Il faut se projeter, comme on dit. Car pour l’instant, en bifurquant à l’angle de l’avenue de Besagne et de la rue Laindet-Lalonde, avant de s’engouffrer dans le centre ancien, difficile d’imaginer ce que sera cet îlot Besagne d’ici un an et demi… Onze immeubles, délabrés et vacants depuis plus de quinze ans, s’apprêtent à se refaire une beauté, jusqu’à se transformer, d’ici le premier trimestre 2027, en quarante logements modernes et confortables. « Bien plus qu’un début de chantier, c’est la poursuite de la renaissance du cœur de Toulon, priorité de l’équipe municipale depuis 2001 « , pose la maire Josée Massi, truelle en main, au moment de sceller symboliquement le premier parpaing.
40 logements pour les jeunes
Ces logements seront destinés « à un public jeune, actif, généralement dans le marché du travail, en passe de construire une famille « , dépeint Guillaume Assentio, le président de la Foncière de Provence, en charge de la maîtrise d’ouvrage de ce projet d’envergure. Qui a demandé beaucoup de travail, de réunions avec les différentes institutions concernées, ainsi que les architectes des bâtiments de France, et de compromis en amont, pour coller à l’obligation d’effectuer ce chantier « dans le respect du patrimoine architectural du centre-ville ».
À terme, les onze immeubles qui constituent l’îlot en question seront ainsi réunis en une seule « entité », avec une entrée unique qui se situera à l’arrière, dans la petite rue Félix-Brun, et une cage d’escalier qui desservira les 23 appartements de type 1, les 14 T2 et les deux T3 duplex avec terrasse. Et ce n’est pas une mince affaire… Parmi les contraintes, il faudra par exemple respecter les différentes périodes de construction des immeubles, et conserver leur style propre et leur identité. Uniformité proscrite!
« Pour avoir un ensemble qui se tienne, qui soit cohérent, homogène et réponde aux besoins des utilisateurs, c’est un défi technique, architectural et de mise en œuvre », confirme Guillaume Assentio. « Les bâtiments sont dans des états complètement différents, abonde l’architecte d’Empreinte architecture Jérôme Lecubin. Certains sont presque habitables, d’autres en état de péril… On aura aussi une seule entrée, et à l’intérieur, on doit distribuer des hauteurs d’étage très diverses. » Entre autres difficultés.
Deux commerces au rez-de-chaussée
Sans doute que d’autres problématiques surgiront au fur et à mesure de l’avancement des travaux. Qui vont donc débuter par le désamiantage, puis le curage en début d’année prochaine, avant six à huit mois de gros œuvre, puis huit à dix mois de second œuvre. Alors, les logements seront proposés à la location nue, un dispositif fiscalement avantageux, avec des baux de trois ans renouvelables, pour répondre à la demande de la ville « d’avoir une population occupante qui se pérennise « .
Pour compléter l’ensemble, deux commerces, dont on ne connaît pas encore la destination, seront aménagés au rez-de-chaussée et donneront sur la rue, s’inscrivant ainsi en complémentarité du projet Courdouan, qui vise notamment à restructurer 1.600m2 de surfaces commerciales à partir de 2027. Et marquera la fin de près de trois décennies de requalification de la vieille ville.
Besagne le populaire
Le quartier de Besagne, intégré dans les fortifications de la fin du XVIe siècle de l’ancien bourg Saint-Michel, est apparu au Moyen-Âge. Durement touché par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, le secteur s’est reconstruit… avec plus ou moins de goût et de respect du patrimoine.
Tiré de l’italien bisogno, le nom du quartier fait référence aux Italiens besogneux qui travaillaient sur le port. « Besagne était un quartier populaire, la misère et la castagne y régnaient, a raconté avec verve Josée Massi. C’était l’école de la vie. On y était travailleur, artisan ou ouvrier, souvent bruyant et joyeux. On y avait faim mais on partageait toujours un quignon de pain avec son voisin. «
Et même si, en 1990, la Zac Mayol et son centre commercial se sont incrustés dans le paysage pour des logiques urbanistiques, « Besagne est un quartier si fort en personnalité qu’il n’a pas été englouti et n’a pas perdu son identité. Besagne, c’est toujours le vieux Toulon, le quartier des supporters du RCT. » Avec un caractère gros comme ça.