Pendant qu’en contrebas, sur la plage de l’anse Méjean, les estivants profitent des derniers rayons de soleil avant la rentrée, la journée de ce 29 août était studieuse au sommet du fort du Cap Brun à Toulon.

C’est dans cette enceinte militaire, siège de la préfecture maritime de Méditerranée et résidence du préfet, que le président de la République Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz ont chacun réuni dix de leurs ministres dans le cadre du 25e Conseil des ministres franco-allemand.

Depuis Toulon, une réunion d’avenir avec un gouvernement en sursis

Côté français, les ministres Bruno Retailleau pour l’Intérieur, Eric Lombard, à l’Economie, Sébastien Lecornu aux Armées, ou encore Jean-Noël Barrot pour les Affaires étrangères et Benjamin Haddad pour l’Europe étaient présents dans la rade.

Un gouvernement pourtant en sursis jusqu’au lundi 8 septembre, date du vote de confiance à l’Assemblée nationale.

Mais cette éventualité ne rend pas caducs les échanges du jour estime Emmanuel Macron : « Je vous parle d’un endroit où je serai encore pendant les 20 mois qui viennent ce qui assure une continuité. » Le président confirme là son intention de ne pas démissionner, comme le demande notamment le Rassemblement National de Jordan Bardella. « Je crois dans la démocratie : j’exercerai mon mandat jusqu’à son terme, n’en déplaise à ceux qui ont perdu cette même élection. »

© Manon Cruz / Pool / AFP – Les ministres français et allemands aux côtés des chefs d’Etat. Le retour du « réflexe » franco-allemand

Le Conseil des ministres franco-allemand a permis de faire le point sur les travaux entrepris depuis le mois de mai et l’élection de Friedrich Merz à la tête du gouvernement allemand pour renforcer ce que l’Elysée nomme le « réflexe franco-allemand ».

Il s’inscrit dans la continuité de précédents échanges : une tribune signée des deux chefs d’État dès le mois de mai sur l’avenir de l’Europe, des déplacements communs à Washington cet été et plus récemment en Moldavie… Et la veille, la venue du chancelier allemand, sur invitation du président de la République, au fort de Brégançon, un honneur rare signe d’une volonté de coopération.

« La politique n’est pas faite par des institutions mais par des personnes qui doivent avoir le temps de se retrouver. Nous l’avons pris ces derniers mois. C’est la base d’une bonne coopération dans un climat de confiance », se félicite le chancelier allemand.

Un agenda autour de la souveraineté, des finances, de la défense

Durant la session plénière du matin et le déjeuner de travail, il a surtout été question de coordination bilatérale en vue d’une Europe plus souveraine.

« Nous partageons le même regard lucide sur les enjeux intérieurs et extérieurs auxquels nos pays sont confrontés et nous avons la volonté de surmonter ces défis ensemble », relate le chancelier Friedrich Merz.

Il en résulte un agenda économique comprenant huit documents stratégiques, « huit pierres pour bâtir l’avenir » selon Emmanuel Macron, et 27 projets phares sur l’énergie, le commerce et la sécurité économique, l’industrie, les technologies de pointe, la souveraineté économique, le marché unique et la simplification, la convergence dans les politiques sociales et du marché du travail, les finances.

« C’est pour nous un agenda absolument clé pour une Europe plus productive, plus compétitive » avait la veille confié Emmanuel Macron depuis le fort de Brégançon. Des projets qui se veulent concrets. Un premier point précis sera effectué d’ici la fin de l’année 2025. 

La journée s’est terminée par une réunion du Conseil franco-allemand de défense et sécurité.

Quel positionnement par rapport à l’Ukraine ?

« Les efforts pour une paix durable est au cœur de notre agenda », soutient Emmanuel Macron en conférence de presse. « Les prochains jours seront déterminants », rappelle-t-il : le 1er septembre marque en effet la fin du délai accordé par le président des Etats-Unis Donald Trump à Vladimir Poutine pour convenir d’une réunion bilatérale avec Volodymyr Zelensky.

« Si cette réunion n’a pas lieu, alors cela veut dire que Vladimir Poutine se sera encore joué de Trump et ce n’est pas une bonne chose. Cela ne peut pas rester sans réponse », affirme le président la République qui confirme son propos d’avoir qualifié le président russe d’ogre.

Concernant la politique internationale, le chancelier allemand a indiqué cesser la fin des exportations de tout armement pouvant être utilisé contre Gaza. « Nous partageons la conviction qu’il faut cesser le combat » indique Emmanuel Macron.

Le président de la République évoque par ailleurs une position de fermeté vis-à-vis de l’Iran avec l’imposition de sanctions « à moins qu’il ne rentre dans des négociations ».

Emmanuel Macron soutient son Premier ministre François Bayrou

Pour le président de la République, « le Premier ministre a eu raison de mettre en responsabilité » son gouvernement concernant le budget 2026. « La question posée est : « êtes-vous d’accord avec le constat et le principe que nous dressons ? » Car sinon, on ne pourra pas se mettre d’accord sur des discussions plus techniques » estime-t-il.

« Même s’il y a des désaccords sur les mesures techniques, il peut y avoir des accords sur les constats » poursuit-il, évoquant l’exemple « de l’autre côté du Rhin » où un gouvernement de coalition « noir-rouge » s’est formée.