Le Synchrotron de Grenoble s’apprête à souffler cinq bougies. Voilà en effet cinq ans que sa nouvelle source de rayonnement EBS (Extremely Brilliant Source, ou source extrêmement brillante) a été mise en service. Ce qui a fait de l’équipement scientifique le plus brillant du monde et ouvert la voie à « un véritable changement de paradigme dans la science des rayons X », explique son équipe.
Le Synchrotron revient sur l’aventure de cette “mise à jour”. C’est en décembre 2018 que la mue a débuté, nécessitant trois mois de démontage (avec la déconnexion de 200 km de câbles et le retrait de 1 720 tonnes d’équipement), puis neuf mois pour installer la nouvelle machine, dans un tunnel de 844 m de circonférence. « Le premier faisceau de rayons X a été produit en janvier 2020, et l’ESRF-EBS a été mis en service le 25 août 2020, dans les délais prévus », se félicite encore le Synchrotron.
Parmi ses réalisations depuis cinq ans, l’ESRF-EBS a permis une analyse en profondeur de la structure du violon de Niccolò Paganini, le fameux Il Cannone. © ESRF
Et depuis ? L’EBS a été sollicité pour de nombreux usages. Dans le domaine médical, sa technologie capable de scanner des organes humains entiers en 3D a permis de mieux comprendre l’altération des poumons causée par la Covid-19. Elle « ouvre des perspectives prometteuses dans le diagnostic des cancers et l’étude des maladies infectieuses », souligne le Synchrotron. Une future ligne de nano-imagerie pourrait par ailleurs jouer un rôle important dans la recherche sur les maladies neurodégénératives.
L’ESRF met en outre l’accent sur son rôle dans les géosciences, auprès des acteurs industriels (« pour développer des batteries plus sûres, durables et performantes ») en sciences environnementales, ou encore en paléontologie. Sans oublier la culture, avec une analyse de l’état structurel du bois et des pièces de collage du violon de l’illustre Niccolò Paganini, le fameux Il Cannone (1743), permettant de contribuer à la préservation de l’instrument.
Conclusion ? « L’ESRF-EBS a permis de repousser les frontières de la science […], renforçant ainsi le rôle de l’Europe dans des secteurs stratégiques tels que la santé, l’énergie, l’environnement et le climat », vante le Synchrotron. Qui note la forte demande de la communauté scientifique : 10 000 chercheurs mènent des expériences à l’ESRF chaque année et celui-ci a contribué à 1 407 publications scientifiques en 2024, soit 400 de plus que les années précédentes.