Balaton Park n’était censé être qu’un nouveau terrain de
jeu pour le MotoGP. Mais la violente chute de Pol Espargaró en
qualifications a transformé le week-end hongrois en crash-test
grandeur nature pour le tout nouveau système de contrôle de
stabilité intégré à l’ECU unifié.

Déployée seulement depuis deux Grands Prix, la technologie vise
à éviter les highsides spectaculaires que le contrôle de traction
traditionnel ne parvient pas toujours à prévenir. Un pas en avant
pour la sécurité, censé tirer profit d’un dispositif déjà largement
présent sur les motos de route.

Mais le système a failli dès qu’Espargaró en a
eu besoin. Catapulté au virage 8, il a pu ironiser sur
crash.net
:

« Ouais, c’était énorme ! Je ne m’attendais pas à
ça
… Parce qu’on utilise ce nouveau système qui attrape le
glissement latéral. Mais le MotoGP a mis trop de temps avant de
l’utiliser. Ça ne sert pas à aller plus vite, juste à
éviter ce genre de chutes. Et il ne l’a pas détecté non plus
!
C’était donc un bon test. »

Avec son franc-parler, le remplaçant de
Maverick Viñales
a ajouté : « c’est pour
ça que je suis là, pour tester. Et j’ai aussi testé le côté obscur
de ce contrôle ! Voyons si on peut l’améliorer pour les gars.
»

Pol Espargaró

Un outil encore à
calibrer : « j’ai aussi testé le côté obscur de ce
contrôle » s’amuse Pol Espargaró 

Le dispositif est désormais disponible pour toutes les équipes,
mais son calibrage reste une équation complexe. Certaines écuries
ne l’activent que partiellement, ou uniquement pendant les essais.
La limite actuelle est claire : la fiabilité n’est pas encore
garantie en conditions extrêmes.

Espargaró a malgré tout sauvé son week-end avec
une 10e place en Sprint
et une 8e en GP,
prouvant que la peur ne l’a pas paralysé.

De son côté, Viñales, blessé au
Sachsenring après un highside sous la pluie, n’y
croit pas trop : « je ne pense pas que le contrôle de stabilité
évitera ces types d’accidents, où il n’y a pas
d’électronique impliquée
. »

Pour d’autres, comme Francesco Bagnaia,
l’utilité est évidente : son effrayant vol plané au départ du Grand
Prix de Catalogne 2023 reste dans toutes les mémoires, et un
système mieux paramétré aurait peut-être changé l’histoire.

À la veille du Grand Prix de Catalogne 2025, le
paddock est partagé : avancée majeure pour la sécurité ou gadget
encore trop vert ? L’incident d’Espargaró illustre
que la MotoGP teste en conditions réelles une technologie vitale
mais imparfaite.

Le Catalan, malgré ses douleurs, a résumé la situation avec
humour noir : « c’était un bon test… mais j’espère que
les prochains seront plus utiles pour nous protéger que
pour nous envoyer en orbite
. »

La question reste ouverte : le MotoGP a-t-il lancé ce système
trop tôt, ou fallait-il justement prendre des risques pour
accélérer son développement ?

Pol Espargaró