Etienne Manteaux, procureur de la République de Grenoble, a pris ses fonctions en mai 2025. Pour cette rentrée, il a détaillé ses priorités, dont la lutte contre le trafic de stupéfiants dans la capitale des Alpes, qu’il veut mener sur tous les fronts.

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Etienne Manteaux a pris la tête du parquet de Grenoble en mai dernier. Ce nouveau procureur de la République a fait sa première rentrée au sein de la capitale des Alpes.

Il va reprendre plusieurs dossiers, notamment criminels avec les disparus de l’Isère, mais l’homme de 55 ans, qui a fait une grande partie de sa carrière en Franche-Comté, entend faire de la lutte contre le trafic de stupéfiants sa priorité. 

Ce mardi 2 septembre, il était l’invité de France 3 Alpes. Il est revenu avec Pauline Alleau, notre journaliste, sur ses priorités pour cette année. 

Vous arrivez dans une ville en proie à une certaine violence liée notamment au trafic de stupéfiants ? En 2024, selon le ministère de l’Intérieur, Grenoble a connu 48 fusillades faisant six morts et de nombreux blessés. Face à ce constat, comment lutter contre le narcotrafic ?

Il n’y a pas de solutions miracle, si on la connaissait, on l’appliquerait depuis longtemps. Ce dont je suis convaincu, c’est que l’on réussira ensemble ou on échouera ensemble, quand je dis « on » c’est la justice, les services d’enquête, mais aussi tous les acteurs, les organismes HLM dont on a besoin de remonter les informations parce que leurs agents constatent énormément de choses sur le terrain.

La municipalité a aussi un rôle à jouer car on a besoin de dispositifs pour filmer dans les zones stratégiques et accumuler des éléments de preuves.

Etienne Manteaux

Procureur de la République de Grenoble

Plus de caméras de vidéosurveillance ?

On appelle ça de la vidéoprotection, car ce sont des images qui sont stockées et ne sont utilisées que sur réquisition. 

Est-ce qu’il en faudrait plus à Grenoble ?

Je suis intimement persuadé qu’il en faudrait plus, vu l’insécurité qui règne. Je suis particulièrement déterminé et convaincu que l’on peut faire bouger les lignes. Je ne vais pas prétendre que l’on peut tout régler, mais faire bouger les lignes par une politique toujours plus forte sur les places de deal pour essayer de perturber les trafiquants et de rendre du mieux-vivre pour les habitants proches de ces places de deal, car c’est insupportable de constater cette appropriation de l’espace public par les narcotrafiquants.

C’est lutter contre le haut du spectre, mais c’est aussi lutter contre l’usage des stupéfiants, car si on n’a pas une approche globale si vous démantelez un réseau et qu’il y a la même demande de produits stupéfiants, vous aurez toujours des candidats à la revente de produits, donc l’approche doit être globale.

Etienne Manteaux

Procureur de la République de Grenoble

On a des acteurs sur la prise en charge des addictions, notamment au CHU de Grenoble, des médecins, des personnels de santé. 

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Interview du procureur de la République de Grenoble

©France Télévisions

Est-ce que vous avez les moyens à Grenoble pour déployer tout ce que vous voulez ? Et notamment plus de policiers ?

On manque de policiers et surtout d’officiers qui ont la qualification d’OPJ, c’est-à-dire d’officiers de police judiciaire. Il ne suffit pas d’être sur le terrain pour interpeller les individus, il faut pouvoir par la suite, suivre le traitement judiciaire de ces individus, mais surtout, il faut être dans la capacité d’être dans l’initiative, il faut pouvoir mener des initiatives pour démanteler le haut du spectre, on ne peut pas se contenter d’interpeller des petites mains qui revendent des produits stupéfiants.

Il faut aussi lutter de façon plus qualitative sur le haut du spectre et je l’ai dit, faire de la prévention et de la prise en charge beaucoup plus qualitative qu’une amende forfaitaire par rapport aux toxicomanes.

Etienne Manteaux

Procureur de la République de Grenoble

À Grenoble, on a une typologie plutôt singulière de toxicomane : des gens globalement plutôt insérés. Et ces personnes, on peut les convoquer devant le tribunal, pas pour les juger, mais pour mettre en place une alternative aux poursuites et les sensibiliser au fait qu’au-delà de l’addiction qui les tire vers le bas, ils financent ce narcotrafic. Il y a plusieurs approches différentes que je souhaite initier ici à Grenoble.