Premier mouvement dans le paysage encombré du centre droit bordelais. « Lucide » et « pragmatique », dit-elle, après plusieurs mois de campagne chacun de leur côté, Alexandra Siarri, ancienne adjointe d’Alain Juppé en charge du social (2008-2020), se rallie à Thomas Cazenave, député Renaissance de Bordeaux Nord. Un ticket qui entend déloger le maire écologiste, Pierre Hurmic, et ne désespère pas d’entraîner Nathalie Delattre, ministre du Tourisme en sursis, avec eux.
Cela fait des mois que vous menez campagne chacun de votre côté… Pourquoi cette union, pourquoi maintenant ?
Alexandra Siarri. En six mois de campagne, nous avons les mêmes retours de terrain, le même diagnostic. Et la même certitude : les choses doivent changer à Bordeaux. Nous avons des convergences de vision, ce goût de l’autre, de la proximité. Je n’ai pas besoin d’un sondage pour prendre ma décision. Grâce à nos discussions et nos échanges, je pense que Thomas est celui qui, en conduisant une large union, peut nous permettre de gagner.
Thomas Cazenave. Nous partageons le même diagnostic, la nécessité d’une réponse franche, massive, sur la sécurité, la propreté, et le besoin absolu de remettre Bordeaux en mouvement, de renouer avec une fierté bordelaise. Ce n’est pas un accord d’appareil, cette union est née d’un travail de terrain, de réflexion. Les gens qui souhaitent une alternative à Pierre Hurmic veulent le rassemblement. Nous passons de la parole aux actes.
Alexandra Siarri, vous avez été élue avec Alain Juppé, vous n’avez jamais été macroniste et vous vous ralliez à Thomas Cazenave qui l’est, probablement au pire moment…
A. S. Ça fait dix-sept ans que je suis élue, on ne m’a jamais demandé d’adhérer à un parti politique. Ce qui conditionne mon choix, ce n’est pas une stratégie d’appareil, ni une stratégie de carrière. Je me suis posé la question de savoir quelle était la personne qui était la plus en capacité de nous emmener vers la victoire. À un moment, il y a sa conviction personnelle et puis il y a la réalité : je ne peux pas gagner seule, donc je dois m’allier. Au niveau local, les gens ne veulent pas revivre ce qui se passe au niveau national. Ils attendent que l’on soit capable de dépasser nos différences et de converger vers l’essentiel. Et l’essentiel, c’est une alternance réussie, car ce qui se passe à Bordeaux ne va pas.
Vous parlez de lancer une « dynamique de rassemblement » : vous souhaitez inclure Nathalie Delattre ou le fil est rompu ?
T. C. Depuis le premier jour, je travaille à l’union la plus large possible. C’est ce que nous portions avec Nicolas Florian. Le rassemblement, il ne suffit pas de le dire, il faut le faire. Nous le faisons. Nous continuons à appeler toutes celles et ceux qui veulent s’engager pour réussir cette alternance à nous rejoindre. Et bien sûr, Nathalie Delattre, et les autres candidats qui sont aujourd’hui déclarés. Ainsi que toutes celles et ceux qui sont convaincus de la nécessité de l’alternance.
Vous évoquez une « nécessité d’alternance »…
A. S. Les Bordelaises et les Bordelais attendent des résultats concrets, efficaces, immédiats sur deux champs : celui de la sécurité et celui de la propreté. Ce seront des chantiers immédiats avec des solutions massives.
T. C. On a interrogé 2 000 Bordelaises et Bordelais et c’est frappant, ce sont des éléments qui écrasent tout le reste. Ça ne va plus. La situation se dégrade. Ils attendent autre chose. Il est urgent de donner un nouveau cap à notre ville.
« Le rassemblement, il ne suffit pas de le dire, il faut le faire. Nous le faisons »
Pierre Hurmic a armé la police municipale, la propreté est un vieux serpent de mer, quel est votre « nouveau cap » ?
T. C. On veut doubler la police municipale. Nous ne pouvons pas continuer avec 100 policiers municipaux dans les rues. Il faut les armer, changer leurs conditions de rémunération et régler la question du logement en construisant, par exemple, une caserne municipale. Il faut retrouver de l’attractivité pour recruter. Il est temps de changer d’échelle.
A. S. L’équipe de Pierre Hurmic n’admet pas qu’il y a un problème de sécurité. Pour nous, c’est un point de blocage.
T. C. Sur la propreté, on change la méthode : faisons en sorte que cette compétence revienne à l’échelon municipal et qu’elle soit exercée à la maille des nouveaux quartiers que nous allons redéfinir.
A. S. Ça fait partie du bien-être du quotidien, de l’image qu’on donne à une ville pour les gens qui y habitent et pour les gens qui viennent. On peut le régler. Et ça permettra d’aborder le reste : développer un projet, une vision.
Vous dites vouloir redonner un « élan économique et culturel » à Bordeaux. Comment fait-on, au-delà des incantations ?
T. C. Nous aurons l’occasion de présenter nos priorités. Avoir de l’ambition ne doit pas être un gros mot pour Bordeaux. Nous voulons une ville qui se remet en mouvement avec une vision audacieuse sur la question économique. Pierre Hurmic dessine une ville qui se replie sur elle-même. Son projet est localiste et décroissant. Avec des conséquences bien concrètes, un affaissement de l’activité économique de Bordeaux, un affaissement de la fréquentation des commerces, des rideaux tirés, une ville qui renonce à jouer son rôle dans son département, sa région. Le « vivons bien vivons caché » de Pierre Hurmic est un affaiblissement de notre ville.