Par

Xavier Paccagnella

Publié le

3 sept. 2025 à 11h30

Nommée rectrice de la région académique Occitanie, rectrice de l’académie de Montpellier et chancelière des universités par décret présidentiel du 12 mars 2025, Carole Drucker-Godard succède à Sophie Béjean. Enseignant-chercheur de formation, passée par le cabinet ministériel d’Anne Genetet (Éducation nationale) et forte de plusieurs expériences sous couleurs républicaines, elle revient, à l’occasion de ce déjeuner, sur son parcours atypique (ce qu’elle conteste, bien qu’on lui en fasse régulièrement la remarque), dressant également la liste de ses priorités pour notre territoire, qu’elle décrit comme « à fort potentiel » et au caractère « très dynamique » ; évoquant même ses espoirs pour l’avenir. C’est, comme nous allons rapidement nous en apercevoir, une humaniste optimiste qui s’assoit à notre table. Entre passion de l’enseignement et engagement pour la jeunesse, découvrez le portrait d’une rectrice finalement… pas si « académique ».  Sortez vos cahiers, c’est la rentrée !

Interview

Carole Drucker-Godard, vous avez déclaré, lors de votre première rencontre avec la presse locale, être repartie de votre première journée à Montpellier « avec des étoiles dans les yeux ». Qu’est-ce qui vous frappe le plus chez nous ?
Ai-je le droit de répondre « la beauté du rectorat lui-même » ? Sourire. Je suis sensible au patrimoine, à l’histoire, à la beauté des institutions. Alors bon, c’est vrai que quand je suis arrivée pour la toute première fois à Montpellier, que j’ai vu ce soleil, cette lumière, ce cœur de ville historique où se situent les bureaux du Rectorat, ancien Palais universitaire, j’ai eu les yeux émerveillés. Mais l’émerveillement est encore là – et les étoiles aussi – car au-delà de l’aspect architectural, c’est le dynamisme de cette académie qui me frappe. Nous sommes dans un territoire où l’on construit des écoles, des collèges… Ce qui, vous le savez, n’est pas le cas partout. Ailleurs, à vrai dire, plutôt l’inverse… Une chance pour une rectrice ! La démographie de l’académie de Montpellier lui confère une vitalité particulière, engageant pour l’avenir. Même si, effectivement, cela ne fait qu’alourdir le poids des responsabilités qui pèsent sur mes épaules et sur celles des 51 000 agents composant notre administration.

La région académique d’Occitanie, ça représente combien d’élèves et d’étudiants ?
La région académique Occitanie, qui englobe le champ de l’enseignement supérieur sur un total de 13 départements, est riche de 37 établissements d’enseignement supérieur, totalisant pas moins de 275 000 étudiants. Cela représente environ 126 000 agents. Mais si vous parlez élèves plus étudiants, ce sont alors 1 220 000 jeunes !

Et concernant l’académie de Montpellier dont nous dépendons ici ?
Le périmètre de l’académie de Montpellier, qui totalise lui, cinq départements (l’Hérault, le Gard, l’Aude, la Lozère et les Pyrénées-Orientales) comprend le 1er et le 2nd degrés, soit de la maternelle au Baccalauréat. Cela représente 532 000 élèves et environ 51 000 agents, dont 45 000 enseignants.

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« J’ai hâte de poursuivre ma découverte du territoire » ©Mario Sinistaj

Votre première impression de l’Occitanie ?
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, y compris dans vos colonnes, je suis arrivée dans cette académie avec beaucoup d’enthousiasme et de curiosité. C’est une région académique de belle envergure, avec des enjeux considérables et un potentiel énorme. J’ai envie de travailler pour les élèves, dont l’intérêt est au centre de mes préoccupations, mais aussi pour les personnels et les enseignants. J’ai hâte de poursuivre ma découverte du territoire, de sillonner la région Occitanie et d’en rencontrer les personnels, les élus, les collectivités et tous les acteurs de l’éco-système occitan.

Votre nomination, encore récente, s’inscrit dans une « grande valse » de recteurs, opérée au printemps dernier. Votre trajectoire, par ailleurs, est singulière : de l’enseignement supérieur vers le premier et second degré, pour finalement répondre des deux.
Vous n’êtes pas la première personne à m’indiquer que mon parcours est « atypique ». J’ai, personnellement, le sentiment contraire, l’impression d’évoluer dans une forme de continuité. J’étais enseignante-chercheur à Paris-Nanterre, spécialisée d’abord dans le « management stratégique ».

