Laura Vazquez, lauréate du prix Wepler 2021 pour son premier roman La semaine perpétuelle, est l’invitée du Book Club à l’occasion de la parution de son second roman intitulé Les forces aux éditions du Sous-sol. Au cœur de ce livre, une narratrice, son corps, ses questions, sa voix traversant différents espaces. Comme l’ont fait avant-elle des héros antiques, elle est soumise à des puissances, des lois. Celle du langage, celle de la rencontre, celle de la volonté qu’il s’agirait de dissoudre, celle des origines, celle de l’ordre social, celle du vivant. Il y a quelque chose des textes anciens dans ce roman, qui se tisse de citations d’autrices et d’auteurs, mentionnés en marge de la page, et ne recule pas devant la pensée de grands concepts : le vrai, le mal, le bien, le beau, le soi, le dedans, le dehors. Le texte se demande ce qui est là, mais pas toujours pourquoi, et sa lecture est absolument vivifiante.

  • Laura Vazquez nous explique que pour elle, l’écriture doit être vivante et active : « Au début, je n’avais pas vraiment de projet, j’ai juste suivi cette voix de la narratrice et c’est comme ça que le texte s’est développé, en suivant son rythme, sa musicalité et sa justesse. Je n’avais pas le souhait de coller à tel ou tel style ou de mettre en avant telle ou telle idée ou, pire encore, d’en défendre une. En revanche, quand j’écris, je garde en tête, ou plutôt en corps, la fonction primitive et le pouvoir d’action de l’écriture et de la poésie. Je n’écris pas un texte pour qu’il soit agréable, bien fait, ou qu’il donne du plaisir au lecteur, je l’écris en espérant qu’il soit assez juste et assez vivant pour agir sur la lectrice ou le lecteur. »
  • Pour Laura Vazquez, écrire au réveil est un moyen de se faire surprendre par des émotions différentes : » Le moment où j’écris a son importance, parce que j’écris dès le réveil. Donc, je suis encore dans cet état proche de l’espace des rêves, et sans recul sur ce qui arrive. Dans les rêves, quoi qu’il arrive ce sera accepté : les morts peuvent revivre, ou le ciel peut se trouver sous nos pieds. Je pense que le fait d’écrire à ce moment-là, cela donne lieu à une grande variété ou une grande profondeur d’émotions que je n’ai pas forcément habituellement dans mon quotidien. »

La question de l’auditrice

  • La question de Cécile @cecile_navarra_ à l’attention de Laura Vasquez : « Dès les premières pages de votre livre, j’ai ressenti le besoin viscéral de lire le texte à voix haute afin de cracher les mots quelque part. Je me suis même surprise à changer de ton, allant jusqu’à crier le texte, tant il devient de plus en plus organique, viscéral au fil des pages. Je souhaite vraiment à chacune et à chacun d’en faire l’expérience. Les forces est un très grand livre qui laissera au lecteur un souvenir à la fois impérissable et salvateur. Alors, pouvez-vous nous dire d’où viennent nos forces ? Où sont-elles aujourd’hui et qu’en faisons-nous ? »

Le grand jeu des pages musicales

  • Aujourd’hui, on doit la trouvaille à Eloi qui nous a écrit via le mail Book Club. Elle se trouve dans le livre de Yannick Haenel Les renards pâles (Gallimard), et il s’agit de la chanson Second Meeting d’Anthony Braxton

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Archives

  • Dennis Cooper, émission Par les temps qui courent, Marie Richeux, France Culture, 14/04/2022
  • Sonnet VII de Louise Labé par la Cie Das Plateau

Références musicales

  • Thom Yorke, Analyse
  • Galya Bisengalieva, Moynaq
  • BJ Nilson, Fish Is God
  • Anthony Braxton, Fourth meeting