Par
Lou Batteux
Publié le
3 sept. 2025 à 9h48
Collégiens, lycéens ou étudiants à l’université, beaucoup ont dit au revoir, en ce mois de septembre, aux grandes vacances. À Rennes, dans deux établissements publics d’enseignement supérieur, la rentrée est l’occasion pour certains jeunes de profiter d’une particularité intéressante. Pendant leur formation, ces futurs agents de la fonction publique acquièrent le statut « d’étudiant fonctionnaire-stagiaire ». Un statut qui leur confère un net avantage financier. Toutefois, l’accès à ces cursus universitaires ne se fait pas sans conditions.
L’ENS Rennes
L’École normale supérieure de Rennes, établie sur le campus de Ker Lann, à Bruz, fait partie de ces deux grandes écoles. Au sein de cinq de ses six départements (droit – économie – management, informatique, mathématiques, mécatronique et sciences du sport et éducation physique), elle accorde aux étudiants admis sur concours le statut de fonctionnaire-stagiaire.
Les normaliens fonctionnaires-stagiaires sont recrutés par la voie d’un concours, après avoir suivi deux ans de classe préparatoire aux grandes écoles ou deux années de STAPS pour le département Sciences du sport et éducation physique qui ne dispose pas de classe préparatoire.
Cécile Bruneau
Responsable du service Communication de l’ENS Rennes
Si l’ENS propose deux voies d’admission, sur concours et sur dossier, seuls les étudiants ayant été recrutés sur concours peuvent donc bénéficier de ce statut intéressant. L’année dernière, ils étaient 222 étudiants inscrits en tant que fonctionnaires stagiaires sur 620 élèves au total. Pour la rentrée 2025, « les chiffres ne sont pas encore stabilisés », explique Cécile Bruneau.
La condition : un « engagement décennal »
Chaque mois, ils sont rémunérés à hauteur de 1 800 euros bruts. Et cette rémunération évolue de la première à la quatrième année. En effet, l’ENS propose des formations en quatre ans permettant aux étudiants de ressortir avec un Bac + 5.
Toutefois, avant de se lancer, il est important de connaître les conditions inhérentes à ces formations rémunérées. En effet, les normaliens fonctionnaires-stagiaires souscrivent à un « engagement décennal ». C’est-à-dire qu’ils s’engagent à travailler pour les services l’État pendant au moins 10 ans.
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Des futurs cadres de la fonction publique
L’ENS est notamment réputée pour former des hauts cadres scientifiques de la fonction publique. « L’école prépare principalement aux carrières de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Plus de 90 % des élèves sont reçus au concours de l’agrégation et 70 % poursuivent leur cursus par un doctorat », indique Cécile Bruneau.
Les étudiants peuvent aussi devenir maîtres de conférences ou professeur des universités dans l’enseignement supérieur, chargé ou directeur de recherche ou encore professeur agrégé ou personnel de direction dans l’enseignement secondaire.
S’ils ne respectent pas cet engagement, ils doivent rembourser une partie des salaires perçus pendant la scolarité, calculée en fonction du temps de service public restant à accomplir.
Cécile Bruneau
Responsable du service Communication de l’ENS Rennes
Alors si vous êtes décidés à rejoindre l’ENS Rennes à la rentrée prochaine, tournez-vous vers des classes préparatoires mathématiques et physiques, physique et sciences de l’ingénieur, technologie et sciences industrielles, adaptation technicien supérieur ou encore droit-économie.
L’ENSAI Rennes
L’École nationale de la statistique et de l’analyse de l’information, située au 51, rue Blaise Pascal, à Bruz, est une école d’ingénieurs « qui forme des experts en science des données », explique Patrick Gandubert, responsable des relations à l’ENSAI Rennes.
L’école propose deux cursus : un cursus ingénieur et un cursus data scientist public. C’est dans ce dernier que les élèves bénéficient du statut de fonctionnaire. « Les deux cursus se déroulent sur 3 ans et permettent d’obtenir un diplôme de niveau Bac + 5 », explique Patrick Gandubert.
Chaque année, l’ENSAI recrute « environ 60 élèves fonctionnaires ». Sur l’ensemble des 3 années, cela représente à peu près « 180 étudiants sur 500 ». Les autres sont des étudiants ingénieurs ou bien en master.
La particularité de l’EHESP
L’École des hautes études en santé publique, située dans le quartier Villejean – Beauregard, à Rennes, délivre également un statut d’élève fonctionnaire. Ce dernier est dispensé au sein d’une dizaine de formations, dont la moitié préparent à la fonction publique hospitalière et l’autre à la fonction publique d’État.
Toutefois, ces formations ne sont pas accessibles directement après une prépa, mais au minima après un Bac + 3, et la majorité des élèves intègrent l’EHESP après un master. Beaucoup effectuent aussi une formation après avoir déjà accumulé plusieurs années d’expériences professionnelles.
Les formations n’ont par ailleurs pas toutes la même durée, certaines se font en quatre semaines quand d’autres durent deux ans.
Pour accéder aux formations de l’EHESP, il faut passer les concours du CNG, pour les formations de la fonction publique hospitalière, et ceux du ministère de l’État pour les formations de la fonction publique d’État. Il existe un concours spécifique pour chaque formation.
Enfin, la rémunération du statut d’élève fonctionnaire varie selon l’expérience de la personne et la formation en question.
À la rentrée 2025, ils seront entre 400 et 500 à rejoindre l’EHESP en tant qu’élève fonctionnaire.
De l’ENSAI à l’INSEE
Les élèves qui intègrent l’ENSAI en tant que fonctionnaires sont tout simplement les futurs statisticiens de l’Insee.
Patrick Gandubert
Responsable des relations à l’ENSAI Rennes
Les élèves du cursus ingénieur sont également des experts de la data, mais ils sont davantage destinés à travailler dans le secteur privé : bancassurance, santé, marketing, industrie, sport de haut niveau… Ils ne sont pas rémunérés pendant leurs études et payent des frais de scolarité d’un montant de 2 650 euros par an.
Les élèves fonctionnaires sont recrutés sur concours CCINP (concours commun des instituts nationaux polytechniques) après deux ans de classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE). Celles qui permettent un accès à l’ENSAI sont les CPGE Mathématiques et Physique, BL (Lettres et sciences sociales) ou D2 (Sciences Économiques et de Gestion).
1 900 euros par mois
Un étudiant fonctionnaire est payé environ 1 900 euros bruts par mois les deux premières années, puis 3 500 euros bruts par mois la troisième et dernière année, « ce qui correspond au salaire annuel de début de carrière d’un cadre statisticien de l’Insee », d’après Patrick Gandubert.
En contrepartie, ils devront travailler au minimum huit années pour l’État. S’ils évoluent principalement à l’Insee, ces statisticiens peuvent également intégrer les services statistiques des ministères et les grandes institutions comme la Banque de France, la Banque centrale européenne, Eurostat ou encore l’OCDE.
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