« Je viens à Noirmoutier, c’est un coin admirable, bien supérieur à Jersey ou Guernesey, beau comme le Midi avec une mer bien plus belle que la Méditerranée », s’exclame Auguste Renoir, en 1892, venu de Bretagne en bateau à vapeur sur l’île vendéenne, accostant non loin de sa plage des Dames. Le maître de l’impressionnisme peint quatre tableaux d’une beauté majestueuse près du célèbre bois de la Chaise.

Un agrandissement – les originaux n’ont pas pu quitter les États-Unis – fait partie des quelque 110 œuvres d’Île sur toile, un siècle de peinture à Noirmoutier à l’Historial de Vendée, jusqu’au 25 mai 2025.

« Les peintres furent les ambassadeurs de Noirmoutier, les premiers influenceurs de l’époque »

L’exposition est une peinture sociale en elle-même par les reconstitutions noirmoutrines qui habillent les tableaux : « Nous présentons les paysages de l’île aux mimosas à travers le regard des peintres entre 1850 et 1950, un véritable parcours artistique qui marque aussi la naissance du tourisme balnéaire et à travers les différents courants de peinture, les particularités de Noirmoutier, la lumière changeante, son célèbre passage du Gois, sa nature sauvage et ses paysages uniques : les peintres furent les ambassadeurs de Noirmoutier, les premiers influenceurs de l’époque ! » résument Guillaume Jean, élu départemental à la culture et Clotilde Géry, commissaire de l’exposition.

La visite se poursuit à travers les amples espaces où la technologie sert aussi l’art, comme ce dispositif qui fait ressortir en lumières changeantes, les touches colorées d’un grand tableau de Tancrède Abraham.

L’histoire picturale s’enchaîne de tableaux en dessins, où des grands noms de la peinture côtoient des artistes non moins connus, jusqu’à une œuvre unique : la femme du peintre suédois Gustaf Cederström, élégante et son ombrelle assise au coin d’un rocher sableux.

Un peinturarium animé

Chaque toile est un véritable instantané vivant, à l’heure où la photographie était encore naissante et rare, immortalisant une scène de l’île et sa grande forêt de chênes verts et de pins maritimes les pieds dans le sable… Ici, Léon Printemps montre un enfant jouant avec son bateau ; là, un artiste « anonyme » immortalise une petite pêcheuse de crevettes face à la célèbre Tour Plantier. Plus loin, André Derain choisit les Salines, tandis que Florimond Palvadeau scrute les « Pêcheurs au Pilier ».

On sent les bains de mer devenir à la mode, l’odeur des bruyères roses et arbousiers, et les cabanes de la plage des Dames colorées accueillant les premiers costumes de bain. Jean-Émile Laboureur préfère le bois de la Chaise, tandis que Félix Lionnet capte un village en bord de mer et Maurice Denis une scène de vie. Les femmes peintres ne sont pas en reste, méconnues parfois, à la touche sensible. Au centre de l’exposition, le peinturarium permet de contempler en musique, assis ou renversé, des œuvres animées. L’île aux mimosas se réveille en couleurs.

7.000 ans d’histoire à contempler

La Préhistoire, l’Antiquité, le millénaire médiéval, de la Renaissance au siècle des Lumières, la Guerre de Vendée (1793-1796) et le monde moderne se déclinent aussi à l’Historial de Vendée au fil de 7.000 ans d’histoire, à travers six espaces dédiés à la muséographie vivante, et dix salles sur 3.000 m², avec un musée des enfants.

L’Historial des Lucs-sur-Boulogne est ouvert toute l’année du 1er septembre au 30 juin, du mardi au dimanche de 10 h à 18 h et du 1er juillet au 31 août tous les jours de 10 h à 19 h.

Tarifs, en période d’exposition : 9 € (7 € de 18 à 25 ans et tarifs réduits) pour la journée entière, sorties autorisées, notamment pour visiter le Mémorial de Vendée à deux pas ou la chapelle des Martyrs. Gratuit pour les moins de 18 ans. Tél. 02.28.85.77.77.