Les errements de l’enquête sur la disparition d’Estelle Mouzin et la longueur de l’instruction judiciaire peuvent-ils être imputés à l’État ? Le tribunal judiciaire de Paris rend ce mercredi sa décision sur l’assignation pour faute lourde et déni de justice portée par Éric Mouzin. Le père de la fillette, disparue le 9 janvier 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne), a attaqué l’État au civil, auquel il reproche de ne pas avoir tout fait pour retrouver sa fille, qui était tombée dans les griffes du couple Fourniret-Olivier.
En décembre 2023, Monique Olivier, aujourd’hui âgée de 76 ans, a été condamnée à la perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 20 ans, pour sa complicité dans les enlèvements de trois fillettes tuées par son mari, dont Estelle Mouzin. Ce procès, qui avait fait l’objet de nombreuses critiques des parties civiles, a montré l’incurie des enquêteurs. Leurs erreurs ont vraisemblablement retardé la comparution en justice du couple maléfique, et c’est finalement seule que Monique Olivier a comparu devant les assises de Nanterre, après le décès de Michel Fourniret en 2021. L’absence de »L’Ogre des Ardennes » dans le box était d’autant plus cruelle que le tueur en série avait lui-même demandé que les trois dossiers soient jugés en 2008 à Charleville-Mézières, lors du principal procès sur le parcours criminel effrayant du couple de tueurs.
Le corps de la fillette toujours introuvable
Il y a notamment eu les dépositions des limiers de la PJ de Versailles, initialement en charge de la disparition de la fillette de Guermantes durant les 16 premières années d’enquête avant d’en être dessaisis. Dans des dépositions surprenantes, ils avaient mis en doute l’implication de Michel Fourniret… alors même que Monique Olivier avait reconnu la responsabilité du couple dès l’ouverture du procès, comme l’avait d’ailleurs fait Michel Fourniret dès 2020.
À l’audience, les lacunes et trous de mémoire de Monique Olivier, qui n’a pas fait appel du verdict, n’avaient pas permis de faire émerger de vérité sur la localisation des corps d’Estelle, toujours introuvable. Pour Me Didier Seban, avocat d’Éric Mouzin, c’est une évidence : « On aurait pu arrêter le parcours criminel de Michel Fourniret bien avant. »