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>>> J’ouvre une parenthèse car cela me passionne vraiment. J’essayais, dans ce cadre ; de définir comment on obtient un résultat collectif excellent à partir des compétences individuelles de chaque membre d’une équipe. Dans ce cadre, j’ai pu observer des brigades dans des restaurants trois étoiles au Guide Michelin. Et comprendre comment, au-delà de la créativité du chef, des compétences précises de chacun dans sa partie, les regards, les gestes, les mots étaient assemblés et décodés pour in fine obtenir une assiette incontestablement excellente. J’ai aussi fait de la recherche en ressources humaines, notamment sur ce qui impacte la motivation, la satisfaction, l’implication au travail…

Plutôt utile pour vos fonctions actuelles !
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Reprenons sur votre parcours atypique.
Pas si atypique, justement. De la recherche/enseignement, je suis devenue rectrice, puis Directrice de cabinet à l’Éducation nationale, puis rectrice de région académique. En quoi est-ce atypique ?

Peut-être dans le côté spontané des choses là où, d’ordinaire, tout semble plus « tracé ».
Elle réfléchit. Dans ce sens-là d’accord. C’est vrai que je n’ai rien planifié et que les choses sont venues à moi de façon « naturelle » dirons-nous, même si je pense que mon travail acharné et ma passion pour l’enseignement n’y sont pas étrangers. Le service public, ça m’a gagnée progressivement, mais férocement. On utilise parfois, de manière très galvaudée, l’expression « chevillé au corps », mais ici me concernant, c’est justifié, car l’enseignement, le plaisir d’apprendre et de transmettre, je le sens physiquement en moi. Servir est quelque chose qui m’habite.

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« Notre action s’inscrit dans cette chose noble qu’on appelle le service public » ©Sinistaj

Vous ne ressentez donc pas cette désillusion que décrivent certains enseignants et professeurs ?
Je peux l’entendre, il FAUT l’entendre. Et il faut apporter des réponses. Je vois aussi et surtout depuis 5 ans des enseignants passionnés. Mais, comme vous m’interrogez à titre personnel, ma réponse est « non ». J’ai été enseignante, un peu plus que chercheur d’ailleurs. J’ai énormément aimé enseigner, c’est ma vocation. J’ai même été à l’origine de la création de plusieurs formations en science de gestion avec l’idée d’offrir un tremplin à des étudiants. Comment pourrais-je me sentir désabusée quand l’objectif est d’offrir un avenir aux jeunes générations ? Notre action s’inscrit dans cette chose noble qu’on appelle le service public. Je vais vous dire une chose.

Oui ?
S’il y a bien une chose que j’ai pu mesurer toutes ces années – et de l’intérieur en plus – c’est que le sens de l’engagement, ça signifie quelque chose pour le corps enseignant. Alors oui, métier d’enseignant est une profession qui peut être difficile. Mais la plupart des enseignants que je rencontre sont des gens qui avancent, qui innovent, qui se battent pour apporter des solutions et qui voient la beauté de ce qu’on fait plutôt que les imperfections…

Qu’est-ce que vous trouvez « beau » dans votre métier ?
Elle réfléchit. Je dirais… Les mains qu’on tend. L’impact qu’on peut avoir sur la vie d’un élève en l’éveillant à quelque chose, en lui donnant confiance en ses capacités, en lui donnant les clés. Le reste, c’est du travail et cela lui appartient de saisir sa chance. Je suis consciente que tout ne se joue pas en salle de classe et que l’environnement extérieur a une forte influence sur la réussite d’un individu. Mais à mon niveau, je fais le maximum. L’école de la République vise l’excellence et la réussite. Tout le monde peut être excellent sur ce qu’il a choisi, et peu importe ce qu’il a choisi si c’est son souhait.

Ha bon ?
Bien entendu. On n’est pas tous bons ou excellents dans les mêmes choses, et découvrir son potentiel n’est d’ailleurs pas offert à tout le monde. La définition de réussite varie, aussi ! Pour certains, c’est par l’atteinte de l’emploi rêvé dès la sortie d’école, pour d’autres, c’est par la poursuite de hautes études… A nouveau, sur ce sujet, la confiance en soi joue un rôle majeur. Ça va au-delà de l’estime de soi ! C’est croire en sa capacité, se dire « Je vais y arriver et je vais mobiliser toute l’énergie qu’il faut pour cela parce que je le veux ».

