l’essentiel
L’interprofession des œufs a récemment alerté sur la vente d’œufs ukrainiens par des supermarchés français, dénonçant des produits importés qui « ne respectent pas les normes européennes ».
Les quantités d’œufs importés d’Ukraine sont faibles, mais le symbole est fort : la ministre française de l’Agriculture a réagi aux alertes de l’interprofession des œufs en appelant à renforcer les contrôles et à empêcher l’importation de produits contenant des substances interdites dans l’Union européenne.
L’interprofession des œufs (CNPO) avait alerté sur l’importation par certaines enseignes de distribution de centaines de milliers d’œufs d’Ukraine, qui ne respectent pas les normes européennes sur l’élevage en cage et le broyage des poussins mâles en France. « La souveraineté alimentaire, c’est privilégier la production française aux importations de denrées ne respectant ni nos normes, ni les attentes des consommateurs. Cela passe par un effort quotidien du consommateur, mais aussi des distributeurs », a déclaré à la presse la ministre de l’Agriculture Annie Genevard.
Les œufs contiennent des antibiotiques interdits en Europe ?
Le CNPO va plus loin en indiquant que ces œufs pourraient contenir des antibiotiques interdits en Europe. Quatre contrôles, effectués sur des œufs ukrainiens exportés en Slovaquie et en Pologne ces deux derniers mois avant de potentiellement être réexportés dans le reste de l’UE, ont révélé la présence de telles substances, considérées comme dangereuses pour la santé.
« Je demande une vigilance accrue en matière de contrôles sanitaires sur notre territoire. Ce renforcement des contrôles doit surtout se faire au niveau européen : je porte dès à présent cette demande auprès de la Commission européenne », a réagi Annie Genevard. « Il faut aussi aller plus loin avec un principe simple : pour toute pratique interdite en Europe, une limite maximale de résidus relative à ces pratiques fixée à zéro sur tout produit importé », ajoute-t-elle.
Un centième de la consommation quotidienne
Le CNPO affirme qu’une enseigne E. Leclerc, à Rouen, a proposé un lot de 300 000 œufs ukrainiens, vendus 5,65 euros la plaquette de 30, soit beaucoup moins cher que les œufs français. « Un magasin a eu une initiative regrettable », a admis E. Leclerc, ajoutant toutefois qu’il s’agissait « d’un cas isolé ». Le lot doit, selon l’enseigne, être retiré de la vente. Ces 300 000 œufs sont à mettre en regard avec les sept milliards d’œufs consommés l’année dernière en France qui sont en immense majorité produits sur le territoire national, les importations, majoritairement en provenance de l’UE, étant surtout le fait de l’industrie agroalimentaire.
En 2023, la France avait importé 411 tonnes d’œufs ukrainiens de volailles d’élevage, en coquilles, frais, pour une valeur de 844 792 euros, selon les chiffres des douanes. En 2024, seules 58 tonnes ont été importées pour 115 264 euros. Sur les cinq premiers mois de 2025, quelque 13 tonnes ont été importées, soit l’équivalent d’environ 185 000 œufs de 70 grammes… ou encore un centième des œufs que les Français consomment en une journée.