Par

Antoine Hereu

Publié le

2 sept. 2025 à 19h31

Il est 2h05 du matin, ce lundi 1er septembre. Alors que le chasseur d’orages et agrométéorologue Serge Zaka poursuit sa quête d’un cliché d’orage entre le Pic Saint-Loup et l’Hortus, le ciel s’embrase soudainement. Depuis sept ans, il traque cette image, multipliant une trentaine de tentatives. Cette fois, c’est la bonne. « J’ai eu beaucoup de chance : un premier orage est passé et a nettoyé le ciel, avant qu’un deuxième, imprévu, ne surgisse et traverse les deux monts avec une bien meilleure visibilité », confie-t-il, le sourire perceptible jusque derrière le téléphone.

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De la chance, mais pas que

Il en fallait, de la chance, pour réussir à capturer ces six éclairs formant comme une barrière de foudre entre les deux sommets héraultais. Mais, comme le disait Confucius, « la chance est bien souvent un hasard qui se provoque ». Et si les conditions météorologiques étaient idéales, la maîtrise technique a aussi joué un rôle décisif. « La photo dure 133 secondes. L’orage avait coupé l’électricité dans la vallée, j’ai donc opté pour un temps de pose très long afin de capter davantage de lumière », explique Serge. Durant cette exposition, six éclairs ont frappé le sol : cinq quasiment simultanés, suivis d’un dernier quelques secondes plus tard.

Après quelques retouches en post-production, l’une des photos de sa vie est née. « J’ai surtout travaillé la lumière et le contraste, car le paysage était extrêmement sombre à cause de la coupure d’électricité dans la vallée. Mais les couleurs restent naturelles, avec ce bleu et ce vert », précise le chasseur d’orages. Et si l’on pourrait croire à un photomontage, il n’en est rien : aucun éclair n’a été ajouté, aucune superposition réalisée.

« Je ne réalise toujours pas »

Alors que l’un des clichés de sa vie venait d’être capturé, Serge Zaka n’a pu découvrir son Saint Graal qu’une fois à l’abri, dans sa voiture. « Nous étions sur une colline assez exposée aux orages. Alors que j’étais assis par terre aux côtés de vos confrères de France Inter et que je répondais à une question à leur micro, un grand flash blanc a illuminé le ciel, suivi d’une impressionnante détonation. » Après la stupeur, Serge comprend qu’il vient peut-être de réaliser l’un des objectifs photographiques de sa carrière. « Je ne réalise toujours pas, je crois », confie-t-il encore.

Car oui, les objectifs sont de véritables moteurs pour les photographes. Après avoir atteint un premier rêve en 2020 avec sa célèbre photo — fruit de seize ans d’attente — d’un orage sur la mer, du côté de Cannes, élue plus belle photo météo du monde en 2021, le cliché d’hier s’impose comme un deuxième accomplissement exceptionnel pour l’agrométéorologue passionné d’orages.

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Et à la question « quel est le prochain objectif ? », Serge hésite. Deux possibilités se détachent. « Je rêve de photographier des farfadets depuis le Pic Saint-Loup ou l’Hortus. Mais pour cela, il faudrait que des orages éclatent soit à Biarritz, soit à Gênes, car ces phénomènes doivent être capturés à plusieurs centaines de kilomètres de distance. » Un défi quasi impossible, tant la probabilité est infime : seul un éclair sur environ 10 000 donne naissance à un farfadet. Son autre ambition se tourne vers l’Aveyron : « Photographier le viaduc de Millau frappé par la foudre serait incroyable. J’essaie depuis neuf ans… et c’est toujours un échec. »

Des farfadets, phénomène rarissime, ont été observés dans le ciel de Nice
Des farfadets, phénomène rarissime, ont été observés dans le ciel de Nice (©Kate Jacqueline et Christophe Suarez / document remis à actu Nice)

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Une région parfaite pour les orages

Si les orages se produisent partout dans le monde, l’Occitanie et plus particulièrement l’Hérault semblent offrir un terrain idéal à Serge Zaka. « Je n’ai pas besoin d’aller plus au nord ou très loin, cette région est parfaite, c’est aussi pour cela que j’y habite », confie-t-il. Soucieux de son empreinte carbone et désireux de limiter son impact environnemental, cet amoureux de la foudre entend bien tirer le meilleur parti de ce petit paradis pour passionnés d’orages.

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