Les obsèques de Caroline Grandjean, la directrice et enseignante d’une école du Cantal qui s’est suicidée lundi 1er septembre, se dérouleront jeudi à midi. La cérémonie se tiendra au crématorium de Saint-Cernin, à une quarantaine de kilomètres de Saint-Vincent-de-Salers, où elle vivait en toute discrétion avec sa femme. Victime d’insultes homophobes et de menaces de la part d’un corbeau qui n’a jamais été identifié, la défunte avait renoncé à exercer à la rentrée 2024 et se trouvait depuis en arrêt maladie.
Le groupe Facebook des directeurs et directrices d’écoles, où elle avait l’habitude d’échanger avec ses collègues, appelle à une minute de silence au moment de ses obsèques dans toutes les écoles de France. « À midi, je rendrai les élèves à leurs parents et ensuite j’observerai un moment de recueillement avec ma collègue pour Caroline », raconte une directrice d’une petite école de l’ouest de la France.
« Sa solitude a dû être terrible »
La descente aux enfers de Caroline Grandjean, jusqu’en 2024 à la tête de la classe unique de Moussages, un village isolé de 250 habitants, a ébranlé la profession. « Ça m’a bouleversé, témoigne une directrice d’école parisienne. Sa solitude a dû être terrible. Dans l’arrondissement où je travaille, on a un groupe de parole des directeurs et directrices. On se retrouve, on parle de ce qui nous empêche, certains pleurent parfois… Élisabeth Borne (la ministre de l’Éducation) a axé cette rentrée sous le signe du bien-être des élèves et des enseignants, et on débute l’année avec ce drame, et ce silence de l’institution face à la souffrance de cette collègue. »
« Je suis en colère, enchaîne cette autre directrice d’une école dans le sud de la France. Encore une fois le ministère est en dessous de tout. » Pour tenter de faire la lumière sur ce drame et d’éventuelles responsabilités dans la chaîne hiérarchique, Élisabeth Borne a annoncé mardi soir l’ouverture d’une enquête administrative. Dans le même temps, le groupe des directeurs et directrices d’école a lancé une cagnotte pour la famille de Caroline qui a déjà recueilli plus de 11 000 euros.