En avril 2020, soit quelques mois avant la fin de son premier mandat à la Maison Blanche, le président Donald Trump, avait annoncé le lancement d’une vaste opération antidrogue en Amérique du Sud, avec le renforcement de l’US Southern Command du Pentagone.

« Alors que les gouvernements et les nations se concentrent sur le coronavirus, il existe une menace croissante que les cartels, les criminels, les terroristes et d’autres acteurs malveillants tentent d’exploiter la situation pour leur propre profit », avait-il expliqué.

Proche de la Chine, de la Russie et de l’Iran, le Venezuela était surtout dans le collimateur de Washington étant donné que son président, Nicolas Maduro, venait alors d’être inculpé par la justice américaine pour « narcoterrorisme et trafic de cocaïne ». Cette dernière lui reprochait d’avoir « dirigé un violent cartel de la drogue » [le « Cartel de Los Sols », ndlr] alors même qu’il était au pouvoir.

Puis, les choses en restèrent à peu près là… Du moins pour ce qui concerne M. Maduro. Car le trafic des drogues n’a cessé de prendre de l’ampleur, avec des volumes saisis toujours plus importants [la Marine nationale a déjà intercepté 38,5 tonnes depuis le début de cette année, contre 48 tonnes en 2024, ndlr]. En outre, les moyens déployés par les narcotrafiquants se sont perfectionnés : en juillet, la marine colombienne a ainsi arraisonné un drone sous-marin doté d’une antenne Starlink et pouvant transporter 1,5 tonne de cocaïne.

De retour à la Maison Blanche, M. Trump a repris les affaires là où il les avait laissées. En février, son administration a rangé le cartel mexicain de Sinaloa et le gang vénézuélien Tren de Aragua parmi les organisations terroristes. Et, le 7 août, la secrétaire américaine à la Justice, Pamela Bondi, a fait savoir que les États-Unis seraient prêts à débourser 50 millions de dollars pour toute information susceptible de mener à l’arrestation de Nicolas Maduro.

Selon Courrier International, Mme Bondi a justifié cette décision en évoquant la saisie de « 30 tonnes de cocaïne associées à [Nicolas] Maduro et à ses complices ». Cette drogue aurait été « mélangée avec du fentanyl [un opiacé qui fait des ravages aux États-Unis] et « distribuée par des organisations terroristes, dont le gang Tren de Aragua, les cartels mexicains et le Cartel de los Sols ».

Quelques jours après, le Pentagone a annoncé le déploiement de trois navires d’assaut amphibie [les USS Iwo Jima, USS Fort Lauderdale et USS San Antonio] dans les Caraïbes, sous l’autorité de l’US Southern Command. Les destroyers USS Jason Dunham et USS Gravely, ainsi que le croiseur USS Lake Erie, avaient déjà été envoyés dans la zone. A priori, ils devraient être rejoints par le destroyer USS Sampson ainsi que par un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA].

« Le Venezuela est confronté à la plus grande menace que notre continent ait connue au cours des 100 dernières années : huit navires avec 1200 missiles visent le Venezuela. Il s’agit d’une menace injustifiable, immorale et absolument criminelle », a réagi M. Maduro, avant d’accuser Washington de préparer une invasion de son pays en vue de le renverser. Aussi, il a dit avoir activé un « plan spécial », avec la mobilisation de « plus de 4,5 millions de miliciens » et le déploiement de navires et de drones dans les eaux territoriales vénézuéliennes.

« Ils ont voulu avancer vers ce qu’ils appellent la pression maximale, dans ce cas elle est militaire. Et face à la pression militaire maximale, nous avons déclaré la préparation maximale pour défendre le Venezuela » car « le Venezuela ne cédera jamais face à des chantages ni à des menaces de quelque nature que ce soit », a assuré Nicolas Maduro.

De son côté, l’ambassadeur du Venezuela à l’ONU, Samuel Moncada, a dénoncé une « opération de propagande massive visant à justifier ce que les experts appellent une action cinétique, c’est-à-dire une intervention militaire dans un pays qui est souverain et indépendant et qui ne constitue une menace pour personne ».

Le Pentagone s’est jusqu’à présent gardé de préciser la mission des navires déployés dans les Caraïbes… Si ce n’est que l’administration Trump lui a demandé de préparer des « options » pour lutter contre les cartels de la drogue et autres groupes criminels.

C’est donc dans ce contexte que, le 2 septembre, les forces américaines ont visé un « bateau transportant de la drogue » qui venait d’appareiller du Venezuela.

« Sur mon ordre, les forces militaires américaines ont mené une frappe cinétique contre des narcoterroristes clairement identifiés du [gang] Tren de Aragua », a en effet annoncé M. Trump, via le réseau Truth Social.

Cette action a eu lieu « alors que le bateau se trouvait dans les eaux internationales, transportant des produits stupéfiants illégaux, à destination des États-Unis. Elle a tué 11 narcoterroristes », a-t-il expliqué.

Le président américain a illustré son message avec une vidéo déclassifiée. Cette dernière montre effectivement une petite embarcation rapide prendre feu après avoir été frappée, probablement par un missile tiré par un aéronef. Aucun détail sur les circonstances de cette action « cinétique » n’a été donné pour le moment.

Avant de s’envoler pour le Mexique, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a prévenu : le « temps où l’on pouvait agir en toute impunité et se contenter de détruire un appareil ou de saisir un peu de drogue sur un bateau est révolu ».