Dans une lettre, les représentants du personnel de l’enseigne de bijoux à petits prix pointent les « flux financiers » entre les nombreuses filiales du groupe, dirigé par deux fonds de pension américains.

Les salariés de la filiale française de Claire’s, placée en redressement judiciaire en juillet, ont signalé mercredi auprès du Parquet national financier des faits qu’ils qualifient « d’irrégularités graves dans la gestion de la société », accusant la maison mère américaine d’avoir « vidé les caisses ». Dans une lettre, les représentants du personnel de l’enseigne de bijoux à petits prix pointent les « flux financiers » entre les nombreuses filiales du groupe.

« Ces transferts de trésorerie auraient été opérés avec une telle rapidité (…) que nous nourrissons de sérieux doutes sur l’existence d’accords écrits entre les filiales » et « sur le respect des obligations d’information à l’égard de l’administration fiscale », ont-ils écrit.

« Ces éléments nous amènent à suspecter non seulement l’existence d’une situation de fraude, mais également craindre une évasion fiscale organisée par le groupe Claire’s, dirigé par deux fonds de pension américains, qui auraient littéralement ‘vidé les caisses’ de la filiale française », avancent les représentants du personnel. La marque, connue pour ses boucles d’oreille, ses piercings et ses accessoires à destination des adolescents, comptait début 2024 environ 250 magasins et 800 employés, selon les derniers comptes publiés.

L’appel d’offre de reprise ouvert jusqu’au 19 septembre

Le tribunal des activités économiques de Paris a ouvert le 24 juillet une procédure de redressement judiciaire. Le groupe cherche un ou plusieurs repreneurs pour l’entièreté ou une partie des actifs de la société, affirmait l’administrateur judiciaire lors d’une réunion avec le CSE en juillet. L’appel d’offre court jusqu’au 19 septembre. La direction justifie le redressement judiciaire par la baisse continue des ventes en magasin depuis plusieurs années, avec une accélération récente qu’elle attribue aux droits de douane américains sur les produits chinois, auxquels Claire’s recourt massivement.

Les derniers comptes publiés par Claire’s France présentaient 1,3 million d’euros de bénéfice net entre fin 2023 et fin 2024, et 0,8 million sur l’exercice précédent. Mais les ventes de Claire’s en France ont chuté de 34% depuis 2022, quand les salaires ont augmenté de 14% et le coût des produits vendus, de 34%, selon les chiffres de la direction.

Celle-ci évoquait également auprès des représentants du personnel en juillet la concurrence grandissante de nouveaux entrants, comme le site asiatique Shein ou l’enseigne Action, qui connaissent « une croissance rapide et remettent en cause la position de Claire’s. » L’entreprise a cessé de payer ses loyers, et la majeure partie des salaires sont pris en charge par le régime de garantie des salaires AGS.