« Avec le temps, avec le temps va tout s’en va »… Et ce service gratuit, prisé des Français depuis plusieurs décennies, n’y échappe pas.
Un vêtement ne meurt jamais vraiment. De sa naissance jusqu’à sa déchéance, il connaît plusieurs vies. Mais plus pour très longtemps, il faut le croire, avec la disparition de ce service…
Gratuit, on l’utilise pour faire le ménage dans nos armoires. Facile, il ne requiert aucun effort de notre part. Il repose sur des milliers de boîtes réparties un peu partout sur le territoire, que certains voient comme des dépotoirs. En France, il existe depuis 40 ans. Cependant, malgré cette longévité, son avenir est remis en question : son modèle économique n’est plus rentable, car en inadéquation avec les pratiques actuelles de consommation de vêtements. Les spécialistes se demandent même si ce service n’est pas voué à mourir. Vous l’aurez compris, il s’agit du recyclage textile.
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Comme vous le savez, il suffit de déposer les vêtements dont on veut se débarrasser dans les bornes prévues à cet effet. Similaires à des bennes à ordure, elles se situent à proximité de quartiers résidentiels. On en compte 22 000 sur le territoire français – pour celles gérées par l’association Le Relais. En juillet, c’est d’ailleurs elle qui interpelle les autorités sur les difficultés du marché. Dans l’incapacité de couvrir ses charges financières, elle cesse volontairement de vider ses bornes et décide de déverser des tonnes de vêtements devant des magasins Decathlon et Kiabi – une opération destinée à mettre un coup de projecteur sur les obstacles rencontrés. Car en 2025, Le Relais n’arrive plus à être rentable. Comment l’expliquer ?
L’association se finance en fait de plusieurs façons. D’un côté, elle vend à d’autres marchés (Afrique, Europe de l’Est) la partie de vêtements qu’elle n’est pas parvenue à recycler. Le souci, c’est que la concurrence est plus intense et qu’il lui est plus difficile de liquider ses non recyclés.
En cause : la Chine, qui inonde le marché avec de la seconde main moins chère que la nôtre, mais aussi la recrudescence des pièces en circulation et des pièces déposées : nos confrères des Echos parlent d’une augmentation de 50% par rapport à 2020, avec 3,5 milliards de pièces qui circulaient en 2024 ; et de 289 000 tonnes de dépôts en 2024 contre 268 000 l’année précédente. Le Relais est ainsi forcé de vendre à perte en bradant ses balles de vêtements.
De plus, les gens préfèrent vendre eux-mêmes leurs habits dormants sur des plateformes comme Vinted : Le Relais ne récolte donc plus que les miettes – des pièces peu qualitatives dont il est difficile de tirer un bénéfice.
D’un autre côté, Le Relais survit également grâce à des aides de l’Etat, qui lui donne une compensation financière à chaque tonne de vêtement trié. Or, cette aide n’est plus suffisante pour payer ses charges : elle s’élève aujourd’hui à 156 euros ; quand l’association en réclame 304 pour continuer à bien fonctionner…