Le temps des merveilles semble déjà envolé pour Fabio Quartararo. Auteur de quatre poles en première partie de saison, le Français s’est illustré au Mans, à Jerez ou encore à Silverstone sur l’exercice du tour rapide, mais il est reparti bredouille à trois reprises. Il n’y a qu’en Andalousie que Quartararo a goûté au podium (2e), car sa Yamaha, brillante en qualifications, accuse un retard trop important sur la concurrence en rythme de course.

Le Niçois n’a pas gagné en 2025, et cela ne semble pas prêt d’arriver : depuis plusieurs semaines, la dynamique amorcée par le constructeur nippon est inquiétante. En Autriche, les quatre YZR-M1 occupaient les quatre dernières places du classement en course et en Hongrie, ce ne fut guère mieux (seul Quartararo, 10e, a terminé dans le top 10).

Une série noire qui a poussé le Français à monter au créneau pour fixer un ultimatum à Yamaha. « Ils ont cette pression-là. Je leur ai donné une dernière chance parce que j’y croyais, mais si le projet ne marche pas l’année prochaine, ce sera le moment de faire un choix. Ce sera un choix délicat », a prévenu le champion du monde 2021, qui attend notamment l’arrivée du moteur V4. Celui-ci sera testé en course à Misano par Augusto Fernandez, le pilote d’essais, et devrait remplacer l’an prochain le 4-cylindres en ligne.

Avant de se projeter sur 2026, il reste une fin de saison à disputer, à commencer par le Grand Prix de Catalogne, sur le tracé de Barcelone. Le circuit de Montmeló n’a pas historiquement réussi à Yamaha, à cause notamment du manque d’adhérence de la piste, qui met en difficulté les montures japonaises. « La Catalogne est un circuit excitant : sur sa longue ligne droite, nos pilotes atteignent certaines des vitesses de pointe les plus élevées du calendrier MotoGP. Malheureusement, l’adhérence y a toujours été faible », analyse Massimo Meregalli, directeur de l’équipe d’usine Yamaha. « Ces dernières années, nous avons connu des résultats mitigés : généralement bons le matin, mais plus compliqués l’après-midi avec la chaleur. Nous faisons tout pour préparer ce week-end au mieux. Même si ce n’est pas l’un de nos circuits les plus forts, nous aborderons ce GP avec beaucoup d’efforts, sans rien laisser au hasard, afin d’optimiser nos performances. »

L’Italien tente de faire preuve de positivité, mais son discours tranche avec celui de ses pilotes, conscients de la spirale négative dans laquelle est enfoncée Yamaha ces dernières semaines. « C’est l’un de mes circuits préférés. Mais nous n’arrivons pas ici avec la dynamique que nous espérions », regrette Fabio Quartararo. « Je suis curieux de voir si notre adhérence sera meilleure ce week-end. Quoi qu’il en soit, comme toujours, nous allons viser un top 10 dès vendredi, puis avancer à partir de là. »

« Nous devons travailler pour trouver une solution aux problèmes que nous rencontrons », ajoute Álex Rins. « Nous avons beaucoup de temps de piste au cours des deux prochaines semaines, donc nous pourrons recueillir de nombreuses données, à commencer par Barcelone, qui est ma course à domicile. J’ai vraiment hâte de rouler à Montmeló. C’est un beau circuit, et l’ambiance y est toujours incroyable grâce aux fans. »

Pramac, la belle surprise ?

Chez Yamaha, la lumière pourrait venir de l’équipe satellite, Pramac, dont les deux pilotes ont déjà performé à Barcelone. Miguel Oliveira y a remporté une de ses cinq victoires en MotoGP lors de l’édition 2021, devant Johann Zarco et… Jack Miller, son actuel équipier. L’Australien a déjà terminé trois fois dans le top 5 en Catalogne.

« En juin dernier, nous avons effectué un test privé à Montmeló qui s’est plutôt bien passé, donc nous arrivons ici avec un état d’esprit positif. C’est un circuit qui convient mieux à la Yamaha et à nos pilotes que ceux rencontrés récemment », assure Gino Borsoi, le directeur de Pramac, contredisant les doutes émis par son homologue Massimo Meregalli, de l’équipe officielle. « Je suis convaincu que ce week-end peut être plus compétitif pour l’ensemble du camp Yamaha. De plus, Jack et Miguel ont tous deux un bel historique ici, ce qui peut leur donner un supplément de motivation mentale pour obtenir de bons résultats. »

« Je sais que la moto a encore ses limites, donc je m’attends à un week-end difficile, mais nous avons testé ici il y a deux mois, ce qui nous donne plus de confiance avant d’aborder ce GP », nuance Miguel Oliveira, qui avait manqué son week-end en Catalogne l’an passé, alors que son coéquipier chez Trackhouse, Raul Fernandez, s’était qualifié en première ligne et qu’Aleix Espargaró, lui aussi sur une Aprilia, avait signé la pole et remporté le Sprint.

« Montmeló est un circuit que j’aime vraiment. J’y ai déjà eu de belles bagarres et de bons résultats aussi », partage Jack Miller, le coéquipier de Miguel Oliveira. « La Hongrie a été difficile à digérer, donc je suis remonté à bloc pour rebondir ce week-end. Nous savons que la Yamaha est encore en développement, mais le test effectué ici en juin nous a fourni des données solides. »

Les performances de Yamaha seront en tout cas particulièrement scrutées dès la séance d’essais, prévue vendredi à 15 h, heure française.