La schizophrénie est une pathologie complexe qui souffre de clichés véhiculés notamment par le cinéma. Il n’y a pas de dédoublement de la personnalité, mais  trois grands types de symptômes : les hallucinations et délires dits « positifs », le retrait social ou émotionnel appelé symptômes négatifs, et les troubles cognitifs, souvent négligés, mais très handicapants. Les antipsychotiques de deuxième génération, traitements de référence, agissent sur les deux premiers, mais pas sur la cognition. Ils provoquent aussi des effets secondaires et certains patients y sont résistants. L’immunothérapie, en plein essor ailleurs en médecine, est prometteuse, car très ciblée, seulement, elle se heurte à des remparts naturels qui protègent le cerveau.

Un cerveau sous haute protection

Pour passer ces barrières, des scientifiques montpelliérains ont utilisé des anticorps de lama, bien plus petits que les anticorps humains. Injectés chez des souris modèles de schizophrénie, ces nanocorps pénètrent dans le cerveau et corrigent les symptômes, y compris cognitifs. Une seule injection suffit pour obtenir un effet durable, qui se maintient pendant au moins une semaine. C’est la première preuve que ces anticorps atteignent et agissent dans le cerveau. Cette étude parue dans Nature ouvre une nouvelle piste pour les maladies psychiatriques, mais aussi pour les pathologies neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson, même si les essais cliniques restent encore lointains. Explications avec Julie Kniazeff, chargée de recherche CNRS à l’Institut des Biomolécules Max Mousseron. Elle est co-autrice de ces travaux, réalisés à l’Institut de Génomique Fonctionnelle de Montpellier.