Taylor Swift et Travis Kelce, Selena Gomez et Benny Blanco, Zendaya et Tom Holland… Les idoles de la Gen Z, réputée réfractaire à l’engagement, ont toutes annoncé leurs fiançailles récemment. Le signe d’un romantisme qui, malgré les nouveaux codes amoureux, fait toujours rêver?

On le pensait désuet, dépassé, obsession de boomer ou simple passage obligé pour les enfants, le statut ou les papiers : pourtant, le mariage reste prisé, surtout chez les célébrités. Ces derniers mois, quatre couples ont annoncé leur intention de convoler: Selena Gomez et Benny Blanco en décembre, Zendaya et Tom Holland en janvier, Dua Lipa et Callum Turner en juin. Sans oublier Taylor Swift et Travis Kelce, dont l’annonce des fiançailles, le 26 août, a cassé Instagram (plus d’un million de reposts en seulement 6 heures, et 14 millions de «likes» en une heure).

Si les premiers n’ont jamais officialisé, le doute n’est plus permis depuis que l’actrice, qui n’a jamais démenti, est apparue avec un énorme diamant à l’annulaire gauche. Dua Lipa, quant à elle, a partagé son enthousiasme à l’édition anglaise du magazine Vogue, puis arboré son caillou sur Instagram où on l’a vue, tout l’été, entraîner son fiancé dans un enchaînement de concerts, de baignades et de soirées endiablées. En bonne reine d’Instagram, c’est sur la plateforme que Selena Gomez a annoncé son mariage prochain avec le producteur de musique Benny Blanco. En août, son enterrement de vie de jeune fille à Cabo San Lucas avec copines en folie, ballons géants en forme de cœur et orchestre de mariachi, a lui aussi fait l’objet d’un post. On n’en attendra pas moins de Taylor Swift, dont les photos de fiançailles alignent tous les clichés du genre : jardin envahi de roses, genou à terre pour Monsieur, et diamant évidemment conséquent pour elle.


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Un pas en arrière?

S’il n’est pas rare que les célébrités convolent, on peut s’étonner que cet élan vers le mariage vienne d’icônes ayant bâti leur carrière, et leurs personnalités, sur des valeurs nouvelles, modernes, progressistes. Zendaya, qui ne s’affiche que très rarement avec Tom Holland sur les tapis rouges, interprète des guerrières farouches (Dune), des adolescentes aux amours à la dérive, quel que soit le genre de l’être aimé (Euphoria), et des jeunes femmes aux couples torturés (Malcolm and Marie, Challengers). Dua Lipa, égérie du parfum Libre, a fait de sa versatilité et de son indépendance une profession de foi, s’inspirant de son côté insaisissable pour sa chanson Houdini, et allant même jusqu’à rire de bon cœur du fait qu’on la croit en vacances permanentes, un jour à Paris, le lendemain à Bangkok, et qui l’aime la suive.

Quant aux BFF Selena Gomez et Taylor Swift, elles sont depuis longtemps les étendards d’une féminité puissante, qui ne doivent leur bonheur et leur succès qu’à elles-mêmes, et célèbrent la sororité après avoir vu leurs cœurs brisés plusieurs fois. Si le féminisme n’a jamais été antinomique de l’amour ni du mariage, pourquoi céder aux sirènes d’une aussi vénérable institution, en adoptant même les codes les plus traditionnels ?

Déjà, parce que le terrain médiatique est une quasi-zone de guerre, dont il faut investir chaque centimètre carré : entre deux films, deux disques ou deux tournées, annoncer son mariage permet de l’occuper. Ensuite, parce que parmi les fans de ces célébrités, certains (dont une frange américaine plus conservatrice) ont sans doute besoin de croire encore au prince charmant, avec qui leurs idoles vivront heureuses et auront beaucoup d’enfants. Et peut-être aussi parce qu’une partie de leur public, cette Gen Z dont la tranche d’âge se situe entre 18 et 27 ans, se tourne à nouveau vers le mariage. En Angleterre, une étude parue dans The Times en février montrait que les deux tiers de cette tranche d’âge le considéraient comme une «institution pertinente». Tout en précisant, par la voix d’une jeune femme, qu’elle avait grandi avec l’idée que «le divorce était une possibilité. C’est parce que nous ne considérons pas le mariage comme quelque chose d’éternel que nous sommes plus enclins à l’essayer».

Nouvelle génération, nouvelles relations?

Mais au-delà des fleurs roses, des robes blanches et du romantisme dont dégoulinent les annonces de Taylor and co, c’est peut-être ailleurs que se situe leur modernité. Si les noces de stars ont toujours fait rêver, elles revêtent un enjeu stratégique important. Mais elles concernaient jusqu’ici deux personnalités de même «rang», dont la carrière et la notoriété jouissaient du même rayonnement : prenez Jennifer Lopez et ses époux successifs, Chris Martin et Gwyneth Paltrow, ou Brad Pitt et Jennifer Aniston, suivi de Brad Pitt et Angelina Jolie. Ou, dans une autre configuration une union où la star masculine (Tom Cruise et Katie Holmes, George et Amal Clooney, Justin et Hailey Bieber) jouissait d’une plus grande célébrité.

Cette fois, qui connaissait les noms de Travis Kelce, Benny Blanco ou Callum Turner à moins d’être passionné de football américain, de production musicale ou des Animaux Fantastiques ? Dans ces couples, ce sont les femmes qui mènent la danse, nombre de followers à l’appui. Leurs amours, leurs fiançailles, leurs codes… Tout porte à croire que leurs mariages seront à leur image : derrière le conte de fées, on suivra la nouvelle aventure de femmes fortes, boss ladies ayant jeté leur dévolu sur des garçons sensibles et doux, respectant, soutenant et admirant leurs carrières, prêts à les suivre partout. Et si, plus que le prince charmant, c’est avant tout la princesse qui faisait désormais rêver ? Quoi qu’il arrive, les amoureux se marieront et vivront (on l’espère) heureux. Et gagneront encore plus de followers à deux.