Par

Jean-Marc Aubert

Publié le

3 sept. 2025 à 18h33

« Mais d’où ils sortent ces chiffres ? Ils sont faux ! ». Ce mercredi 3 septembre 2025, Bruno Bartoccetti, le délégué zonal sud du syndicat de police Un1té tombe des nues en découvrant l’arrivée ce lundi 1er septembre de 60 policiers nationaux à la direction interdépartementale de la police nationale -DIPN 34- de l’Hérault. Cette information a été diffusée mardi soir par Métropolitain dans l’article sur le lancement d’une vaste opération de police contre le narcotrafic qui gangrène le quartier de la Mosson, à Montpellier, sur la foi des données officielles des autorités.

Si l’arrivée de 60 nouveaux policiers dans l’Hérault est confirmée par la préfecture et par le DIPN, Benoît Desmartin, le responsable régional d’Un1té l’assure : « le compte n’y est pas, ils ne seront jamais 60 à être opérationnels, car, départs à la retraite et mutations obligent, il ne reste plus en réalité que 35 fonctionnaires pour le département. Voilà le chiffre exact qui déshonore une nouvelle fois le ministre de l’Intérieur pour cette dotation minable pour la 7ème ville de France et pour les circonscriptions de Montpellier, Sète, Béziers et Agde, où les violences liées au narcotrafic ne cessent d’augmenter, comme on l’a vu à la cité de la Devèze, à Béziers, dans l’été ».

Où sont dispatchés ces nouveaux officiers, gardiens de la paix, brigadiers, majors et policiers adjoints ? Principalement dans des unités en souffrance, comme les services d’investigation où les enquêteurs du Service local de police judiciaire -Slpj- de Montpellier -qui couvrent également Lattes et Pérols- doivent gérer chacun 300 dossiers et qui enregistre un taux d’absentéisme et ce pour cause d’arrêts maladies élevés. La Police aux frontières à Sète et le Service interdépartemental de police judiciaire, le Sipj, anciennement Direction territoriale de police judiciaire et Srpj, désormais sous la coupe du contrôleur général Benoît Desmartin, patron de la DIPN 34 profitent également de ces moyens supplémentaires.

Pour l’Héraultais David Augé, délégué du syndicat Alliance Police Nationale Hérault-Gard, la conclusion va dans le même sens que le constat de Bruno Bartoccetti, « ces renforts affectés au Sipj ne couvrent même pas les nombreux départs enregistrés ces derniers mois ».

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Un constat s’impose sur fond de polémique : c’est une police nationale sinistrée que celle de la DIPN 34. « Prenons l’exemple des policiers adjoints, ils ne sont que 12 au total, mais il faut savoir qu’en 2026, au moins une vingtaine déjà en poste vont partir. Autres exemples, 42 majors, brigadiers et gardiens de la paix sont partis à la retraite cette année, sans compter que parmi les 40 qui vont partir en 2026, déjà une dizaine sont en récupération de leurs heures supplémentaires et ne sont plus disponibles. Et une quinzaine ont quitté les commissariats pour mutation. Le commissariat d’Agde n’a eu en renfort fort qu’un officier et deux autres départs pour des mutations sont prévus », analyse David Augé. Pour lui, « les effectifs actuels représentent le même volume que l’année 2022 ! ».

« 43 arrivées sèches, 47 départs »

Bruno Bartoccetti acquiesce : « Entre les mutations, les mouvements internes, les réintégrations, les retours de disponibilité, des officiers, des administratifs et du service de la police technique et scientifique, il n’y a que 43 arrivées sèches, contre 47 départs à la retraite. Faites le calcul avec le chiffre des 60 arrivées, un nombre de postes bien réels depuis lundi, mais ridicule ».

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Le délégué zonal d’Un1té ne cache pas sa colère : « Je suis très loin d’être satisfait de cette manne accordée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, l’Hérault fait une nouvelle fois partie des départements oubliés, pauvres en effectifs, alors que nos policiers sont de plus en plus être engagés dans des opérations longues, comme celle qui dure encore neuf jours à la cité de la Mosson dans la traque aux narcotrafiquants, sans parler de la gestion des procédures quotidiennes qui s’accumulent, certains sont au bout du rouleau, notamment au Sipj. Cela devient grave et inadapté au discours du Premier ministre et du ministre de l’Intérieur, assurant tout mettre en oeuvre pour faire reculer l’insécurité ». 

Et Bruno Bartoccetti d’enfoncer le clou : « Au lieu de nous faire une vitrine de commissariat mixte à la Mosson, à Montpellier, ou plutôt pas du tout mixte, puisque les locaux abritent le bureau de la police nationale de la division nord et ceux de la police municipale, que l’on nous donne le nombre exact de policiers nationaux qui peuvent être disponibles sur la voie publique et dans les services d’enquête et d’investigation ».

Manifestation le 10 septembre

Reste deux points positifs : la présence permanente à l’année d’une compagnie de CRS dans l’Hérault et l’envoi de renforts ponctuels par le DIPN 34 depuis le commissariat de Montpellier dans les commissariats de Béziers, Sète et Agde en cas de coup dur, comme lors de la récente affaire du forcené retranché sur l’Île de Thau, à Sète, après avoir tiré sur des policiers de la brigade anticricrinalité. Délogé par le Raid, il a été interné à la Colombière.

La grogne s’est installée pour cette rentrée dans les rangs de la police nationale, à l’instar des syndicats des autres branches qui préparent une action d’envergure, mercredi 10 septembre partout en France, comme à Montpellier où s’activent des citoyens, dont des anciens Gilets jaunes… Des policiers syndiqués seront-ils présents dans les cortèges face aux CRS ?

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