Chaque soir, de 20h à 21h, Le grand récit vous invite à revivre des moments marquants de notre histoire collective. Dans cet épisode, André Dussollier nous transporte à Séville, en 1982, pour revivre l’une des soirées les plus sombres du football français : la demi-finale de la Coupe du Monde entre la France et l’Allemagne de l’Ouest (RFA).
Dans la chaleur andalouse de Séville, le soir du 8 juillet 1982, l’équipe de France de Michel Platini affronte la RFA, pour une place en finale de la Coupe du Monde. Les deux équipes, parmi les meilleures du monde, se livrent une bataille acharnée qui tient en haleine des millions de téléspectateurs.
Mais ce qui devait être une célébration du football se transforme en cauchemar, pour les Français, à la 57e minutes de jeu : après une magnifique passe en profondeur, le défenseur français Patrick Battiston, se présente seul face au but allemand. Il est alors percuté de plein fouet, par le gardien allemand Harald Schumacher, sorti les deux genoux et le hanche en avant.
Patrick Battiston avait été percuté brutalement par Harald Schumacher lors de France-RFA, le 8 juillet 1982
Crédit : AFP/STAFF
Schumacher, « le boucher de Séville »
L’action est d’une violence inouïe. Entré en jeu quelques minutes auparavant (50è), Patrick Battiston reste au sol, inanimé. Le stade est stupéfait. À la télévision, les commentateurs n’en reviennent pas… Pourtant, malgré l’horrible faute et l’erreur de jugement manifeste du gardien allemand, Harald Schumacher n’est pas sanctionné. Battiston, dents cassés mâchoire enfoncé et inconscient, est évacué sur une civière, laissant ses coéquipiers et toute une nation sous le choc.
L’arbitre néerlandais Charles Corver, se retrouve sous le feu des critiques. Pourtant bien placé, il ne siffle ni faute, ni expulsion. Cette erreur d’arbitrage, classée parmi les plus grosses dans l’histoire du football par la BBC, a ravivé des tensions historiques entre la France et l’Allemagne, dépassant largement le cadre sportif. Les amateurs de football allant même jusqu’à surnommer encore aujourd’hui Harald Schumacher, « le boucher de Séville ».
Malgré l’impact émotionnel de l’agression, les Bleus parviennent à mener 3-1 en prolongation, avant que l’Allemagne de l’Ouest ne revienne au score et ne s’impose lors de la séance de tirs au but, la première dans l’histoire de la Coupe du Monde. Autant de faits de jeux qui ont fait entrer « la nuit de Séville » dans la légende, au grand désespoir des Français.
Remis de leurs émotions, les bleus se consolent deux ans plus tard avec une victoire finale, à domicile, lors de l’Euro 1984. Michel Hidalgo et sa troupe battent l’Espagne 2-0 au Parc des Princes. Portée par un immense Michel Platini, l’équipe de France de football décroche enfin son premier grand titre. Un succès marquant le début d’une nouvelle ère pour les tricolores !
De gauche à droite et de haut en bas, le 19 juin 1984 : Jean-François Domergue, Patrick Battiston, Maxime Bossis, Jean Tigana, Joël Bats, Luis Fernandez, Alain Giresse, Michel Platini, Jean-Marc Ferreri, Dominique Rocheteau et Didier Six
Crédit : PATRICK HERTZOG / AFP
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