectifs de la police municipale à Toulouse ont plus que doublé, et l’objectif de Jean-Luc Moudenc est d’atteindre 430 agents d’ici 2026 (contre 390 actuellement). La majorité plaide également pour que les policiers municipaux bénéficient de pouvoirs étendus. Car, aussi surprenant que cela puisse paraître, un policier municipal a en France moins de pouvoirs judiciaires qu’un garde champêtre : il ne peut pas relever un taux d’alcoolémie, n’a pas accès au fichier des personnes recherchées ou des véhicules volés, et ne peut pas non plus contrôler des bagages dans les transports publics.

En 2024 à Toulouse, 1 656 personnes ont été appréhendées en flagrant délit par la police municipale, et 939 arrêtées grâce à la vidéoprotection. La même année, la justice a réquisitionné des images de vidéosurveillance à 2 137 reprises (contre 50 en 2014), afin d’appuyer les enquêtes de la police nationale. Enfin, 6 915 interventions (secours, sécurité et voirie) ont été déclenchées en 2024 grâce aux caméras de surveillance.