Par Le Figaro avec AFP
Le 3 septembre 2025 à 23h23
Ici, une jeune femme est vaccinée contre le coronavirus (COVID-19) lors d’une campagne de vaccination organisée à Miami, le 5 août 2021.
Marco Bello / REUTERS
La Floride a annoncé mercredi vouloir supprimer toutes les obligations vaccinales, y compris pour les écoliers.
Ce sont deux Amérique que tout oppose. La Floride a annoncé mercredi vouloir supprimer toutes les obligations vaccinales, y compris pour les écoliers, au moment où la Californie forme une «alliance sanitaire» contre les politiques antivax, dans un contexte de forte division entre États pro et anti-Trump.
Depuis le retour au pouvoir du président républicain Donald Trump, les États-Unis ont amorcé, sous la houlette du ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr., une profonde refonte de la politique vaccinale, restreignant par exemple l’accès aux vaccins contre le Covid-19 ou coupant des fonds au développement de nouveaux vaccins.
Suivant cette ligne, le plus haut responsable de la santé en Floride s’est engagé mercredi à mettre fin à toutes les obligations vaccinales, y compris celles imposées dans les écoles, comparant cette mesure visant à prévenir les maladies infantiles à de l’«esclavage». «Le ministère de la Santé de Floride, en partenariat avec le gouverneur, va s’efforcer de mettre fin à toutes les obligations vaccinales en Floride, toutes sans exception, jusqu’à la dernière», a déclaré Joseph Ladapo, devant un public enthousiaste à l’école chrétienne Grace Christian School, dans le centre de cet État républicain, où se situe la fameuse résidence Mar-a-Lago du président Trump.
«Votre corps est un don de Dieu»
«Qui suis-je, moi qui me tiens ici devant vous, pour vous dire ce que vous devez mettre dans votre corps? Qui suis-je pour vous dire ce que votre enfant doit mettre dans son corps? Je n’ai pas ce droit. Votre corps est un don de Dieu», a lancé ce médecin connu pour son opposition aux vaccins contre le Covid-19.
Si cette mesure venait à s’appliquer, la Floride deviendrait le premier État américain à abandonner les obligations vaccinales, pourtant considérées comme ayant permis d’éradiquer des maladies comme la rougeole, les oreillons, la rubéole, la polio et l’hépatite B.
Pour Amesh Adalja, expert en maladies infectieuses à l’université Johns Hopkins, l’annonce de la Floride relève d’«une capitulation servile devant le mouvement nihiliste antivaccins». «Les vaccins sont sûrs, efficaces et sauvent des vies», abonde l’épidémiologiste Syra Madad. Selon elle, supprimer la vaccination obligatoire à l’école revient à «mettre en danger les enfants et des millions d’autres personnes».
Les critiques contre les vaccins se sont amplifiées ces dernières années, alimentées par de fausses allégations comme celles les associant à l’autisme. Mais les conservateurs ont toujours été plus enclins à demander des exemptions pour des raisons religieuses. En 2025, les États-Unis ont connu leur pire épidémie de rougeole en plus de trois décennies, avec environ 1400 cas concentrés dans une communauté mennonite ultraconservatrice du Texas.
La riposte de l’Ouest
À l’autre bout du pays, la Californie et deux autres États de l’ouest ont riposté mercredi en annonçant la formation d’une «alliance sanitaire», en «réponse» au limogeage la semaine dernière de Susan Monarez, qui était à la tête des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), la principale agence sanitaire du pays.
Accusant le gouvernement Trump de «politisation de la science», les dirigeants démocrates de la Californie, de l’Oregon et de l’État de Washington ont expliqué dans un communiqué vouloir fournir à leurs résidents des recommandations vaccinales ainsi que des informations sur l’efficacité et la sûreté des vaccins «élaborées par des scientifiques, des médecins et d’autres responsables de santé publique de confiance».
Ce n’est pas la première fois que le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, s’érige contre le gouvernement de Donald Trump, de nombreux observateurs le considérant comme un futur candidat sérieux à la présidentielle. En juin, lors des manifestations anti-Trump de Los Angeles, l’ancien maire de San Francisco s’était opposé au déploiement de l’armée par le président, qui a imposé cette même mesure à d’autres États démocrates. Plus récemment, le dirigeant démocrate est entré dans une bataille des cartes électorales lancée par l’État républicain du Texas, avec pour chacun l’objectif de favoriser son camp respectif.