Donald Trump accuse la célèbre université de servir de vivier à l’idéologie «woke» et lui a retiré en mai dernier un peu plus de 2,6 milliards de dollars en subventions fédérales, y compris dans le domaine de la santé.
C’est un camouflet pour Donald Trump et sa croisade contre les universités d’élite. Mercredi 3 septembre, la juge fédérale Allison Burroughs du tribunal de Boston a déclaré que l’administration Trump avait violé la loi en gelant environ 2,2 milliards de dollars de subventions destinées à la recherche à l’université de Harvard. Cette décision intervient après des mois de bras de fer entre la plus ancienne université américaine et la Maison-Blanche décidée à faire plier les établissements qu’elle accuse d’être gangrenés par l’antisémitisme et les idéologies d’«extrême gauche».
«Le tribunal annule et écarte» les décisions prises en ce sens par l’administration, les estimant constitutifs d’une «violation du premier amendement» de la Constitution, a déclaré la juge fédérale de Boston dans son ordonnance.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Liz Huston, n’a pas tardé à réagir. Présentant Allison Burroughs comme une «juge activiste nommée par Obama», elle soutient que Harvard «n’a pas de droit constitutionnel à l’argent des contribuables et reste inéligible aux subventions à l’avenir».
Trump en guerre contre l’idéologie «woke»
Depuis son retour à Maison-Blanche en janvier dernier, Donald Trump accuse la doyenne des universités américaines de servir de vivier à l’idéologie «woke», un terme souvent détourné par les conservateurs pour qualifier de manière péjorative des idées progressistes. Il l’accuse également de ne pas avoir protégé suffisamment ses étudiants juifs ou israéliens lors de manifestations sur le campus pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
En représailles, son gouvernement a retiré à Harvard un peu plus de 2,6 milliards de dollars en subventions fédérales, y compris dans le domaine de la santé, et a révoqué sa certification SEVIS, principal système par lequel les étudiants étrangers sont autorisés à étudier aux États-Unis.
Saisie d’un recours par l’université, la juge note dans sa décision que «l’antisémitisme, comme d’autres formes de discrimination ou de préjugé, est intolérable. Et il est clair, de l’aveu même de Harvard, que l’université a été en proie à l’antisémitisme ces dernières années et aurait pu (et dû) mieux traiter ce problème». Mais en «réalité, il existe peu de lien entre les domaines de recherches affectés par les gels de subventions et l’antisémitisme», poursuit le texte. Elle accuse l’administration d’avoir «utilisé l’antisémitisme comme écran de fumée pour mener une attaque ciblée et idéologiquement motivée contre les universités les plus prestigieuses du pays».