À l’heure où le Royaume-Uni fait face à de nombreux défis économiques, il est important de garder confiance en son potentiel de prospérité, même en période d’incertitude. Malgré les difficultés des quinze dernières années, le Royaume-Uni reste la sixième économie mondiale, abrite quatre des dix meilleures universités mondiales et possède un écosystème entrepreneurial dynamique avec plus de licornes que l’Allemagne et la France réunies. Son secteur financier et technologique attire des investissements massifs, faisant du pays le premier foyer de capital-risque et d’investissements dans les start-up en Europe, juste derrière les États-Unis.
Pourtant, le reste du monde ne reste pas les bras croisés. Il y a dix ans, alors que le Royaume-Uni était encore membre de l’Union européenne, il était peu imaginable que des pays comme la France, l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne attirent massivement les investisseurs privés, les entrepreneurs et les financiers britanniques. Aujourd’hui, ces pays ont saisi la valeur du modèle britannique. Par des politiques pragmatiques, ils stimulent l’innovation, attirent les investissements et favorisent la croissance des scale-ups, remettant en question la place dominante du Royaume-Uni en Europe.
Le succès européen peut être une opportunité commune plutôt qu’une menace, dans le cadre d’une relation commerciale forte et améliorée entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Toutefois, la vigilance est de mise. La France, par exemple, a su réduire l’écart avec la Grande-Bretagne, voire la dépasser dans certains domaines, en multipliant les initiatives pour accompagner et faire grandir les entreprises ambitieuses.
Station F
Paris accueille le plus grand campus start-up au monde, Station F, inauguré en 2017 avec le soutien de géants comme Facebook, Amazon et Microsoft. Ce lieu d’innovation a créé un écosystème qui génère plus d’un milliard d’euros de financement chaque année depuis trois ans, soit 15 % du total annuel levé par les start-up françaises.
Les dispositifs comme les BSPCE (Bons de Souscription de Parts de Créateur d’Entreprise), largement étendus, permettent aux start-up créées depuis moins de 15 ans d’offrir à leurs salariés des options d’achat d’actions à un prix fixé à l’avance. Depuis 2020, les entreprises étrangères peuvent aussi proposer ce dispositif aux employés de leurs filiales françaises.
Par ailleurs, le mécanisme Tibi encourage la participation des investisseurs institutionnels français, tels que les assurances et les caisses de retraite privées, et a fait de la France un acteur clé dans le financement des technologies.
Entre 2020 et 2022, près de 30 milliards d’euros ont ainsi été investis dans l’écosystème tech français, une dynamique amplifiée par ces initiatives publiques et privées.
La réponse attendue du Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, certaines réformes sont en cours, comme la simplification promise des crédits d’impôt à la recherche et développement (R&D), mais les mesures restent insuffisantes. Par exemple, la réforme ratée des crédits R&D déçoit un grand nombre d’entreprises, puisque seulement une petite centaine d’entre elles en ont bénéficié en 2023-2024, malgré des milliers d’éligibles.
En comparaison, en France, les jeunes entreprises innovantes bénéficient non seulement de crédits d’impôt mais aussi d’exonérations sociales, montrant une approche intégrée entre protection sociale et soutien à l’innovation. Un contraste qui interpelle, d’autant plus que le modèle français intègre l’intérêt des salariés dans l’aventure entrepreneuriale, un point qui pourrait inspirer le Royaume-Uni.
Pour renforcer son écosystème, le Royaume-Uni pourrait également moderniser le régime des aides à l’investissement comme le dispositif EMI, efficace mais inchangé depuis plus d’une décennie, et lever certaines contraintes sur des outils majeurs tels que les programmes EIS et VCT, essentiels pour attirer des capitaux privés dans les jeunes pousses britanniques.
Un autre levier serait d’élargir les plafonds pour les sociétés intensives en R&D, notamment dans les secteurs biotech et deep tech, afin de soutenir leur développement à long terme.
Avec cette volonté et un soutien renforcé aux start-up STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), le Royaume-Uni a toutes les cartes en main pour non seulement résister aux tempêtes économiques, mais en sortir grandi.
Les Points Importants
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Un paysage européen dynamique : La France, mais aussi d’autres pays du continent, développent activement leurs écosystèmes tech avec des mesures pragmatiques, attirant investisseurs et talents.
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Station F, vitrine de la France innovante : Un campus unique au monde propulse l’innovation française en réunissant start-up et multinationales.
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Dispositifs fiscaux et sociaux combinés : La France propose un modèle intégrant à la fois des aides fiscales et des protections sociales pour encourager l’engagement des salariés dans les start-up.
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Le Royaume-Uni conserve ses forces : Universités prestigieuses, base solide en capital-risque, et un secteur financier puissant restent des atouts majeurs.
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Des réformes à approfondir en Grande-Bretagne : Pour rester compétitif, le système britannique doit continuer d’évoluer, notamment en simplifiant les mécanismes de soutien à la R&D et en adaptant ses dispositifs d’incitation à l’investissement.
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Une opportunité d’apprendre et coopérer : Au-delà de la compétition, le succès des voisins européens peut offrir des pistes d’amélioration pour tous, surtout dans un monde toujours plus global.
Regard international et ouverture
Du point de vue international, cette dynamique illustre combien la technologie et l’innovation font désormais partie intégrante des stratégies économiques nationales, avec des retombées dépassant souvent les frontières. Chaque pays affine ses instruments pour attirer les talents, les financements et les idées nouvelles, dans une course où la France et le Royaume-Uni occupent des places majeures.
Au-delà des mesures concrètes, cette compétition amicale révèle aussi un certain charme vieux continent : une délicieuse rivalité franco-britannique, où chacun admire et surveille l’autre, à coups de startups, de campus futuristes et d’ingéniosité fiscale. Avec un peu d’humour, on pourrait se demander si cette « course à la tech » ne serait pas finalement un bon moyen d’éviter de faire la guerre… mais avec des claviers et des pixels au lieu des canons.
Alors, de ce côté-ci de la Manche, on se tiendra prêts, un café à la main, à merveilleusement suivre et s’inspirer de nos voisins français — tout en gardant, bien sûr, un œil malicieux sur nos propres ambitions. Après tout, la compétition, ça pousse à se dépasser. Et ça, on aime bien, non ?
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