Ce mardi soir, plus de 300 personnes étaient réunies dans le parc Paul Mistral à Grenoble pour la sixième assemblée générale organisée par les sympathisants du mouvement visant à bloquer le pays le 10 septembre prochain. Nous avons recueilli la parole de certains.
Une grande banderole déployée au pied de la tour Perret avec ces mots : « Le 10 septembre, le peuple en colère. » Et une assemblée générale plus fournie que les fois précédentes. « On était 60 à la première, là on est près de 400 », se félicitent les participants. Parmi eux, Gabriel, Marion et Victor qui ont accepté de nous raconter les raisons de leur mobilisation.
« Très énervée par le discours de Bayrou »
Parmi les dizaines de personnes éparpillées sur la pelouse du parc Paul Mistral, on trouve Marion : « Je suis comptable et ça fait déjà à peu près dix ans que je suis dans le mouvement social. J’ai participé à Nuit Debout et aux Gilets jaunes », dit-elle. Le discours du Premier Ministre François Bayrou, qui au début de l’été a suggéré de supprimer deux jours fériés, l’a heurtée : « J’ai été très énervée par le discours de François Bayrou et ses annonces notamment sur la suppression de deux jours fériés. Quand j’ai appris cette date du 10, j’ai été très contente. Je sentais qu’il y avait vraiment un gros potentiel sur cette date parce que je le vois, il y a pas mal de collègues qui m’en parlent, des amis, des gens qui n’ont pas l’habitude de se mobiliser et qui ont décidé de se mobiliser. » Elle-même syndicaliste, elle regrette en revanche le choix de l’intersyndicale d’avoir proposé une autre date de grève, en l’occurrence le 18 septembre : « Je trouve que ça a un petit peu cassé une dynamique. C’est la crainte que j’ai par rapport à ça. Mais en tout cas, moi j’ai pris ma décision : en tant que citoyenne, ce sera le 10. J’espère déjà trois jours de grève très importante. Je pense que ça mettrait un coup d’arrêt aux politiques proposées par Bayrou et Macron. »
« Oui, ça peut prendre »
Gabriel, ingénieur à Grenoble, a assisté à cinq des six assemblées générales grenobloises. Lui aussi sera dans la rue le 10 septembre : « J’ai l’impression qu’on est gouvernés par une classe politique qui fait passer son idéologie, ses solutions, comme étant les seules raisonnables. On a une classe politique qui se pose en autorité et comme ayant la science pour elle alors qu’elle ne l’a pas. C’est probablement ça qui m’énerve le plus et qui me motive le plus. »
À la question de savoir si ce mouvement peut attirer du monde dans la rue et tenir dans la durée, lui y croit : « Ça peut prendre. Après ce genre de choses, ça ne se décrète pas. Ce que je vois c’est qu’au début en AG on était 60, aujourd’hui on était 390 donc bon, il y a clairement une envie, il y a un ras le bol. Ce que j’observe aussi sur ce mouvement, c’est qu’il y a une espèce de combinaison, un peu des mouvements type gilets jaunes, un peu autonomiste et des mouvements un peu plus classiques type syndicats qui nous rejoignent. Donc il y a l’espoir que ça rassemble un peu les deux mouvements, c’est à dire un truc très spontané avec beaucoup d’action, des gilets jaunes, et en même temps un truc très massif. Ce qui marchera sûrement, c’est un savant mélange entre de la visibilité, des revendications un peu claires pour que les gens puissent s’y attacher et des grèves évidemment », raconte ce Lyonnais venu travailler à Grenoble il y a six ans.
Une colère qui couve ?
A côté de Gabriel, Victor. Ce militant insoumis espère lui aussi que la mobilisation sera massive. Il y croit, notamment car selon lui, la colère des Français ne date pas d’hier : « On a eu des 49-3 à la pelle, Macron qui fait une dissolution, qui ne respecte pas le résultat des urnes. On a eu un 49-3 déguisé avec la loi Duplomb récemment. On a dénis de démocratie sur dénis de démocratie. Et on est dans une période où il y a eu plein de révoltes populaires. Les gilets jaunes, Il y a eu aussi les retraites. Il y a eu plein de choses comme ça qui ont été réprimées et cette colère est toujours là. Ce n’est pas quelque chose de nouveau. » Tous espèrent être nombreux dans la rue le 10 septembre prochain. Plusieurs actions devraient avoir lieu dès le matin sur l’agglomération grenobloise et ailleurs dans le département. Une grande manifestation est également prévue à Grenoble à partir de 16 heures.
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