Par
Emma Derome
Publié le
3 sept. 2025 à 18h11
« Je ne suis pas juste la petite blanche étrangère qui vient montrer comment il faut faire […], c’est un véritable échange. » À 28 ans, Morgann’ Cordier a la tête sur les épaules. Cette ingénieure agronome, née en Polynésie française, mais passée par Nantes pour sa formation, a eu l’opportunité de partir pour un volontariat au cœur de la forêt d’Afrique centrale, au Congo. Elle revient pour actu Nantes sur son engagement.
Aider concrètement à lutter contre la déforestation
Le volontariat, en France ou à l’international, séduit de plus en plus les jeunes, en quête d’aventure, de sens et d’une expérience intéressante à mettre en valeur sur le CV. Chez Morgann’, c’est aussi sa passion pour la forêt et l’envie de s’engager qui l’ont poussée à se porter volontaire.
Je voulais partir voyager, aller ailleurs. (…) Mais j’avais aussi cette envie d’aider, avec mes compétences. La forêt, si hostile mais si accueillante à la fois, nous permet de respirer, en séquestrant du CO2 et en produisant de l’oxygène, nous apporte de l’ombrage, accueille toute une biodiversité… Cet engagement écologique, je l’ai par ma génération aussi.
Morgann’ Cordier
Sa mission sera d’étudier l’exploitation forestière d’une partie délimitée de la forêt du bassin du Congo. Ce massif forestier de plus de 240 millions d’hectares est la deuxième plus grande forêt tropicale humide au monde, juste après l’Amazonie. Un véritable poumon vert beaucoup moins connu du grand public que cette dernière.
Morgann’ sera basée à Ouésso, au nord du Congo, à la frontière avec le Cameroun. Là-bas, la jeune femme va effectuer des mesures scientifiques sur des parcelles exploitées pour leur bois, pour comprendre leur impact sur la forêt, dans l’optique qu’elles soient exploitées le plus raisonnablement possible.
Morgann’ Cordier va effectuer des mesures scientifiques dans le cadre de son volontariat. (©Morgann’ Cordier / photo transmise à actu Nantes)
Sa mission lui a été confiée par le Cirad, le centre de coopération internationale de la recherche agronomique pour le développement, mais correspond à un programme de volontariat global, V-Forêt, co-construit avec les pays africains pour la préservation des écosystèmes.
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Le but est de vérifier que les recommandations scientifiques en matière de durabilité sont bien suivies. Par exemple, il est conseillé de laisser une parcelle se reposer pendant 30 ans avant de l’exploiter à nouveau ; de préserver la faune, car c’est grâce à elle que les graines sont dispersées et qu’il y a un brassage des espèces d’arbre ; de laisser ce que l’on appelle des trouées pour permettre aux rayons du soleil de toucher le sol, afin que ces graines puissent pousser et permettre à la forêt de se régénérer naturellement, etc.
Morgann’ Cordier
La volontaire, arrivée il y a peu dans le pays, exulte déjà : « c’est une expérience incroyable », nous raconte-t-elle, alors qu’elle s’apprête à réaliser un voyage de deux jours complets, des nuits en cabanes ou en bivouac au milieu de la forêt.
Elle assure qu’il n’y a pas de dimension néocolonialiste dans cette démarche. « Je vais me mettre à disposition de la mission, mais aussi monter en compétences. Je ne suis pas juste une petite blanche étrangère qui vient montrer comment il faudrait faire. Non, je viens aider mais aussi apprendre, c’est un échange. Il n’y a aucune position de supériorité, je ne suis pas indispensable. »
Partir en volontariat, ça veut dire quoi ?
Diplômée en agro-développement international, Morgann’ a été envoyée à l’étranger par la DCC (délégation catholique pour la coopération), l’organisme qui lui permet de réaliser son VSI (volontariat de solidarité international). Elle s’est engagée pour un an, mais certains volontaires ne partent que six mois, d’autres restent trois ans.
Le prérequis est d’avoir un diplôme ou une certification dans son domaine de prédilection. « Il y a des médecins, des managers, des chargés de communication ou des psychologues, qu’ils soient des retraités, des jeunes majeurs et même des familles, de toutes religions et même sans religion », raconte Morgann’.
C’est très sécurisant, s’il y a un problème sanitaire ou de l’instabilité politique, on peut être rapatrié.
Morgann’ Cordier
L’ingénieure, qui a été formée par la DCC à Nantes pendant dix jours, estime avoir été « très bien préparée » à son départ, avec des cours sur le pays, sur sa politique et son contexte socio-culturel. Par la suite, tout est pris en charge : le transport, l’hébergement, les frais comme le forfait téléphonique ou l’assurance rapatriement.
Le ou la volontaire reçoit une indemnité qui correspond au niveau de vie dans le pays, qui lui permet de couvrir ses frais alimentaires et ses activités personnelles, qui s’échelonne en centaines d’euros selon la destination.
Ici la question de l’eau est centrale, il y a une véritable inégalité de distribution. Ça nous renvoie à notre consommation d’eau, mais aussi de nourriture. On est moins dans l’individualisme.
Morgann’ Cordier
Morgann’ incite ceux qui ont envie de se lancer dans l’aventure à le faire pour se rendre compte de leur position privilégiée. Mais attention aux organismes non reconnus d’utilité publique, les arnaques existent.
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