Les croyances individuelles jouent parfois un travail de sape inconscient.
Belle transition pour mettre en lumière l’engagement de l’académie de Montpellier contre l‘influence des stéréotypes de genre ! Il existe un large panel d’initiatives locales pour répondre aux inégalités de performance et de parcours, notamment en mathématiques.
Car NON, « Ingénieur ce n’est pas que pour les garçons ». Ce n’est qu’un exemple, mais que pensez-vous qu’une jeune fille ou une adolescente douée en mathématiques se dise quand elle découvre que dans certaines filières, il n’y a pas ou très peu de filles ? La plupart choisit alors un autre chemin, par peur de faire exception. La parité dans certaines filières, ça se travaille des années auparavant. Nos décisions ont du poids. C’est d’ailleurs aussi pour cela que nous sensibilisons et que nous formons nos enseignants sur le sujet.

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« Il existe un large panel d’initiatives pour répondre aux inégalités de performance et de parcours »©Sinistaj

C’est très « politique », comme approche.
Ce qui est « politique » aussi, c’est que l’Éducation nationale, et les Académies œuvrent à créer / adapter les formations aux besoin économiques des territoires en lien avec les élus, en particulier la Région. La réflexion va jusqu’aux bassins de vie populationnels. Vous comprenez pourquoi je passe ma vie sur le terrain ? C’est là qu’on observe, qu’on entend, qu’on ressent le besoin.

Vous assumez depuis longtemps déjà des responsabilités politiques.
Pas spécialement politiques mais j’ai notamment, entre 2015 et 2019, été vice-présidente de l’université Paris-Nanterre en charge de la formation initiale et de l’innovation pédagogique, tout en siégeant au Conseil académique de la Communauté d’universités et établissements (ComUE) Université Paris Lumières. Mais plus ou moins sur le même intervalle j’ai été nommée présidente de la Commission d’Évaluation des Formations et Diplômes de Gestion (2017 à 2020) devenant ensuite Conseillère scientifique et pédagogique de la Direction Générale de l’Enseignement Supérieur et de l’Insertion Professionnelle (DGESIP) en 2020. Bref, rendez-vous sur LinkedIn pour mon CV complet car on risque d’ennuyer vos lecteurs avec cet inventaire.

Dans ce parcours « sans faute », une petite ombre au tableau : un échec aux élections présidentielles de votre université. Cet échec a-t-il été déterminant ?
On me disait que ce n’était pas un échec, mais c’en était un. Alors oui, j’ai appris. On apprend souvent de ses échecs. Et la preuve, je me suis relevée. Pour répondre de façon totalement transparente à votre question : je l’ai d’abord bien pris… enfin, je ne l’ai pas mal pris, puis c’est devenu plus compliqué parce que j’étais moins animée. La campagne avait été extraordinaire et intense, avec beaucoup de rencontres, la retombée n’est pas simple.. Mais j’étais finalement heureuse de pouvoir conserver la proximité avec les étudiants, car c’est ce qui me passionne fondamentalement, donc je suis repartie dans les amphis.

C’est là qu’intervient, en plus, l’appel de Jean-Michel Blanquer ?
Exactement ! Un vendredi soir, le cabinet de M. Blanquer, m’appelle pour me demander de me présenter au ministère le lundi suivant. Sur le moment, je n’ai pas compris car je dépendais du ministère de l’Enseignement supérieur. J’étais loin de songer à un poste de rectrice. J’ai donc honoré ce rendez-vous qui n’était rien d’autre, de leur point de vue, qu’un entretien, suivi d’autres entretiens dont celui à Matignon puis à l’Elysée : irréel pour moi. Cinq jours plus tard, je débarquais masquée à Limoges en plein couvre-feu, sans préparation !

Le comble pour une rectrice.
On peut le dire ! Rires.

Vous comprenez mieux ma remarque de tout à l’heure sur le côté atypique de la chose ?
Sourire.

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« On apprend souvent de ses échecs. Et la preuve, je me suis relevée » ©Mario Sinistaj

L’apprentissage du terrain se fera donc en territoire limousin. Comment s’est passée cette immersion dans « le grand bain » ?
Ça a été un peu difficile les premiers jours, mais j’ai rapidement senti que je saurais faire et que j’aimerais même ça. Et mon instinct ne m’a pas trahie : j’ai adoré. J’ai passé là-bas quatre années professionnelles absolument extraordinaires.

