Il se raconte à Brunstatt que le chemin de croix de la Croix du Burn a été béni le lundi de Pentecôte 1901 par les curés Stouff et Bacher devant 20 000 pèlerins. La Via Crucis continue d’être célébrée par les fidèles pendant le carême, dans un parc fréquenté toute l’année par les promeneurs en quête de tranquillité et de fraîcheur.

Les inscriptions sont en allemand

Les 14 sculptures surélevées sur leurs gros socles de pierre (aux détails sculptés) ne s’imposent pas au premier regard. Le visiteur est d’abord capté par la magie de la source qui jaillit sous un pont de pierre et par la chapelle. Le chemin de croix est l’œuvre de l’Union internationale artistique de Martin Pierson à Vaucouleurs (Meuse). La manufacture était spécialisée dans les statues religieuses comme celles-ci, en fonte de fer probablement. L’industriel étant décédé en 1900, un an avant l’installation des œuvres à Brunstatt, son fils Charles lui a succédé.

Il y a 124 ans, la commune faisait partie du Reichsland Elsaß-Lothringen. À l’inverse d’autres chemins de croix de plein air, comme celui de la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré au Canada, conçu par les ateliers Pierson avec le recours de la Fonderie de Tusey, les inscriptions sur les plaques sont en allemand.

Des fleurs aux pieds de Jésus

Huguette Bantzhaffen, native de Brunstatt, a toujours connu ce chemin de croix. Depuis huit ans, elle est responsable du groupe des Amis de la Croix du Burn, avec son mari Denis. Au fil du temps, les statues ont été repeintes, sans doute dans leur teinte chocolat d’origine. Et dès les beaux jours, les bénévoles plantent des massifs de bégonias, géraniums et impatiens aux pieds de Jésus, qui chemine entre le lieu de sa condamnation par Ponce Pilate et le lieu de sa crucifixion.

La station la plus importante est la n° 12, qui donne sur le Kaehrlisweg. C’est celle où Jésus meurt sur la croix, après qu’on l’a dépouillé de ses vêtements (sa tunique tirée au sort) et cloué les mains et les pieds avec un marteau. Elle est située au-dessus de la grotte de l’Agonie ou mont des Oliviers, datant de 1948. Autrefois, le prêtre empruntait l’escalier de pierre (condamné) et « montait là-haut pour la messe, parfois devant 2 000 personnes ».

De la droite vers la gauche

Dans l’ordre des dernières heures de Jésus, on commence par longer l’avenue d’Altkirch et on chemine de la droite vers la gauche. Chaque station donne « un court extrait de La Bible, Ancien ou Nouveau Testament ». À la n° 2, Jésus est chargé de la croix : « Je viens faire la volonté du Seigneur ». Deux étapes suivantes et Jésus rencontre sa mère. « Il est dans la souffrance, avec la couronne d’épines, les coups qu’il a déjà pris et la croix à porter », relève Huguette Bantzhaffen.

En arrière-plan des sixième et septième stations ( Véronique essuie le visage de Jésus et Jésus tombe pour la deuxième fois) , on note la présence d’un nouveau venu de grès dans la clairière : l’ancien bassin de la fontaine Saint-Georges, qui a été remplacée par un monument neuf près de la mairie.

Croix du Burn, Kaehrlisweg à Brunstatt, Brunstatt-Didenheim ; facile d’accès depuis l’avenue d’Altkirch et la piste cyclable, le long du canal du Rhône-au-Rhin.