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Maréva Laville

Publié le

3 sept. 2025 à 14h20

Comme un sentiment de déjà-vu ? À Toulouse, la bataille entre pros et anti-LGV Bordeaux-Toulouse resurgit en cette rentrée de septembre 2025. Avec comme armes, chez les écolos et insoumis : un courrier envoyé au Ministère des Transports.

Le modèle économique « déjà fragile » de la LGV épinglé

Dans une publication sur ses réseaux sociaux, la députée écologiste Christine Arrighi (9e circonscription de Haute-Garonne) a publiquement partagé, fin août, sa demande de suspension du chantier de la LGV. « Nous venons d’apprendre que la commission des transports de l’Union européenne n’a pas retenu le projet de la Ligne Nouvelle du Sud-Ouest au titre du mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE) et cela change tout ! », explique l’élue.

Elle détaille : « Alors que 2,8 milliards étaient attendus des fonds européens (20 % du coût total estimé en 2020), plus aucun financement européen de prévu pour ce projet avant 2028. Cela remet en question le modèle économique déjà fragile du projet de LGV Bordeaux-Toulouse-Dax. »

L’engagement financier trouble de l’État

Ces derniers mois, la question du financement de la LGV – infrastructure évaluée à 14,3 milliards d’euros en 2020, NDLR – a effectivement été bien remuée. Durant l’été, la justice administrative a validé le plan de financement de la ligne ferroviaire, suite au recours d’opposants. Mais selon plusieurs médias, le gouvernement pourrait « réexaminer » son soutien au projet qu’il qualifie « des plus fragiles » dans la liste des infrastructures à financer. Sa participation s’élève à 40 %.

Rien n’a été confirmé cependant. Et encore moins pour le financement européen qui a provoqué la levée de boucliers de la part des Insoumis et Ecolos.

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Car selon la Société du Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) qui pilote le projet de la Ligne Nouvelle Sud-Ouest, « il n’y a pas de sujet » concernant le financement européen. Selon elle, la Ligne Nouvelle Sud-Ouest, et donc la LGV Bordeaux-Toulouse, n’était tout simplement pas concernée par l’appel à projets lancé par l’Europe.

« L’appel à projets de 2024, dont les résultats ont été donnés en juillet, concernait le sujet des réseaux centraux des pays de la cohésion (tels que ceux qu’on appelait autrefois pays de l’Est, NDLR). Or ce n’est pas le cas de la France. Nous n’étions donc pas concernés par cet appel à projets », explique la SGPSO, qui rappelle que depuis 2021, l’ensemble des dossiers concernant la Ligne Nouvelle Sud-Ouest ont été retenus par l’Europe, contribuant à un financement total de 80 millions d’euros depuis 2021, et 120 millions depuis 10 ans.

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Le prochain appel à projets auquel la Ligne Nouvelle Sud-Ouest répondra devrait avoir lieu en 2026. « Il y aura peut-être une redistribution de l’argent déjà attribué, mais non consommé. C’est possible. Et nous déposerons évidemment un dossier », affirme la SGPSO.

« 60 % du financement en suspens »

Mais du côté des Ecolos et des Insoumis, les doutes subsistent. Et les calculs vont bon train. Entre le possible retrait de l’État et le doute d’un nouveau financement européen, « ça fait un total de 60 % du financement en suspens », estime le député insoumis François Piquemal (4e circonscription), cosignataire du courrier des députés du Nouveau Front Populaire (NFP).

« Qui va payer le manque à gagner ? On est déjà surendettés avec la troisième ligne de métro », s’exclame le candidat aux élections municipales de Toulouse, auprès d’Actu.fr, en réponse au tweet de Sacha Briand, le directeur de campagne de Jean-Luc Moudenc, l’actuel maire de Toulouse, l’épinglant sur sa position.

Des alternatives réclamées

Pour autant, l’Insoumis vante la constance de son parti politique et son point de vue « toujours pragmatique, privilégiant la rénovation des rails existants ». Une alternative martelée par les écologistes, et soutenue, via le récent courrier adressé au ministre des Transports, par les Insoumis haut-garonnais Christophe Bex (7e circonscription), Hadrien Clouet (1ere circonscription), Anne Stambach-Terrenoir (2e circonscription).

Il existe des alternatives sérieuses fondées sur la modernisation de la ligne existante entre Toulouse et Bordeaux. Elles sont moins coûteuses, plus rapides à mettre en place, moins impactantes pour l’environnement et bénéfiques pour les usagers du train quotidien.

Christine Arrighi
députée écologiste de Haute-Garonne

Les députés signataires ont dès lors réclamé la suspension des travaux des AFNT, préparatoires à l’arrivée de la LGV, ainsi que la coupe d’arbres prévue dans ce cadre.

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