Ayant légèrement amélioré en 2024 son record de fréquentation enregistré en 2023, le réseau de transports en commun de Saint-Etienne Métropole, confié à la société Transdev, a effectué sa traditionnelle présentation de rentrée la semaine passée. La Stas est revenue sur la mise en place de son nouveau système billettique, toujours en cours sinon à venir pour certaines de ses modalités. Elle a aussi présenté des nouveaux bus électriques et biogaz. Etape importante de sa politique de décarbonation – 39 sont livrés cette année – et visant, aussi, à hausser la qualité de son offre sur les lignes M6, M5 et M2 pour faire face à une demande croissante.
Présentation le 28 août à Châteaucreux du « Trollino 18 », électrique, articulé, 18 m de long, 160 places et nouveau venu sur le réseau. ©If Média / Xavier Alix
Ils étaient 39 millions en 2019 : à la veille de la « parenthèse » Covid, le nombre de trajets (c’est-à-dire, chaque voyage, aller comme retour, pris isolément) cumulés sur le réseau Stas avait alors atteint un niveau référence historique. Largement battu depuis le retour « normal » de la demande en 2022 : la même mesure de fréquentation a en effet approché des 43 millions en 2024 (c’était 42,5 en 2023) et 2025 est bien partie pour franchir nettement la barre des 43 millions au regard de ses huit premiers mois écoulés, assurait la Stas à la presse locale il y a une semaine. Même si le rythme de progression s’essouffle – celle-ci tient essentiellement à une forte hausse entre 2022 et 2023 –, il y a toujours et encore progression.
De quoi justifier les choix politiques effectués par Saint-Etienne Métropole à propos de son réseau de transports en commun, n’a – en synthèse – pas manqué de souligner Luc François, vice-président aux mobilités. Choix politiques et d’investissements conséquents sur l’offre (38,4 M€ d’investissements inscrits au budget annexe de SEM en 2025 ; c’est 198,4 M€ pour le principal) retranscrits dans le marché de Délégation de service public (DSP) confié au groupe Transdev depuis 2012, renouvelé le 1er juin 2022 pour 8 ans. Une DSP qui se veut « adaptive », chaque année, en particulier sur la refonte des lignes du réseau en fonction des constats de l’exercice écoulé. Cela avait été notamment le cas l’an passé. Un peu plus marginalement cette année*. La collectivité et son délégataire ont effectué en fin de semaine dernière leur habituelle présentation de rentrée. La première avec ce nouveau système de billettique qui mis en place depuis fin juin, n’a pas fait pas que des heureux selon cet article de nos confrères du Progrès.
La carte Oura bientôt à plein régime
« Le réseau STAS vit une véritable révolution dans ses usages quotidiens avec le déploiement complet de la nouvelle billettique », clame de son côté la communication de Transdev. Ce projet dans lequel 10 M€ ont été investis, amorcé dès 2024 avec le lancement du titre par carte bleu, s’est concrétisé par « une refonte totale du système de validation : nouveaux DAT, nouveaux valideurs, tickets QR Code, et validation », se voulant « simplifiée et universelle » : « Désormais, les voyageurs peuvent valider leur trajet avec une carte bancaire, une carte Oura ou un ticket QR Code, sur un même valideur unique, présent dans tous les bus, tramways et trolleybus. » Afin de garantir une transition en douceur, les anciens titres papier restent validables sur les anciens valideurs dans les tramways jusqu’à la fin de l’année 2025. Ces valideurs, désormais identifiés par un adhésif spécifique, n’acceptent plus que les titres papier. Les cartes Oura, elles, doivent impérativement être validées sur les nouveaux équipements.
« Nous avons enregistré moins de 100 réclamations d’usagers », argue Nicolas Besset directeur de la Stas pour relativiser les retours négatifs constatés depuis cette mise en place. « C’est juste un nouveau geste à prendre. Certains voyageurs posent leur QR code sur le valideur alors qu’il suffit de le tendre sous l’appareil », ajoute Luc François. 76 agents ont été mobilisés et 20 lieux d’accueil différents mis en place pour jouer les pédagogues de l’évolution. Elle en était il y a une semaine à million de validations et plus de 20 000 titres échangés. Les tarifs – présentés comme « les moins chers de France », si on excepte bien sûr par définition les réseaux gratuits – restent inchangés pour la 3e année consécutive malgré des charges qui augmentent. D’ici « début 2026 » enfin, sans que la date exacte ne puisse être précisée, la carte Oura sera intégrée à l’application Moovizy, permettant aux usagers de « gérer leurs titres, abonnements et itinéraires depuis leur smartphone. Cette évolution s’accompagnera d’une refonte de l’interface ».
