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Par Guillemette Odicino

Publié le 03 septembre 2025 à 07h30

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Dès les premières images, où des représentants du Congrès américain survolent le Berlin en ruine de l’immédiat après-guerre, le style incisif de Billy Wilder est à l’œuvre : « Donner du pain à celui qui a faim, c’est de la démocratie. Mais le faire avec ostentation, c’est de l’impérialisme », lance l’un d’eux à propos de l’aide américaine aux Berlinois. Le personnage de Jean Arthur, missionnée pour vérifier la bonne moralité des troupes d’occupation (elle va tomber de haut !), est un peu une cousine de Ninotchka (dont Wilder coécrivit le scénario pour Lubitsch). La communiste pure et dure découvrait, horrifiée, les plaisirs du capitalisme. La représentante de l’Iowa, elle, ouvre des yeux comme des soucoupes devant les magouilles et la « fraternisation » de l’occupant avec l’occupé ! Et c’est avec un air narquois (le même que celui que Billy Wilder jette sur l’humanité en général) que Marlene Dietrich chante Black Market dans un cabaret rempli de GI…

Grande idée que d’avoir convaincu l’actrice de jouer une ex-nazie reconvertie en chanteuse opportuniste, sans parler de son apparition dans le film : la bouche pleine de dentifrice ! Ses dialogues avec l’officier américain qui la protège (John Lund, un peu fade) sont de véritables feux d’artifice de sous-entendus sexuels. La Scandaleuse de Berlin est aussi un festival de regards en coin. Mais, derrière la comédie très insolente (le gag du gamin qui dessine des croix gammées partout est digne de To Be or Not to Be !), il y a la ville. En ruines. En cendres. Et le naturalisme des plans de Berlin (filmés en 1947, avant le tournage) est, lui, d’une profonde gravité.