À Nantes, la fin des chantiers navals en 1987 marque un tournant, autour de la préservation de cette mémoire ouvrière. « Quand une activité cesse dans un lieu, il faut une démarche pour valoriser les traces matérielles, rappelle l’historien. Les élus étaient confrontés à une forme de crise d’identité liée à la désindustrialisation et ce patrimoine, loin d’être classique, était vu comme une verrue. »
Constitués en collectif des associations du patrimoine industriel et portuaire, anciens de la navale et militants se mobilisent, manifestent, inventorient. On leur doit la préservation de la grue Titan jaune, des cales de lancement, des nefs ou de la gare de l’État, qui abrite aujourd’hui la Maison des syndicats. Ils participent à changer le regard des citoyens et des élus et faire comprendre l’intérêt architectural et mémoriel de ces sites.
Dans les années 1990, cette approche se confirme quand le maire Jean-Marc Ayrault « affirme la dimension culturelle et touristique du patrimoine comme levier de développement », souligne Olivier Absalon, directeur de la DPARC (direction patrimoine et archéologie de Nantes Métropole). Dans les années 2000, les trois éditions d’Estuaire puis le Voyage à Nantes, lancé en 2012, vont façonner un riche paysage artistique. « Le Voyage à Nantes est né d’un constat : il fallait construire le patrimoine de demain », note sa directrice Sophie Lévy. 84 œuvres sont désormais intégrées au Voyage permanent.