Après avoir conquis le monde des jeux vidéo en 2023, Exit 8 s’infiltre désormais dans les salles obscures, grâce à un film japonais, dont la sortie est prévue le 3 septembre 2025. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur Genki Kawamura a tout compris au concept d’adaptation. Voici notre critique sans spoilers.

Si vous avez déjà eu le malheur de parcourir les allées souterraines de la station Châtelet, à Paris, ou que vous avez déjà eu la chance de visiter le Japon et ses immenses couloirs de métro, vous connaissez forcément cette sensation. Cette petite voix intérieure qui vous murmure : « Surtout, ne te perds pas en chemin. » Eh bien, c’est précisément sur cette intuition que reposait le jeu vidéo Exit 8, sorti en 2023, et qui prenait la forme d’un… simulateur de marche.

On pouvait ainsi s’aventurer dans un dédale de passages d’une froideur déshumanisante, afin de trouver la fameuse sortie 8, avec une seule condition : si la moindre anomalie se présente devant nous, il est impératif de faire demi-tour, au risque de revenir à zéro. Deux ans plus tard, un film du même nom prend le pari ambitieux de se baser sur cette expérience vidéoludique singulière et extrêmement courte, bouclée en moins d’une heure.

Or, on le sait : les adaptations de jeux vidéo sont rarement les couteaux les plus aiguisés du tiroir. Pourtant, force est de constater que le réalisateur Genki Kawamura s’en tire haut la main. Voici notre avis sur ce thriller psychologique ingénieux, présenté en séance de minuit au dernier Festival de Cannes et qui débarque enfin dans les salles de cinéma, ce 3 septembre 2025.

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Des sensations vidéoludiques jamais ressenties au cinéma

Dès l’introduction d’Exit 8, le cinéaste japonais nous montre qu’il a tout compris aux codes du jeu vidéo. Avec cette séquence d’ouverture, très immersive, il parvient même à transformer un banal simulateur de marche en une sorte de FPS haletant, sans armes en jeu, mais qui nous pousse à chercher l’ennemi au moindre coin de couloir.

Grâce à l’utilisation massive du plan-séquence, du champ / contre-champ et de la caméra subjective, Genki Kawamura nous offre ainsi des sensations vidéoludiques que l’on avait rarement ressenties au cinéma, sans aucune manette en main. Un tour de force qui sert une histoire, certes, légèrement plus faible, mais qui permet au film de nous tenir en haleine, sans aucun temps mort, pendant 1 h 30.

Le héros de Exit 8, piégé dans le métro // Source : Film PartnersLe héros d’Exit 8, piégé dans le métro. // Source : Film Partners

En s’appuyant sur les illusions d’optique et les trompe-l’œil qui nous troublent depuis toujours, Exit 8 nous installe ainsi dans un labyrinthe sans fin. Des murs blancs, impersonnels, nous accueillent, seulement troublés par la présence d’un jaune pétant, indiquant le Graal : la sortie 8. Dans ce dédale, qui rappelle forcément les espaces liminaux (des lieux si vides qu’ils deviennent étranges), se trouve notre héros, désigné comme « l’homme perdu » et dont on ne connaîtra jamais la véritable identité.

Nous savons uniquement qu’il est gravement asthmatique et que son ancienne petite amie est désormais enceinte. C’est d’ailleurs précisément pour la rejoindre qu’il doit quitter ces foutus couloirs de métro. Mais pour y parvenir, il ne doit négliger aucune anomalie, comme dans le jeu original. Une simple poignée de porte placée différemment, un bruit anodin ou même une affiche légèrement de travers qu’il n’aurait pas remarquée et c’est le drame : il revient au niveau zéro, condamné à poursuivre son périple souterrain. Comme lui, on se lance alors dans un frénétique jeu des 7 différences, pour repérer immédiatement les bizarreries sur notre chemin.

Exit 8 instaure une pression psychologique, sans être horrifique pour autant

Toute l’intelligence d’Exit 8, malgré son dispositif minimaliste, tient justement dans le fait d’explorer toutes les possibilités de son concept, jusque dans les moindres détails. Cela tient à des détails, comme la boucle entêtante du Boléro de Maurice Ravel, qui gagne en intensité au fil du temps et qui tourne ici en fond, comme pour mieux illustrer l’emprisonnement de ses personnages dans un cycle infini.

Sans jamais tomber dans l’horreur pure pour autant, ce thriller psychologique cherche plutôt à nous effrayer avec des éléments du quotidien. Préparez-vous notamment à voir l’un des visages souriants les plus terrifiants de votre vie. Et si les rats ne sont pas votre tasse de thé, il y a peu de chances que vous puissiez apprécier leur apparition en version mutante, le temps de quelques secondes. Mais en dehors de ces quelques exceptions, Exit 8 peut aisément se regarder sans crainte. Son but premier n’est d’ailleurs pas vraiment de nous offrir des visions cauchemardesques, non.

Oui, ce sourire est terrifiant // Source : Film PartnersOui, ce sourire est terrifiant. // Source : Film Partners

Cette sorte de boucle temporelle, à la limite de la déshumanisation, vise plutôt à nous questionner sur nos propres existences. Et si nous avions appris à ignorer les anomalies autour de nous, particulièrement lorsqu’elles se trouvent dans des métros bondés (exemple totalement fortuit, bien entendu) ? Et si la pression sociale nous poussait à nous enfermer dans des routines bien définies et surtout infinies, et à fermer les yeux, quotidiennement, sur le reste du monde autour de nous ?

Voilà toute la question de ce long-métrage entre rêve et réalité, qui continue à nous hanter après son cliffhanger final. Alors, certes, Exit 8 tombe parfois dans une facilité un brin répétitive, alors que ses personnages prennent des décisions hâtives, à notre grand désarroi. Mais en dehors de ces quelques faux pas, ce film japonais s’impose comme une expérience à part entière, comme une réussite à la fois vidéoludique et cinématographique, voire comme la plus belle des anomalies.

Le verdict

Exit 8 // Source : Film Partners

On a aimé

  • Une excellente adaptation de jeux vidéo
  • Les plans-séquences, sublimes
  • Une belle exploration des espaces liminaux
  • La gestion des mouvements de caméra

On a moins aimé

  • Les personnages, parfois idiots
  • L’histoire du héros, un brin tirée par les cheveux
  • Le léger sentiment de répétition

Sur le papier, Exit 8 aurait pu tomber dans l’oubli, aux côtés de milliers d’adaptations ratées de jeux vidéo. Pourtant, ce film japonais indépendant se place là où on ne l’attendait pas, en devenant l’une des meilleures références du genre. En transformant un simple simulateur de marche en un thriller psychologique extrêmement prenant, le réalisateur Genki Kawamura réalise un tour de force plutôt habile, mélangeant à la fois notre connaissance des trompe-l’œil, notre peur des espaces liminaux et notre expérience vidéoludique. Une vraie réussite.

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Exit 8 // Source : Film Partners


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