Yorgos Lanthimos a présenté le remake du film sud-coréen « Save the Green Planet ! » à Venise. Et c’est un excellent candidat pour le Lion d’Or.
Tout commence presque comme une farce : deux hommes s’organisent pour enlever et séquestrer une businesswoman à la tête d’une société pharmaceutique mondiale, persuadés qu’elle est, en réalité, un extraterrestre qui a l’intention de détruire la Terre… Mais très vite, le rire devient jaune et une forme de claustrophobie s’installe. Derrière des échanges absurdes se cache une angoisse bien réelle : celle de notre époque, saturée de complots, de méfiance et d’algorithmes.
Dans ce huis clos complètement délirant, Emma Stone – bluffante avec son crâne rasé – incarne Michelle Fuller, une cheffe d’entreprise glaçante, magnétique, presque irréelle. Face à elle, Jesse Plemons, un apiculteur lunatique dont la paranoïa devient contagieuse, et Aidan Delbis – à ce jour méconnu du public – son cousin aussi fragile que naïf. La maison où se déroule l’essentiel de l’action est baignée dans une lumière chirurgicale, cadrée avec une précision mathématique. Elle devient le cœur d’un combat entre vérité et croyance, et où le rationnel frôle le délire.
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Emma Stone et Jesse Plemons, un duo incandescent
C’est peut-être ça, au fond, qui rend le film si précieux : cette capacité à rendre l’absurde familier. Ce que Yorgos Lanthimos nous montre ici, derrière ses personnages grotesques et ses plans froidement composés, c’est bien nous. Avec nos peurs, nos fantasmes et notre besoin désespéré de croire à quelque chose, n’importe quoi, pourvu que ce soit différent. « Bugonia » est d’ailleurs coproduit par Ari Aster, dont le dernier film « Eddington » s’aventurait déjà dans les méandres du complotisme.
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Emma Stone et Jesse Plemons forment un duo incandescent. Après leur performance dans « Kinds of Kindness », ils se retrouvent à l’écran avec une alchimie tout simplement parfaite. Derrière la caméra aussi, on retrouve les fidèles de Lanthimos : la photographie de Robbie Ryan, la musique de Jerskin Fendrix. Certains choix scénaristiques laissent perplexe (notamment dans la dernière partie) mais « Bugonia » n’a pas vocation à rassurer.
« Bugonia » de Yorgos Lanthimos (4/5), sortie le 26 novembre au cinéma.