« C’est un impératif moral de manger et de savourer une pizza », lançait en 2010 Julia Roberts en dévorant une Margherita dans le film « Mange, prie aime ». Une déclaration faite depuis la pizzeria Da Michele de Naples (Italie), considérée par les spécialistes comme « le temple de la pizza », rien que ça. Une institution familiale née il y a bientôt 120 ans dans la troisième ville italienne et qui, plus d’un siècle plus tard, pose enfin ses valises à Paris.

Ce mardi, l’Antica Pizzeria Da Michele a levé le rideau de sa toute première adresse en France, rue du Faubourg-Saint-Antoine (XIe). À l’intérieur du four doré presque kitsch brûle une flamme qui se prépare à cuire des centaines de pizzas par semaine.

À côté, quatre pizzaïolos -tous Napolitains avant la formation d’une main-d’œuvre locale – préparent les pâtes, étalent les tomates fraîches mixées et versent les fior di latte et autres ingrédients dessus. Devant eux, l’ail, le sel, le poivre, l’huile et l’origan n’attendent que de sauter sur les immenses cercles, grands de 35 cm. Dans leurs dos, une centaine de boîtes en carton, prêtes à passer des mains des chefs à celles des clients.

À chacun des deux étages de l’établissement, un bar. Impeccablement soignés, ils mettent en valeur les boissons phares de l’Italie, avec le Campari et l’Aperol en très bonne place. Au mur, des photos d’époque pour rappeler la riche histoire de ce qui est devenu une institution italienne, avec bientôt 80 restaurants à travers le monde. Avec, évidemment, des clichés de Julia Roberts une part de pizza en bouche, pour ne jamais oublier le joli coup de publicité du film de Ryan Murphy.

Des grandes tables pour partager

Chez Michele, les tables en marbre de deux personnes sont rarement isolées. Préférez les voir collées l’une avec l’autre. « C’est comme ça, c’est la convivialité napolitaine ! » sourit un employé de l’ambassade d’Italie, tout heureux de retrouver les saveurs de sa Naples natale. « Et encore, dans la pizzeria là-bas, les tables sont beaucoup plus grandes. L’idée, c’est de profiter d’un moment de partage », complète son collègue. Au total, 80 couverts sont proposés.

Rue du Faubourg Saint-Antoine (XIe), le 2 septembre. Dès 19 heures, une queue épaisse se formant devant le restaurant, qui a su "teaser" son arrivée à Paris sur Instagram. LP/Flavien GagnepainRue du Faubourg Saint-Antoine (XIe), le 2 septembre. Dès 19 heures, une queue épaisse se formant devant le restaurant, qui a su « teaser » son arrivée à Paris sur Instagram. LP/Flavien Gagnepain

« Ça peut paraître beaucoup à Paris, mais c’est assez peu pour nous », explique Giuseppe de Paola, le propriétaire du restaurant, qui compte bien ouvrir d’autres pizzerias, encore plus grandes, à Paris mais aussi ailleurs en Europe. Certaines villes du sud, dont Nice, sont particulièrement visées. « Avec le passé italien de la ville, ce serait un beau clin d’œil », sourit-il. En attendant, la pizzeria propose un service en continu, de midi à minuit, pour attirer une clientèle qui ne se priverait pas d’une pizza en milieu d’après-midi.

Les pizzas entre 11 et 19 euros

Sur la carte, quatorze pizzas sont proposées. Avec en haut de l’affiche les classiques Margherita à 13 euros et la Marinara – à l’intitulé piège, sans poisson mais uniquement composée de tomate, origan, ail, basilic et huile – à 11 euros. Pour la plus chère à la saucisse et au brocoli rave napolitain, comptez 19 euros.

Des prix plus élevés que la pizzeria originelle de Naples, qui s’explique par un choix assumé : tous les produits, à l’exception du basilic frais, proviennent de Naples et de sa région. « Quand je mange une part, je retrouve vraiment le goût de mon enfance, chez moi. Et on sent que ce n’est pas une sauce, mais bien des tomates travaillées », commente une journaliste italienne basée dans la capitale. Si les Napolitains de Paris sont déjà conquis, une première partie de la mission est remplie.