À chaque sortie, c’est plus fort que nous. Il est là, posé contre un mur, un arbre, face à un paysage, éclairé par un rayon doré. On dégaine le smartphone, et hop, encore une photo de notre vélo. Pourquoi ce réflexe quasi pavlovien ? Est-ce de l’amour, de la vanité, un besoin compulsif de documentation ? On tente de comprendre pourquoi les cyclistes ne peuvent s’empêcher de photographier leur monture. Weelz! en mode psychanalyse (de comptoir).
Prendre en photo SON vélo : la nuance est ténue
« Prendre son vélo en photo, c’est s’auto-portraiturer sans apparaître à l’image »
On ne photographie pas un vélo. On photographie son vélo. Nuance. Le vélo comme miroir de soi ; un objet personnel, presque intime. Il dit qui l’on est, comment on roule, ce que l’on revendique.
Un cadre acier patiné n’a pas le même discours qu’un carbone flashy ou un cargo bardé de stickers. Prendre son vélo en photo, c’est s’auto-portraiturer sans apparaître à l’image. Le vélo devient avatar.
Différents vélos, différents langages
C’est aussi une manière de raconter sa pratique sans avoir besoin de mots. Un cintre large, une sacoche bien usée, une trace de boue séchée : tout ça parle. Et ce langage-là, entre cyclistes, on le comprend très bien.
Le syndrome du bike porn
C’est une pratique visuelle devenue presque culturelle dans le monde cycliste. Un art de vivre… à travers un objectif. Que la monture en question soit un simple mode de déplacement, un vieux clou rouillé ou au contraire un modèle luxueux.
On pourrait appeler ça l’obsession de l’angle parfait. Le vélo bien centré, les manivelles bien alignées avec les bases, la transmission du bon côté, les valves perpendiculaires au sol… Le fond ? Il peut être dépouillé ou spectaculaire. La photo de vélo devient une mise en scène ; un petit cérémonial du beau.
Réseaux sociaux : miroir amplificateur
Instagram, Strava, Threads, Mastodon ou feu Twitter : chaque plateforme a ses codes, mais toutes partagent une chose en commun pour les cyclistes connectés : elles donnent un espace pour partager la fameuse photo de vélo. Un sommet atteint ? Un chemin découvert ? Un mur coloré ? Hop, photo.
Cette pratique n’est pas qu’une recherche de likes (si, un peu tout de même). Elle est aussi une forme de journal visuel. On documente ses sorties comme on tiendrait un carnet de bord. Le cliché devient mémoire.
C’est une manière de montrer – de prouver – au monde, à notre communauté, notre famille, nos proches : « regardez, j’étais là ; la preuve, c’est mon vélo ». Pour d’autres, c’est aussi une façon pour se souvenir… de l’endroit où l’on a stationné son vélo (et sortir la preuve à l’assurance en cas de vol).
Une pause qui fait du bien
Prendre son vélo en photo, parfois, c’est aussi pour dire : « je n’étais pas seul »
Mais au fond, si on prend son vélo en photo, ce n’est pas qu’une histoire d’égo ou d’esthétique. C’est aussi un moment de pause. Un arrêt dans le rythme de la sortie. L’instant où l’on souffle, où l’on contemple, où l’on retire les mains du cintre pour prendre un peu de recul.
La photo devient un moment à soi. Un instant suspendu entre deux coups de pédale. Ce n’est peut-être pas de la pleine conscience, mais ça y ressemble.
Une douce pathologie partagée
Bien sûr, certains en rient. “Je prends trop mon vélo en photo.” D’autres assument totalement. “Je le fais parce que j’aime ça.” C’est une petite manie, une habitude, une addiction douce. Et ce qui est fascinant, c’est que tout le monde (ou presque) semble l’avoir attrapée. De l’ultra-cycliste au vélotaffeur du coin.
Alors oui, docteur, c’est un peu une pathologie. Mais comme toutes les passions bien canalisées, elle ne fait de mal à personne. Elle fédère, elle raconte, elle relie. Et puis franchement, un vélo bien cadré devant un coucher de soleil, c’est tout de même plus sympa à regarder qu’un selfie aux toilettes.
Vous prenez souvent votre (vos) vélo(s) en photo vous aussi ? N’hésitez-pas à témoigner (ne vous inquiétez-pas, ça restera entre nous).
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