Vous ne connaissiez pas le territoire limousin.
J’ai vu cela comme une opportunité. Quittant Paris pour Limoges, je me suis mise à sillonner le Limousin avec ma famille. J’ai essayé de le connaître, de le comprendre, pour vraiment m’y intégrer. Cette académie, présentée comme une « académie de formation où on ne reste pas longtemps », m’a permis de tout apprendre c’est vrai et j’ai eu beaucoup de plaisir à y œuvrer plusieurs années.

Qu’avez-vous appris de plus précieux durant ces quatre années ?
Le contact humain avant tout. J’ai développé un véritable attachement aux personnes : les enseignants, les personnels, les organisations syndicales, les différents acteurs du territoire, qu’ils soient associatifs, culturels ou politiques. Je parle de cette expérience avec beaucoup de passion et d’attachement. Et j’ai d’ailleurs glissé en toute bienveillance à l’oreille de Jean-Michel Blanquer d’ « arrêter de faire bouger les recteurs dans cette académie car cela ne laissait pas le temps de construire durablement ». Rome ne s’est pas bâtie en un jour.

Vous quittez finalement Limoges pour devenir directrice de cabinet d’Anne Genetet. Pourquoi avoir accepté ?
J’ai pris cette proposition comme un challenge, même si quitter Limoges et ma mission de rectrice du jour au lendemain a été un déchirement. L’expérience au ministère n’aura finalement duré que trois mois, suite au remaniement politique de l’époque.

Qu’avez-vous appris de cette expérience si particulière ?
Beaucoup de choses sur le fonctionnement institutionnel, sur la prise de décision au plus haut niveau. Mais surtout, je suis fière d’avoir servi mon pays et j’ai aussi confirmé que ma place était sur le terrain.

« Je découvre la région académique avec confiance, j’apprivoise le périmètre de l’enseignement supérieur sous un autre angle, car même si je viens de l’université, les choses sont un peu différentes quand on occupe mes fonctions »

S’ouvre alors notre chapitre en commun, celui de l’Occitanie et de Montpellier. Vous découvrez, je le rappelle, de nouvelles fonctions avec cette région académique. Est-ce effrayant ? Et en quoi est-ce différent ?
Je ne suis pas du genre à avoir peur. Je découvre la région académique avec confiance, j’apprivoise le périmètre de l’enseignement supérieur sous un autre angle, car même si je viens de l’université, les choses sont un peu différentes quand on occupe mes fonctions.

Comment envisagez-vous la collaboration avec Karim Benmiloud à Toulouse et Véronique Dominguez-Guillaume, à Montpellier ?
Je l’envisage très bien. Je souhaite/nous souhaitons travailler en étroite collaboration. Pour vos lecteurs, je précise que Karim Benmiloud, a récemment été nommé recteur de l’académie de Toulouse, et Véronique Dominguez-Guillaume, rectrice déléguée pour l’Enseignement supérieur, la Recherche et l’Innovation de la région académique Occitanie. Ils interviennent sur l’ensemble des enjeux : enseignement scolaire et supérieur, numérique, orientation, formation professionnelle, recherche et innovation, ouverture internationale…

Quels sont les atouts spécifiques de cette région académique ?
C’est une région académique majeure, avec un dynamisme économique et démographique considérable. L’Occitanie, c’est un territoire en pleine expansion, avec des universités de premier plan, des pôles de recherche d’excellence, une ouverture internationale naturelle. Nous avons tous les atouts pour être exemplaires. Je me sens très chanceuse.

« J’entends renforcer l’engagement de l’académie de Montpellier sur la question de la santé physique et mentale des élèves »

Quels sont vos premiers chantiers prioritaires ?
Affiner mon diagnostic de territoire me semble essentiel ! Je me suis déplacée énormément ces derniers mois pour rencontrer les équipes, les élus, les partenaires. Il faut que j’approfondisse ma compréhension des spécificités locales, des enjeux propres à chaque territoire. C’est seulement après cette phase d’appropriation que je pourrai définir des priorités parfaitement ciblées aux besoins du terrain. Mais sachez qu’un de mes sujets de prédilection est le bien-être des élèves et des personnels, de par ma spécialisation en gestion des ressources humaines. J’entends renforcer l’engagement de l’académie de Montpellier sur la question de la santé physique et mentale des élèves. Il est important d’avoir des enseignants qui se sentent bien, c’est aussi comme ça que les élèves se sentent mieux. Cela passe par l’écoute, par des dispositifs d’accompagnement, par une attention particulière aux conditions de travail. J’imagine qu’il y a des enseignants qui pourraient être dans la retenue du fait de mon statut de rectrice ou qui pourraient douter de mes intentions. Mais à ceux-là, je dis : voyez-moi comme l’enseignante que j’ai été et que je revendique d’être encore.

