En quête de la baguette idéale pour remplacer Klaus Mäkelä, la Philharmonie de Paris a annoncé mardi la nomination pour cinq ans du charismatique Finlandais comme chef principal. Il se verra également confier une chaire de création et d’innovation.
Esa-Pekka Salomen a collaboré à plusieurs reprises avec l’Orchestre de Paris depuis 1988. Photo Audoin Desforges
Publié le 03 septembre 2025 à 17h09
Mis à jour le 03 septembre 2025 à 17h20
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Parfois les vœux se réalisent, illuminant la rentrée musicale. Le 15 mars 2024, apprenant sur X que le merveilleux chef finlandais Esa-Pekka Salonen ne renouvellerait pas son mandat à la tête du San Francisco Symphony, on reposta sur-le-champ l’information avec un point d’interrogation débordant d’espoir : « Signe d’un retour imminent d’@esapekkasalonen en Europe, à la tête, par exemple, d’un grand orchestre qui manquerait bientôt d’un directeur musical ? » On pensait bien sûr à l’Orchestre de Paris, galvanisé depuis 2021 par un compatriote de Salonen, le jeune chef Klaus Mäkelä, 29 ans, mais bien obligé d’anticiper son départ pour Amsterdam et Chicago en septembre 2027. Quel meilleur profil, pour le remplacer, que celui de ce chef de 67 ans, mondialement réputé, très aimé du public et des musiciens parisiens ? Il collaborait avec eux depuis 1988, les avait entraînés au Festival d’Aix-en-Provence dans une Elektra d’exception et une stupéfiante symphonie mahlérienne, était revenu régulièrement les diriger, y compris pendant la pandémie de Covid-19. Chacun de ses passages à la Philharmonie représentait une promesse, toujours tenue, de joie, de complicité, de ferveur musicale et de défis brillamment relevés.
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Si les planètes semblaient s’aligner idéalement, l’Orchestre de Paris n’était pas la seule formation mondiale en quête d’un leader charismatique, et l’ancrage familial de Salonen se trouvait en Californie ; on n’osait donc y croire. Et c’est avec la joie de l’enfant déballant ses cadeaux de Noël qu’on a lu les communiqués transatlantiques expédiés mardi 2 septembre en milieu de journée. Côté France, Esa-Pekka Salonen est nommé chef principal de l’Orchestre de Paris à partir de septembre 2027, pour un mandat de cinq ans, et se voit confier comme compositeur une chaire « Création et innovation » flambant neuve, indiquant que son goût immodéré pour la réinvention de l’expérience musicale pourra irriguer, au-delà de l’Orchestre de la maison, tous les départements de la Philharmonie.
Côté États-Unis, il retrouvera comme « creative director », à partir de l’automne 2026, le Los Angeles Philharmonic, qu’il dirigea avec enthousiasme de 1992 à 2009. Notons qu’à Paris comme à Los Angeles, Salonen ne sera pas directeur musical, et ce n’est pas anecdotique ; il a fait clairement savoir, en quittant San Francisco, qu’il ne souhaitait plus assumer cette fonction trop contraignante. Il bénéficiera donc de deux postes taillés sur mesure, amenés à se nourrir l’un l’autre grâce à une active coopération entre le Walt Disney Concert Hall, à L.A., et la Philharmonie parisienne.
À Paris, sa présence auprès de l’Orchestre est garantie huit semaines par an à partir de septembre 2027, sans compter les festivals et les tournées internationales dans lesquelles il entraînera les musiciens. Dès cette saison, Salonen viendra diriger l’Orchestre de Paris dans Prokofiev, Wagner et Scriabine (les 12 et 13 novembre), Ligeti et Bruckner (les 19 et 20 novembre), Debussy, Sibelius et la création française de son propre Concerto pour cor (les 1er et 2 avril 2026), et enfin Richard Strauss, Bartók et Sibelius (les 8 et 9 avril 2026).
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La rentrée de l’orchestre s’annonce ainsi sous les meilleurs auspices ; libérés de leurs craintes concernant leur proche avenir, les musiciens retrouvent Klaus Mäkelä à domicile dès les 10 et 11 septembre, en clôture des Prem’s, le festival symphonique d’ouverture de saison, et dans un ébouriffant programme américain. Autre excellente nouvelle, le poste de premier violon solo, laissé vacant par le départ à la retraite de Roland Daugareil en 2021 et la mort brutale de Philippe Aïche en 2022, est enfin pourvu : formidable musicienne soliste et chambriste, premier violon solo de l’Orchestre national de France depuis 2002, Sarah Nemtanu n’arrive officiellement que le 1ᵉʳ janvier 2026, mais sera déjà présente, aux côtés de l’Orchestre de Paris, le 16 octobre, les 12 et 13 novembre, et les 3 et 4 décembre.