Note : 4/5
Qu’est-ce qui a bien pu amener, un mardi soir de novembre, la narratrice de « La mauvaise joueuse » à marcher, sous la pluie, sur une nationale, à 15 km de Saint-Nazaire ? La femme en question, une trentenaire avec des taches de rousseur, se prénomme Maud. Comptable dans un bureau d’études en urbanisme à Savenay, celle-ci mène une vie apparemment normale où sont réunis « l’amour, l’amitié, le travail et des passions saines : la musique, les plantes, le cinéma, les brocantes, les travaux d’intérieur ». Les lectrices et les lecteurs pris dans la toile tissée par Victor Jestin ont d’emblée bien conscience que Maud avait un problème. Le bowling qu’elle aperçoit, à la première page, sera le début d’un terrible engrenage. Avec le retour en force chez Maud d’un vice qu’elle tenait à distance : un rapport maladif au jeu survenu pendant son enfance qu’elle croyait avoir endigué…
Impeccablement mené d’un bout à l’autre, « La mauvaise joueuse » fait plus que confirmer tout le bien que l’on pensait déjà du talentueux Victor Jestin. Un écrivain incroyablement doué depuis ses débuts avec « La chaleur » pour saisir le vertige et l’incarner dans les pages de ses romans à l’écriture ciselée.
Victor Jestin, « La mauvaise joueuse », Flammarion, 149 pages, 18 €.