Il y a les chiffres. Dix millions d’exemplaires vendus dans le monde, un record pour un disque francophone. Quarante-quatre semaines à la première place du Top Albums en France. Douze semaines, soit le temps qu’est restée Pour que tu m’aimes encore en tête du Top 50…
Mais ce qui permet vraiment de mesurer le succès, l’impact et la longévité de l’album D’eux de Céline Dion c’est de constater à quel point l’on connaît les chansons qui le composent alors que seulement deux singles ont été extraits du disque. J’irais où tu iras, Destin, Les derniers seront les premiers, Vole, Prière païenne… autant de classiques du répertoire francophone et d’incontournables des karaokés qui figurent sur cet album, écrit et composé par Jean-Jacques Goldman et sorti il y a trente ans.
Les yaourts de Goldman
C’est cette histoire que retrace Céline Dion raconte D’eux diffusé ce mercredi à 21h10 sur M6. Ce documentaire narre ce que les fans savent peut-être déjà mais qui, pour le grand public, se révèle être un récit passionnant, celui de la construction d’un mythe. Comme son titre l’indique, l’artiste est aux premières loges pour témoigner. L’entretien, enregistré en mai à Las Vegas, sert de fil rouge au milieu des nombreuses images d’archives, dont certaines inédites, et interventions d’autres visages de la culture populaire française (Michel Drucker, Nagui, Amel Bent…) et québécoise (Garou, Pierre Lapointe…).
Céline Dion fait du Céline Dion et n’économise ni ses formulations truculentes ni ses anecdotes – voir à quel point elle insiste sur le goût de Jean-Jacques Goldman pour les yaourts en tube. L’émotion affleure régulièrement lorsqu’elle se remémore les différentes étapes de la conception de ce disque qui a changé sa vie.
Car rien n’était gagné d’avance. Au début des années 1990, Céline Dion est loin d’être une star aux yeux du public français. Au Canada, c’est Jean-Jacques Goldman qui est un total inconnu. Mais ce dernier a décelé un potentiel restant à exploiter chez la chanteuse. Si bien qu’il s’est plongé dans toutes les interviews qu’elle a pu donner et qu’il s’est lui-même entretenu avec elle pour la cerner au mieux. Et écrire des chansons lui correspondant tout à fait.
Apprendre à « déchanter »
La magie a opéré. Céline Dion et son manager et mari René Angélil n’ont pu retenir leurs larmes devant tant de pertinence en écoutant les maquettes. Jean-Jacques Goldman est aussi celui qui a fait « déchanter » la diva. Il lui a appris à ne pas en faire trop dans les émotions lorsque le texte s’en charge déjà. Il l’a poussée à arrêter de rouler les « r ». « J’ai déchanté et j’ai enlevé tous les « r ». Et là, c’était extraordinaire », confie la chanteuse.
La suite, on la connaît, et, d’ailleurs, le documentaire nous replonge trente ans en arrière, faisant immanquablement ressurgir nos propres souvenirs de cette époque. On comprend alors mieux pourquoi, en 2025, il n’est pas nécessaire qu’on nous jette de sort pour qu’on aime encore D’eux.