L’avocate nantaise Anne Bouillon, 53 ans, figure du féminisme judiciaire, est au cœur d’une enquête déontologique interne pour « pratiques managériales inappropriées » conduite par le barreau de Nantes depuis un an. Selon une enquête des quotidiens régionaux Presse Océan et Le Courrier de l’Ouest révélée mardi, l’avocate connue pour son féminisme sans faille aurait entretenu un « management toxique » et des conditions de travail « éprouvantes » pendant plusieurs années au sein de son cabinet nantais.
Installée dans la Cité des Ducs depuis plus de vingt ans dans un cabinet exclusivement féminin, la petite-nièce de Joséphine Baker s’est fait connaître du grand public en 2019 lorsqu’elle se hisse à la troisième place du classement des 30 avocats les plus puissants de France dressé par le média GQ. « On ne se dote pas encore des moyens nécessaires pour faire face aux violences sur les femmes. Si on veut faire baisser le nombre de victimes, il faut monter d’un cran », confiait l’avocate au magazine.
Une personnalité « égocentrée » et « autoritaire », selon des collaboratrices
La « plus puissante avocate de France » est alors médiatisée pour son engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes. En 2018, elle avait obtenu « plus de 100.000 euros pour une Nigériane acheminée en Europe à 16 ans, privée de nourriture, séquestrée, frappée et ayant subi plus de cent rapports sexuels contraints avant de dénoncer ses proxénètes », relate le magazine GQ. Mais ce statut aurait accentué une personnalité « égocentrée » et « autoritaire » selon plusieurs collaboratrices qui ont accepté de témoigner auprès de nos confrères.
Des piles de dossiers interminables, un flicage quasi-permanent et des payes « au lance-pierre », ses anciennes collègues, par le biais de Presse Océan et France 3, dénoncent le management « toxique » dont elles auraient été victimes et une ambiance de travail aux antipodes des valeurs relayées par Anne Bouillon. L’une d’elles parle de « masculinisme à l’ancienne » et de « boule au ventre » avant d’arriver au bureau. Une autre remet en cause ses valeurs féministes, défendues au cours de sa carrière : « Qu’elle se dise féministe et ne pas permettre à ses collaboratrices […] de pouvoir bien bosser, c’est hyper détestable. »
« Je me remets en question », assure l’avocate
Dans un entretien accordé à Presse Océan la principale intéressée a répondu à ces accusations : « Je travaille à être une meilleure manager, je me remets en question. Je refuse davantage de dossiers pour éviter une surcharge de travail. […]. Sans doute ai-je eu du mal à comprendre qu’il pouvait en être autrement pour celles qui m’entouraient. ».
En 2024, elle s’était d’autant plus inscrite dans le paysage médiatique en publiant un ouvrage, Affaires de femmes – Une vie à plaider pour elles.