Un trolley-bus de 18 m : pas vu depuis 2001
Saint-Etienne Métropole assure qu’elle sera la première de France à le proposer. Si une hausse de fréquentation est constatée sur « toutes les lignes », les plus significatives concernent d’abord la 3e ligne de tramway, et nettement derrière mais tout de même très notable la liaison Gier / Saint-Etienne en bus M5 (+ 7 % de fréquentation après + 11 % de 2022 à 2023). Métropole se dit conscient qu’il est encore trop peu confortable, de rejoindre la ville centre depuis le Gier ; idem d’ailleurs côté Ondaine, sinon pour ce qui concerne Saint-Etienne entre le centre-ville et la Métare qui à défaut d’une 4e ligne de tram (pressentie plutôt à l’est de la ville sans que cela ne soit encore réellement un projet), bénéficiera du « + » ajouté à la ligne M6. C’est-à-dire, autrement appelée, la « Chronobus » qui doit à terme se voir réserver la moitié actuelle de la voirie du cours Fauriel pour passer à la vitesse supérieure question cadence et efficacité… Reste que la collectivité souhaite intensifier l’offre de la Stas sur ces trajets dès maintenant.
Nicolas Besset directeur de la Stas et Luc François, vice-président de Sem aux transports. ©If Média / Xavier Alix
Jeudi dernier, sa conférence de rentrée s’est effectuée à bord d’un trolleybus, à propulsion électrique donc, articulé, de pas moins de 18 m de long – d’une valeur d’1 M€ l’exemplaire ! – tel que le réseau n’en a pas connu depuis 2001. Ce grand format peut transporter 160 personnes dont 32 assises (un bus standard de la Stas a une capacité d’une centaine de personnes). Dotés des systèmes d’aide à la conduite, soit une détection numérique d’obstacles, retrovision et détection angles morts en lieu et place des rétroviseurs, appelés à se généraliser, les 8 nouveaux « Trollino 18 », autonomes quand le système à perches n’est plus accessible, devraient être mis en service sur la ligne M6 d’ici 3 à 4 mois sur la Ligne M6. En parallèle, deux lignes M2 et la M5, passeront, elles, aux bus bio-gaz début 2026. Ce sont 12 bus standards pour la M2 et 19 véhicules pour la M5 (dont 8 articulés de 18 m, comme Trollino) qui entreront ainsi en service.
Etape importante de la décarbonation
De quoi avancer significativement sur cheminement vers une décarbonation complète de la flotte Stas : les derniers achats Diesel datent de 2017 et la fin de l’énergie thermique sur le réseau a été, pour rappel, fixée à 2032 et alimentée en grande partie par le parc solaire des toitures de bâtiments Stas ou de méthaniseurs locaux. Cette année, entre électrique et biogaz, c’est un total de 39 véhicules à faible émission remplaçant ou s’ajoutant qui viennent rejoindre la flotte correspondant à 22 M€ d’investissements. Le décalage de temps entre livraisons des véhicules et mise en service s’explique par la nécessité de former le personnel – conduire un 18 m articulé avec un système sans rétroviseur n’a rien d’évident – et d’aménager les infrastructures, les quais, comme dans le Gier où cela est en cours jusqu’à la rue de la Montat à Saint-Etienne.
A noter enfin qu’à « partir d’octobre 2025, la STAS lancera le programme « L’autonomie en commun », en partenariat avec des associations locales. « Ce dispositif vise à accompagner les personnes en situation de handicap vers une plus grande autonomie dans leurs déplacements, à travers des ateliers pratiques, des parcours d’apprentissage et des outils pédagogiques adaptes. Les participants apprendront à lire un plan, utiliser une borne d’information, valider un titre ou demander de l’aide. Ce programme s’appuie sur l’expérience des ateliers d’accessibilité cognitive menés en 2024, et s’inscrit dans une logique de co-conception avec les usagers. »
* Deux extensions : sur la ligne forezienne 39 prolongée jusqu’à Chambœuf et Saint-Galmier depuis ou en direction d’Andrézieux-Bouthéon ; sur la 34, dans l’Ondaine, où un transport à la demande (TAD) sera opérationnel jusqu’à Saint-Paul-en-Cornillon via Unieux.