Il n’hésite pas à parler de brouillard pour évoquer la situation politique. À la veille des municipales de 2026, le maire socialiste de Nancy reconnaît qu’on a déjà vu plus clair à l’horizon : « Il faut quand même se dire qu’on a encore quelques jours, peut-être quelques semaines, de brouillard institutionnel devant nous. Et ça va impacter grandement, non pas tant les élections municipales en elles-mêmes que la préparation du budget 2026. »
Il met en garde contre les conséquences d’un effondrement institutionnel : « Moi, je ne veux pas servir de marchepied à l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite, dans aucun cas de figure. […] Surtout compte tenu de ce que nous pouvons voir des conséquences de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite dans le monde, depuis quelques années maintenant, États-Unis inclus. » Pour lui, l’heure est à une nouvelle lecture des institutions : « On peut aujourd’hui vraiment diriger le pays de façon plus parlementaire, plus démocratique, en discutant, en posant les sujets sur la table, en négociant des compromis. »
Municipales 2026 : un rendez-vous mais pas une obsession
Si les regards se tournent déjà vers mars 2026, Mathieu Klein se défend de mener une campagne anticipée. « Moi, je ne ferai pas une campagne […] qui ne soit que politique. Parce qu’une élection municipale, pour moi, ça reste quand même une élection locale. […] C’est faire en sorte que des femmes et des hommes qui aiment agir pour leur ville puissent trouver l’espace pour le faire et sur la base d’un projet partagé. » À le croire, son équipe est encore plus motivée que lui : « Une écrasante majorité des élus sortants souhaite se représenter. […] C’est une équipe extrêmement active, qui a passé un temps fou sur le terrain, qui est vraiment très investie dans ses responsabilités. »
Sécurité : entre prévention et coopération avec l’État
Comme il l’avait fait en juin lors du bilan (officiel) de son mandat, Mathieu Klein a remis la sécurité au centre de ses préoccupations. « Je rappelle que la mendicité agressive est interdite. […] Nous avons connu ces derniers mois un certain nombre de points de crispation sur la place des Vosges, sur le secteur Charles III, sur la place Stan, la nuit. » Et de rappeler que depuis 2020, les effectifs municipaux ont été renforcés : « Quand je suis arrivé, il y avait 63 agents de police municipale à Nancy. […] On va atteindre, à la fin du mandat, une petite centaine de moyens humains dédiés à la sécurité et à la médiation. »
La Cité judiciaire : un dossier sous tension
Parmi les projets structurants, celui de la cité judiciaire illustre les tensions entre l’État et la collectivité. « Quand je suis arrivé en 2020, la décision d’installer la cité judiciaire sur le site Alstom avait déjà été prise par mes prédécesseurs. […] J’avais exprimé une réserve dès 2019, lorsque Nicole Belloubet avait annoncé son choix. Pour moi, c’était le site le plus compliqué. Mais je respecte la décision et j’ai engagé la ville et la métropole pour rendre ce projet possible. » Mais les blocages demeurent : « Tous les marchés de dépollution sont prêts, signés, validés. Les entreprises sont recrutées. Il ne manque qu’une chose : que l’État signe l’acte de vente. »
Un rendez-vous avec Gérald Darmanin, prévu en juillet, a finalement été annulé. « Ce n’est pas mon agenda qui a rendu cette rencontre impossible », glisse le maire, qui a pris l’initiative d’écrire au ministre de la Justice. « J’ai proposé à d’autres parlementaires, dont Thibault Bazin, de cosigner ce courrier. Nous demandons simplement que l’État respecte ses engagements. […] La campagne qui consiste à faire porter le chapeau à la métropole n’est pas honnête. »
Opposition municipale : des critiques rejetées
Mathieu Klein a aussi réagi aux attaques de l’opposition, menées vendredi dernier par Laurent Hénart et Valérie Debord, qui ont fustigé des projets « irréalistes et trop coûteux », un Centre de supervision urbain (CSU) « à l’arrêt » et une ville « droit dans le mur » financièrement. « Les projets annoncés ne sont pas des annonces de fin de mandat. […] Le temps de l’urbanisme, ce n’est jamais le temps d’un mandat. La transformation d’une ville, cela se fait sur des dizaines d’années, et c’est normal. » Sur le CSU, il insiste : « L’histoire de l’abandon du CSU, je ne vois pas. […] On a ajouté une trentaine de caméras dans le mandat. »
Le RN, une menace prise au sérieux
Enfin, Mathieu Klein alerte sur la progression de l’extrême droite : « Jusqu’à maintenant, Nancy a été préservée. Mais c’est fini. Le vote RN, jusqu’à maintenant, s’est plus affranchi que les autres de la question personnelle. Ça a toujours été plus un vote d’étiquette qu’un vote personnel. […] Je ne crois pas que Nancy soit malheureusement plus préservée qu’une autre. » Il confie même : « Pendant la campagne des législatives de 2024, j’ai eu des discussions édifiantes avec certains notables nancéiens qui ont dit avoir voté RN pour la première fois. […] La dédiabolisation a fonctionné. »
Mais il conclut avec un brin d’optimisme : « Mais je crois profondément que les racines humanistes de Nancy nous préserveront d’une vague d’extrême droite. Il ne faut pas être naïf, mais il y a dans cette ville une tradition qui résiste. »