C’est un cliché qui a la dent dure : les hommes seraient plus sensibles aux maladies. Si, par malheur, la grippe ou un petit rhume s’invite dans le foyer, les réactions diffèrent. Certaines femmes, lorsqu’elles tombent malades, continueront de travailler ou de s’acquitter des tâches, certains hommes, au contraire, seront cloués au lit, comme complètement terrassés par la maladie.

S’il y a nécessairement une composante culturelle dans cette différence de réaction (normes de genre, expression de la vulnérabilité, attentes sociales, etc.), il y en a une autre, purement biologique. Hommes et femmes ne subissent pas les infections de la même manière parce que leur système immunitaire n’est pas identique. C’est ce que nous apprend cet éditorial de 2019 publié dans Frontiers in Immunology, nous rappelant que « de manière générale, les femmes présentent des réponses immunitaires innées et adaptatives plus fortes que les hommes ».

Pourquoi les hormones donnent l’avantage aux femmes face aux maladies ?

Nous ne partageons pas les mêmes gènes et chromosomes sexuels que les femmes, comme nous ne partageons pas le même fonctionnement hormonal, là réside la principale différence dans cette problématique. Prenons l’œstrogène, par exemple, présent en plus grande quantité dans l’organisme féminin. Malgré tous les désavantages qu’il peut apporter aux femmes (il est impliqué dans certaines maladies auto-immunes comme le lupus), il est un excellent immunostimulant.

En effet, il renforce la capacité des cellules de défense à se multiplier et à communiquer entre elles, ce qui explique en partie pourquoi les femmes éliminent souvent certains virus plus efficacement que les hommes.

À l’inverse, la testostérone, plus abondante chez l’homme, agit plutôt comme un frein sur les défenses immunitaires. Dans certains contextes, c’est une bonne chose : elle limite les réactions inflammatoires trop fortes. Mais face à une infection, ce « frein » peut ralentir la riposte et faire traîner en longueur les infections.

En parallèle, est présente dans le corps féminin une autre hormone : la prolactine. On la connaît pour son rôle dans la lactation, mais elle agit aussi comme un véritable carburant du système immunitaire. Lorsqu’elle est produite en excès, elle protège des cellules qui devraient normalement disparaître, notamment des lymphocytes potentiellement dangereux. Elle peut donc favoriser, voire même déclencher l’apparition de certaines maladies auto-immunes.

Le profil hormonal des individus varie fortement lors de leur vie, à plus forte raison chez les femmes. À la puberté, avec le cycle menstruel, pendant la grossesse ou à la ménopause, les taux d’œstrogènes et de progestérone changent, et ces variations se répercutent directement sur l’immunité. Cela se vérifie, par exemple, lorsqu’une femme est atteinte d’asthme, une maladie chronique dont les symptômes sont plus lourds à supporter à certains moments du cycle de la production d’hormones.

Oui, les femmes ont bien un avantage immunitaire face aux maladies ; une plus forte résistance qui a toutefois un revers : ce système de défense plus vigoureux peut aussi se dérégler. En étant constamment sur le qui-vive, il lui arrive de s’attaquer au corps lui-même.

C’est ce qu’on appelle une maladie auto-immune : au lieu de cibler uniquement les virus ou les bactéries, le système immunitaire prend pour ennemis les propres cellules de l’organisme. C’est la raison pour laquelle des pathologies comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde touchent beaucoup plus souvent les femmes que les hommes.

Alors non, un homme qui geint au fin fond de son lit parce qu’il souffre d’une petite fièvre ne simule pas nécessairement. C’est que, parfois, son système immunitaire fait preuve d’un certain… laxisme. Il n’est pas certain que cela rende la scène plus supportable pour les personnes qui y assistent, mais au moins, elle sera scientifiquement validée.

  • Les défenses immunitaires fonctionnent différemment chez les hommes et les femmes, notamment sous l’effet des hormones.
  • Certaines hormones comme l’œstrogène renforcent la lutte contre les infections, quand d’autres comme la testostérone la ralentissent.
  • Cet avantage féminin face aux virus a un coût : une plus grande prédisposition aux maladies auto-immunes.

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