La sécurité est aussi une priorité.
La sécurité est un enjeu prioritaire, et il faut répondre à l’inquiétude des parents. Nous allons travailler avec la plus grande fermeté et avec une attention toute particulière sur les sources du problème, en lien avec les préfets d’ailleurs. Il ne faut pas laisser passer des choses intenables et inadmissibles, mais je veillerai à ce que l’institution reste dans une posture d’écoute.

Comment abordez-vous la question de l’orientation ?
C’est crucial et c’est un de mes sujets prioritaires. Grâce au plan Avenir lancé en cette rentrée, nous allons disposer de nouveaux outils pour favoriser l’égalité des chances et lutter contre l’autocensure. Nous allons accompagner les élèves dès le collège, avec un programme dédié, des rencontres avec des professionnels et développer leurs compétences à s’orienter… Nous allons aussi mettre en place un accompagnement renforcé pour les bacheliers professionnels.

Votre ligne directrice, c’est…
Ma ligne directrice, que je donne comme un mantra aux enseignants, c’est que la toile de fond pour les élèves, c’est la confiance en soi. Il n’y a rien de pire que de briser la confiance d’un élève. L’école est là pour inclure, par pour exclure.

Comment pensez-vous développer cette confiance ?
En valorisant chaque élève, en reconnaissant ses talents spécifiques, en lui donnant les moyens de réussir selon ses capacités. C’est aussi pourquoi l’école inclusive est si importante pour moi.

Et les poly-exclus ?
Pour eux, on doit redoubler d’efforts et de créativité. Je souhaite d’ailleurs m’emparer de ce sujet pour œuvrer à la recherche de solutions. J’ai déjà vu de belles initiatives ici.

Comment appréhendez-vous cet autre dossier sensible que représente l’intelligence artificielle dans l’éducation ?
Bien. L’IA m’a d’abord fait peur, mais il faut savoir tirer le meilleur parti des évolutions technologiques, elles font déjà partie du quotidien des élèves et des enseignants. Les solutions d’IA dans l’éducation sont déjà une réalité, et elle peut et doit être un atout pour le métier d’enseignant. Le tout est de savoir l’utiliser, avec toute la déontologie nécessaire. Nous allons former à grande échelle les enseignants.

Et la laïcité, on va quand même en parler ?
La formation des enseignants se poursuit depuis cinq ans avec l’objectif des 100% d’enseignants formés aux valeurs de la République et au principe de laïcité en 2026. C’est un sujet sur lequel nous devons avoir une vigilance de tous les instants, avec de la sensibilisation, de la formation, et beaucoup de dialogue. Cela prend du temps et il ne faut rien lâcher. Le mot d’ordre, c’est de ne pas en faire un tabou. Nous avons la chance d’avoir au sein de l’académie des référents en capacité d’accompagner les équipes pédagogiques et les élèves, de les outiller pour faire vivre les valeurs de la République dans le quotidien de la classe, au cœur des enseignements et des actions éducatives.

Quel message adressez-vous aux personnels de l’académie en cette rentrée ?
Que j’avance avec enthousiasme et une vraie volonté de travailler ensemble. Je veux amener un nouveau dynamisme, un regard nouveau. Et je sais que la taille du territoire pourrait nous pousser, spontanément à opposer l’Ouest (Toulouse) et l’Est (Montpellier). Sur ce sujet, j’opterai pour la complémentarité, sans chercher à uniformiser les identités, à faire que l’un ressemble à l’autre. Ce n’est pas mieux ou moins bien que ce qui se faisait avant, c’est différent, et c’est bien que ce soit différent.

Un mot pour conclure ?
Cette région académique a tous les atouts pour rayonner, pour être exemplaire. Nous avons des défis considérables mais aussi des moyens et des talents extraordinaires. L’objectif est clair : maintenir l’Occitanie comme une terre d’excellence, où chaque personnel se sent valorisé et accompagné, où chaque élève peut s’épanouir et réussir.

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